La rebelle, qui élargit sa famille à toutes les filles démunies de son terroir

Un hommage amplement mérité a été rendu samedi à Oulmès (province de Khémisset), son espace de prédilection où elle est née un jour dans une grande famille (Kheima Kbira, selon Ismail Alaoui), au Dr Hennou El Allali Maamar, une femme hors pair et présidente de l’association « lly , pour son œuvre plurielle dans les domaines médical, social, associatif et politique, lors d’unegrandiose cérémonie, ayant connu la participation de grandes personnalités opérant dans divers domaines (droits de l’homme, société civile, etc….).

  Organisée à l’initiative de l’Association démocratique des élus progressistes (ADEP : PPS) et de l’Association du développement du monde rural (ADMR), à l’occasion de la Journée internationale des femmes, cette manifestation s’est transformée en une grande fête au cours de laquelle de vibrants hommages ont été rendus au Dr Hennou, à la petite fille rebelle contre l’ignorance, à la militante aguerrie dans les rangs de l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) et plus tard au sein de la direction du Parti communiste marocain (PCM) et de son héritier le Parti du progrès et du socialisme (PPS), la seule femme parmi les grands hommes du pays et du parti et aussi au sein du Conseil national des droits de l’homme et de l’Ordre national des médecins du Maroc.

Des hommages émanant de personnalités l’ayant connue à un moment ou un autre mais aussi et surtout par des jeunes filles qu’elle accueille dans le foyer d’Illy, dont les propos sont allés droit au cœur des gens présents dans la grande salle de la Commune d’Oulmès dont nombreux pleuraient de joie et d’émotion.

Ismail Alaoui : La fondatrice d’Illy est revenue combattre sur place l’ignorance et la discrimination contre les femmes

Ouvrant le bal des témoignages, le président d’ADMR et du Conseil de la présidence du PPS dont Hennou El Allali est membre, Ismail Alaoui est revenu sur le parcours exceptionnel du DR Hennou, « la femme attachante que tout le monde aime », soulignant que la journée du 8 mars est célébrée en 2017, alors que plusieurs femmes marocaines, en particulier dans le monde rural, sont encore privées de leurs droits les plus élémentaires en particulier l’éducation.

Selon lui, ce sont surtout les femmes paysannes qui pâtissent le plus de cette situation de discrimination faite aux femmes dans le pays et en particulier dans les zones reculées, à l’image de la région d’Oulmès, où la grande Hennou El Allali d’aujourd’hui avait vu le jour pour la première fois, une région riche par sa nature (forêts, paysages touristiques et population jeune), mais pauvre en moyens et services offerts aux citoyens.

Enfant, elle a failli être privée d’éducation. Son père lui avait tracée «une feuille de route», selon, laquelle elle devait arrêter son parcours après l’apprentissage de certains versets coraniques, contrairement à son frère, qui avait droit de se rendre à l’école à dos de cheval.

Curieuse et rebelle, elle décida un beau jour de suivre son frère pour aller voir qu’est ce qui se passe à l’intérieur de l’école des « NSARA ». Et comme le destin fait quelques fois bien des miracles, elle tomba sur une institutrice qui s’intéressa à elle et à son sort. Portée par son enthousiasme, elle manifesta très vite un grand intérêt pour l’école, qu’elle fréquenta pour terminer avec brio ses études primaires et secondaires et plus tard supérieures de médecine à Montpellier en France (SVP), d’où elle est sortie gynécologue (une première pour le Maroc), relata Moulay Ismail Alaoui, qui rappelle que c’est là qu’il l’avait connue au milieu des années 60, lors des meetings du syndicat des étudiants du Maroc (UNEM) et des réunions du PCM, du PLS et enfin du PPS.

De retour au Maroc, elle fonda avec son mari, feu le chirurgien Maamar, une famille de six enfants, présents au cours de cette cérémonie avec leurs enfants, une famille qu’elle décida d’élargir à toutes les filles issues de familles pauvres dans la région, qu’elle accueille dans le foyer de l’Association  Illy», dont la construction et l’équipement ont été réalisés par des fonds entièrement marocains.

Depuis le lancement de ce projet, Dr Hennou El Allali manifeste tous les jours davantage d’enthousiasme et de détermination, encouragée en cela par la crédibilité de ses idées et les réussites dans leurs études des pensionnaires d’Illy, a ajouté Moulay Ismail, qui n’a pas manqué d’exprimer sa fierté pour le combat de cette femme au parcours inédit en matière de développement humain et social, de défense des droits humains, de médecine, de bénévolat, une femme qui « fait la différence », selon l’expression emprunte à un prix qui lui avait décerné en 2011 par l’organisation américaine IWF.

Sebbar, SG DU CNDH : Dr Hennou, une femme exceptionnelle aux hautes qualités exceptionnelles

Pour sa part, Mohamed Sebbar, secrétaire général du Conseil national des Droits de l’Homme (CNDH), aindiqué que l’hommage rendu aujourd’hui au Dr Hennou El Allali, cette «femme exceptionnelle aux hautes qualités extraordinaires» est «amplement mérité» parce qu’on est en présence de l’une des femmes leaders qui « s’est engagée très tôt dans la politique et l’unique femme qui rivalisait au Comité central du PPS avec les grands hommes de son parti et de son pays : Ali Yata,  Simon Lévy, Aziz Belal, Abdellah Ayachi, Ismail Alaoui et d’autres et ce à un moment où l’action politique était réservée aux hommes à l’exclusion des femmes et où la femme n’avait droit qu’à rester au foyer.

