Agences urbaines: Le réquisitoire de la tutelle

Pour sa première rencontre avec les directeurs des agences urbaines, mercredi à Rabat, le ministre de l’aménagement de l’Habitat, n’a pas fait dans la dentelle. Abdelahad Fassi Fihri  a émis plusieurs critiques sur la gestion de ces structures, appelées à se repositionner dans un contexte marqué par la régionalisation. En tête, le retard enregistré en matière de production de documents d’urbanisme dans certaines grandes villes et territoires à forte pression urbaine.

Les schémas directeurs d’aménagement tardent à sortir. Aucune initiative n’est prise au sein de ces agences pour accélérer l’élaboration de ces documents, d’après le ministre. Mais au-delà de l’aspect quantitatif, il est également reproché à ces responsables locaux de marginaliser le volet qualitatif. Ils sont ainsi appelés à faire évoluer leur méthode de production. L’idée est de concevoir une nouvelle génération de documents d’urbanisme qui évite d’aller dans les détails. Il s’agit de mettre en place des documents plus souples ne contenant pas des mesures difficiles à appliquer, a insisté le ministre.

Outre les longs délais qui marquent l’adoption de ces documents, les conseils d’administration des agences urbaines font défaut au niveau du fonctionnement. Le ministre n’a pas caché sa déception de voir ces structures présenter des rapports d’activité purement quantitatifs. Les agences urbaines sont appelées à se mettre à l’ère de la gestion axée sur les résultats. Et surtout d’évaluer les effets des actions entreprises sur le terrain. Il est on ne peut plus clair que ces établissements ne doivent plus surfer sur leur propre planète. Il faudra désormais accompagner le développement local dans son sens le plus large. En effet, les agences urbaines sont attendues sur une série de dossiers urgents liées notamment au changement climatique. La tutelle veut les impliquer dans l’élaboration des cartes d’aptitude à l’urbanisation qui constituent des documents de référence permettant de prendre en considération les risques des catastrophes naturelles lors du processus de planification urbaine.

En gros, les agences urbaines devront se retrousser les manches pour accompagner tous les changements opérés par le pays. Ne pas saisir cette opportunité leur serait préjudiciable. « Si l’on n’est pas capable de prendre ce tournant, on risque d’être écarté », a prévenu le ministre. Surtout que des voix vont jusqu’à s’interroger si le Maroc a vraiment besoin de préserver ces agences urbaines. La veille de sa rencontre avec ces directeurs, Abdelahad Fassi Fihri a été interpellé par des membres de la Chambre des conseillers sur les défaillances des agences urbaines. C’est surtout leur accompagnement de la politique d’investissement qui suscite les interrogations. On s’interroge particulièrement sur leur capacité à faciliter l’investissement. C’est dans cette logique que le ministre a appelé les agences urbaines à s’ancrer dans la réforme des centres régionaux d’investissement. Concrètement, l’objectif recherché est de les faire sortir de la logique de régulation pour intégrer celle du développement.

Sur les modes de gestion, l’ambition est de promouvoir la mobilité administrative. Le ministre prête une attention particulière à la mobilité transversale afin de donner la chance à d’autres compétences. Dans certaines agences, le poste de directeur est considéré comme un emploi à vie. Or, le prolongement à la tête d’une agence n’est pas toujours justifié, de l’avis du ministre. Un clin d’œil à ceux qui tentent de faire pression sur son département pour bloquer leur affectation dans une autre région.

Hajar Benezha

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