Le contraste dans l’action culturelle à Agadir est on ne peut plus criard. Pour le second pôle économique du pays, le constat dans ce domaine vital est plutôt déconcertant.
Et pourtant, ce n’est pas les compétences qui manquent dans cette ville renfermant un répertoire des plus éloquents, en termes de prestations culturelles, artistiques et, surtout théâtrales. Durant des années, des bêtises grosses comme ça ont été commises en matière d’infrastructures culturelles par des élus, sans beaucoup de conviction en la matière, estimant bien faire, à travers des bâtisses inachevées et inappropriées, à l’image des complexes Mohamed Khair- Eddine, L’haj Lahbib d’Anza, de Tikiouine, Mohamed Jamal Addora… où l’on s’arrache les cheveux devant cette médiocrité ahurissante.
Aucun souci d’acoustique, de confort et de commodité n’a été pris en compte lors des réalisations entamées dans la myopie et l’ignardise aussi bien intellectuelles que civiques. Aujourd’hui, ces projets dont un argent fou est tout simplement jeté par la fenêtre, témoignent de cette vilaine sottise. Vient également s’aligner à cet échec cinglant le fameux conservatoire de musique qui continue à moisir dans la désuétude depuis plus de quinze ans, sans qu’il ne voie le jour. Un budget des contribuables colossal qui s’estompe à cause d’une bavure d’appréciation des anciens élus et dont pâtit actuellement toute une communauté jeune étincelante, avide de structures d’accueil agréables et incitatives à l’inspiration.
Le théâtre de verdure, conçu à l’architecture grecque, ne peut non plus exaucer les besoins de toute cette jeunesse en quête d’espaces plus ramassés et fort équipés, d’autant plus que ce joyau patrimonial est délaissé, sans direction spécifique, ni programme préétabli, ni entretien régulier. Reste la salle des fêtes de la municipalité qui tient lieu d’endroit assez propice pour la tenue de certaines activités. Mais, sans grande convenance, notamment, pour des représentations de théâtre, de musique ou encore de chorégraphie, dont la singularité exige un dispositif technique idoine. Les travaux de restauration qui ont pris un temps languissant, n’ont pas, pour autant, abouti à cds fins spécifiques, quoiqu’un effort considérable y soit déployé.
Le musée municipal, un fleuron du genre, sis au passage Ait Souss est plutôt un espace d’exposition plastique sans grande envergure, alors que le réaménagement de la salle de la jeunesse et sport, en dépit de l’effort qui y est fourni, reste en deçà des attentes qualitatives. Par ailleurs, une série de maisons de quartier, pas moins de cinq projets, est déjà opérationnelle. Une initiative louable qui permet la fixation des jeunes dans leurs localités et l’assouvissement d’une demande accrue en matière de pratique créative. Cet effort effectué en parallèle d’une large opération d’aménagement paysager dans les divers points de la commune, était accompagné, il y a quelques temps, d’une démarche visant à appuyer l’action culturelle. Mais, c’est la culture qui ne cesse d’essuyer un sacré revers par de petites gens qui continuent à faire mordre de la poussière à cette ville, considérée par feu Mokhtar Soussi comme étant “ Souss Al Alima “, berceau de la culture et l’art.
Les salles de cinéma, il y en a plus, depuis que Salam, Rialto et Sahara, pour ne citer que celles-ci, ont rendu l’âme… En revanche, l’immobilier prolifère de toutes parts, au grand bonheur des prédateurs et des spéculateurs du foncier. La ville est inondée de béton et dévidée de son âme, à l’heure où l’on persiste à bafouer le génie de ses enfants, par l’étouffement du cadre adéquat de leur ingéniosité créatrice. Une ville comme Agadir dont les jeunes talents ne tarissent jamais, est orpheline, à titre d’exemple, depuis des décennies, d’une réelle salle amphithéâtre de spectacle, munie de la logistique technique de qualité. Honteux et inadmissible!