C’est une femme aux grandes qualités humaines dotée d’un haut sens de responsabilité et une grande défenseure des droits de l’homme, dont elle est convaincue jusqu’à la moelle épinière, une femme disciplinée et engagée, qui force l’admiration, une femme, aimée de tous, a encore dit le SG du CNDH.

La militante Sayouri : DR HENNOU, une fierté pour le pays :

De son côté, une autre figure emblématique du CNDH, très active en matière de défense des droits de la femme, la militante Jamila Sayouri a avoué avoir été très « touchée par l’amour contagieux » de Hennou El Allali, mais également par son œuvre grandiose en matière de défense des droits de l’homme, de promotion des droits de la femme et surtout de scolarisation de la jeune fille en milieu rural, cette femme qui travaille loin des projecteurs, une mère exemplaire, dont la famille compte désormais outre ses enfants issus de son mariage avec son époux, toutes les petites filles ramenées de loin pour vivre et faire des études dans le foyer de l’association Illydont elle est la fondatrice.

Dr Hennou El Allali est «une fierté pour le pays», a-t-elle martelé.

Le cri de joie des filles du foyer

Par la suite, deux petites filles de l’école d’Illy se sont relayées pour raconter leur histoire et leur vie dans le foyer d’ILLY, exprimer leurs sentiments d’amour et de reconnaissance à leur marraine Hennou et leur rêve de devenir un jour médecin, architecte, ingénieur, professeur ou autre.

Avec leur innocence et éloquence, les deux jeunes filles n’ont laissé personneindifférent, leurs paroles sont allées droit dans les cœurs des gens.

Moulay Tahar Alaoui : Dr Hennou, une militante très influente et convaincante

Pour sa part, l’ancien président de l’Ordre national des médecins du Maroc (ONMM), Moulay Tahar Alaoui a rappelé avoir connu pour la première Dr Hennou, alors étudiants et membres de l’UNEM, ajoutant avoir été impressionné plus tard par son activisme au sein de l’ONMM, ses convictions et ses prises de position pour défendre la profession et les causes de la femme marocaine.

D’autres témoignages :

Une série d’autres témoignages ont été présentés dont celui de Nouzha Sqalli, dont le département ministériel qu’elle gérait avait contribué à l’ameublement du foyer d’Illy, de la conseillère communale Najat Akzouz (Conseil communal d’Oulmès) et de Allabou Jamal, conseiller communal et membre de la section d’Oulmès du PPS, qui a mis en exergue les qualités humaines et politiques du Dr Hennou, à qui il a rendu un vibrant hommage pour ses services au profit de la communauté et du parti.

Dr Hennou: Je suis une miraculéeet une rebelle contre l’ignorance

«J’appelle à la généralisation de l’expérience d’Illy pour l’éducation des jeunes filles du monde rural»

Très émue, DR Hennou El Allali a remercié tout le monde tout en faisant savoir qu’elle est «une miraculée qui a échappé de justesse à l’ignorance» «car je devais selon le plan de mon père faire l’école coranique et être mariée à un Fqihqui s’occupera des affaires des vivants et des morts de la tribu ». Mais c’était sans compter avec la rébellion de la jeune fille berbère contre la discrimination dont elle est victime en constatant que son frère fréquentait une école qui lui était interdite, rappela Dr Hennou, selon laquelle toutes ses réussites à Montpellier et ailleurs en famille et en politique ne lui suffisent pas. Petite fille elle se rebelle contre l’ignorance, retraitée qu’elle l’est aujourd’hui, elle reprend ses armes contre l’analphabétisme des jeunes filles rurales, issues de familles pauvres, qu’elle accueille dans le foyer dont elle est fondatrice «Illy».

«Si j’ai un message à livrer aujourd’hui en parlant de mon expérience, c’est d’appeler tous ceux qui ont les moyens, d’aller dans leurs douars et tribus aider à l’éducation des jeunes, en lançant des projets similaires à celui d’Illy, qui sont peu couteux, mais qui extirpent des jeunes filles à l’ignorance, aux mariages précoces et forcés, aux grossesses indésirables et à tous les maux inhérents aux conditions de pauvreté et de misère faite aux habitants des zones rurales surtout».

«J’appelle donc à la généralisation de cette expérience d’Illy au niveau national, menée avec succès avec l’aide de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), car elle est peu coûteuse, mais elle a le mérite d’aider à l’éducation et la formation dès le jeune âge de citoyennes conscientes de leurs droits et missions dans la société.

Plusieurs cadeaux ont été ensuite distribués à DR Hennou, dont plusieurs ouvrages et manuels aux jeunes filles pensionnaire du «foyer de la fille»  Illy ainsi qu’aux membres du personnel de l’association.

Un tableau de l’artiste peintre Mohamed Ali Alem a été offert au Dr Hennou par Moulay Ismail Alaoui, Président de l’ADMR et du Conseil de la présidence du PPS, alors que le SG de l’ADEP, Karim Tej, lui a remis un trophée commémoratif.

Cette cérémonie d’hommage s’est déroulée sous la présidence du jeune conseiller communal Jilali Bayedda et en présence de nombreux militants du PPS venus de Rabat, Salé, Tiflet, Khémisset, Kénitra, Roummani, Casablanca et d’ailleurs ainsi que des filles du foyer Illy et de leur famille.

Au terme de cette cérémonie, les jeunes filles d’ILLY ontchanté l’hymne national.

 M’Barek Tafsi

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