A l’issue de la Session extraordinaire de son comité central
Le comité central du Parti du Progrès et du Socialisme, réuni samedi 16 mai, à distance, en session extraordinaire, a adopté le rapport du Bureau politique et sa déclaration finale, dans laquelle il se félicite des mesures sanitaires préventives et proactives «courageuses prises par notre pays, sous la conduite audacieuse et sage de Sa Majesté le Roi, pour faire face à l‘épidémie du corona et à ses répercussions, en particulier la décision royale clairvoyante relative à la création d’un fonds spécial dédié».
Dans cette déclaration, dont lecture a été donnée par Azzouz Senhaji, membre du Bureau politique, le Comité central salue les larges contributions de solidarité à ce fonds, qui ont permis à l’Etat de prendre plusieurs mesures économiques et sociales de soutien tant à ceux qui ont perdu leurs emplois et aux couches sociales précaires et pauvres, qu’au profit de l’entreprise nationale, ainsi que l’ensemble des initiatives de solidarité, organisées par les conseils élus, les fondations, les associations et les individus».
Il y salue aussi tous les soldats au front dans la bataille contre la pandémie avec à leur tête les femmes et les hommes de la santé, de la sécurité, de l’enseignement et de l’ensemble des services indispensables.
Après avoir souligné les aspects reluisants et les valeurs positives que la pandémie a mis en exergue dans la société, le comité central indique que la situation requiert de s’appuyer sur ces valeurs positives et prometteuses pour dessiner les contours du Maroc de demain et pour donner un élan nouveau au projet national de développement.
En dépit donc de toutes les mesures positives prises, le comité central relève certaines carences de gestion qui entachent cette bataille nationale contre la pandémie, dont les insuffisances ayant marqué la distribution du soutien financier au profit de certains ménages, notamment dans les périphéries des villes, les campagnes et les régions reculées.
Il exprime son inquiétude à l’égard de la faiblesse du rôle politique du gouvernement, de la confusion dans son action et du manque d’homogénéité entre ses composantes ayant fortement ébranlé le contexte d’unanimité nationale, du fait de l’agitation suscitée par le regrettable projet de loi 22.20 au sujet duquel le PPS réitère la nécessité de le retirer immédiatement.
Il exprime en outre ses regrets pour la non-association par le gouvernement des institutions, des différents acteurs nationaux et sociaux et des partis politiques dans la discussion et l’élaboration des solutions et des perspectives d’avenir.
Le comité central s’est arrêté aussi dans sa déclaration finale sur certaines carences du secteur privé, en particulier le secteur bancaire et demande au gouvernement de trouver une solution rapide à la question des Marocains retenus à l’étranger.
Il souligne en fin de compte que la crise a confirmé l’échec du capitalisme à apporter les réponses appropriées à cette crise et a dévoilé la faiblesse de la coopération internationale, le repli du rôle des organisations internationales, le trébuchement de grands Etats, des blocs et des puissances économiques dans la lutte contre la pandémie. Cette crise a confirmé en d’autres mots l’échec des orientations capitalistes et néolibérales à apporter les réponses appropriées aux problématiques de la vie, de la nature et de l’être humain. Car ce sont ces mêmes orientations qui sont directement responsables de la pollution de la terre, de la succession des catastrophes naturelles, de l’exploitation abusive des ressources hydriques, végétales et animales.
Le comité central considère en d’autres termes que la pandémie du Coronavirus n’a pas uniquement approfondi la crise du capitalisme et de la mondialisation, mais a également mis à nu la faiblesse et le caractère erroné des orientations fondées sur le populisme et le chauvinisme ainsi que sur l’extrémisme de droite et le fanatisme religieux.
Il estime que cette situation interpelle la gauche mondiale et nationale quant à la nécessité d’œuvrer pour davantage d’efforts théoriques et pratiques, pour qu’elle retrouve sa place dans la conduite du processus du changement et la concrétisation des alternatives répondant aux attentes des peuples.
Au niveau national, le redressement de la situation, une fois sorti de la crise du coronavirus, requiert un contrat politique nouveau, qui lui permette une sortie victorieuse et saine de la pandémie et la transformation des difficultés vécues en opportunités de progrès et de rompre définitivement avec la précarité sociale. Le but étant de parvenir à un Maroc capable de construire une économie forte dans laquelle l’Etat joue un rôle axial et stratégique et au sein de laquelle le secteur public occupe une position de premier plan à côté d’un secteur privé national, productif et responsable socialement et écologiquement.
Pour ce faire, le Comité central appelle, afin de renforcer l’homogénéité nationale dans le cadre d’un modèle de développement alternatif, à un contrat politique nouveau qui se fonde sur un pacte social visant le renforcement de la démocratie, des libertés et de l’égalité totale entre les sexes, la mise en œuvre d’une approche territoriale performante, ayant pour fondement la décentralisation et la régionalisation véritable, et à l’élaboration d’un plan économique, social et écologique ambitieux.
Ce qui requiert aussi une révision des priorités nationales, l’adoption d’approches financières, budgétaires et fiscales rénovées, le renforcement de la place et du rôle de l’investissement public et du secteur public dans la relance de l’économie nationale et la promotion de la commande publique, en parfaite complémentarité avec l’appui nécessaire à apporter au secteur privé et à l’entreprise, dans un souci permanent de préservation des richesses naturelles de notre pays, ajoute la déclaration.
Il souligne dans ce cadre la nécessité de procéder à des réformes fondamentales, à travers l’appui à la production nationale et à la préférence nationale, la recherche de l’autosuffisance industrielle et agricole, la révision des accords de libre-échange en faveur de notre intérêt national, outre le soutien des secteurs économiques fondamentaux générateurs de revenus financiers consistants et créateurs d’un nombre important d’emplois.
Il estime de même que pour garantir une justice sociale et spatiale véritable fondée sur la répartition équitable des richesses du pays, il convient de mettre l’Homme au cœur du processus de développement, de l’habiliter, de le promouvoir et de lui assurer la dignité matérielle et morale, à travers notamment la mise en œuvre de la couverture sociale universelle, la mise en place d’un revenu minimum de dignité et la promotion au rang de priorités majeures dans l’investissement des secteurs de l’emploi, de l’enseignement, de la santé, de la culture et de la recherche scientifique.
M’Barek Tafsi