Le passage à la nouvelle bande de fluctuation requiert encore de la prudence

Le bilan d’une année de l’entrée en vigueur du régime de change flottant est positif. Les organismes internationaux tels le FMI ou encore la BAD le confirment et proposent même le passage à l’autre tranche de flottement de 5%. Le dirham marocain a bien résisté face au dollar et à l’Euro et les fondamentaux de l’économie nationale affiche une évolution favorable. Une première étape qualifiée de  réconfortante pour passer à la seconde phase. Néanmoins, les autorités financières marocaines gardent toujours le silence  quant au timing de l’élargissement de la bande de fluctuation. La prudence et la  vigilance reste encore de mise,  jugent-ils.

En attendant une flexibilité totale du dirham marocain programmé d’ici à 10 ou 15 ans, le  processus de passage au flottement du dirham progressif est en bonne marche depuis son application le 15 janvier 2018. Les analystes financiers l’attestent. Dans un rapport d’Attijari Global Research, les nouvelles modalités du système de change au Maroc devraient avoir un impact positif et visible sur le comportement des investisseurs  et sur leurs choix de placement. L’évolution de la valeur du Dirham depuis l’adoption  du régime flottant un an plus tard  est aussi perçue par la BAD comme un signal fort et positif par les investisseurs. La Banque Africaine de Développement estime que le dirham s’est bien comporté vis-à-vis de l’euro avec une appréciation de 1,9% en 2018 et légère dépréciation face au dollar.

Même son de cloche du côté du FMI. Les experts du Fond Mondial International soutiennent le passage à  l’autre étape de la réforme du régime de change sans trop tarder. Ils jugent qu’une nouvelle dépréciation de la monnaie nationale serait encourageante pour les exportations, la création d’emplois  et la promotion des PME. Ces recommandations tirent leurs fondement de la bonne tenue des fondamentaux de l’économie nationale. A savoir, un système bancaire résilient et solide, un déficit budgétaire maîtrisé, un taux d’inflation maîtrisable, une politique monétaire efficace et une réglementation de change flexible et un bon niveau des réserves de changes.  Le passage à une deuxième étape est aussi et surtout réconforté par les prévisions d’une bonne croissance du PIB national en 2019. D’ailleurs, même les craintes sur des éventuels comportements de spéculation sur la devise sont aujourd’hui dissipées.

Pour rappel, l’adoption de la nouvelle réglementation du taux de change du dirham par rapport à l’Euro et au dollar opérée le 15 janvier 2018, est dite de décision souveraine et progressive. Le Wali de Bank Al Maghrib l’a bien explicité et expliqué lors du passage au nouveau  régime de change.  Cette libéralisation contrôlée du système de change a été traduite par la mise en place d’une bande de fluctuation du dirham limitée à 2,5% contre 0,3% au préalable. La pondération du panier de la cotation du dirham est restée inchangée soit 60%  euro et 40% dollar. Aussi, toutes les transactions  ne devraient être possibles que dans le cadre de réelles transactions économiques pour éviter toute spéculation sur la devise nationale. Dans cette première étape, la banque centrale s’est engagée d’assurer les liquidités nécessaires pour une bonne évolution du dirham marocain.

Le bilan d’étape après plus d’une année d’entrée en vigueur du régime flottant du dirham marocain est dit positif, les opérateurs s’accordent à dire que ce passage a favorisé  la résilience de l’économie nationale et que toute autre transition serait sans problème pour la croissance économique du pays.

Fairouz El Mouden

Réserves de change

Les réserves internationales nettes ont accusé une baisse de 6,3% en novembre, plus accentuée que celle de 1,5% observée le mois précédent. Leur encours s’est ainsi établi à 223,3 milliards de dirhams, soit l’équivalent de 5 mois d’importations de biens et services.

Echange de devises contre le dirham

En décembre 2018, l’euro s’est apprécié de 0,15% par rapport au dollar, s’établissant en moyenne à 1,14 euro/dollar. Au niveau national, le dirham s’est déprécié de 0,42% contre l’euro et de 0,11% vis-à-vis du dollar américain. Au niveau du compartiment interbancaire, le volume des échanges de devises contre dirham s’est situé en moyenne à 27,7 milliards de dirhams en décembre, en hausse de 68,5% comparativement à la moyenne enregistrée sur les onze premiers mois de l’année.

Évolution de l’inflation en 2018

En novembre 2018, l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse mensuelle de 0,7%. Cette évolution est attribuable principalement à une hausse de 5,5% des prix des produits alimentaires à prix volatils avec des augmentations de 15% pour les légumes frais et de 8,5% pour les «volaille et lapin». En glissement annuel, l’inflation ressort à 1,3% après 1,1% en octobre, portant sa moyenne sur les onze premiers mois de l’année à 2%.

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