Recevant, lundi et mardi derniers, un grand nombre de dirigeants africains en marge de la tenue de la réunion du G20 à Berlin, Angela Merkel a fait dire, par sa porte-parole, que l’objectif de l’Allemagne est «de renforcer la coopération pour un développement durable des Etats africains». Wolfgang Schaübe, son ministre des Finances précisera, à cet effet, que l’Allemagne ne prévoit pas d’accorder d’aide financière à ces pays mais qu’elle entend attirer les investisseurs vers l’Afrique afin de parvenir à réduire la poussée migratoire vers les pays du vieux continent.
En rappelant que l’objectif de ce projet n’est pas d’adopter un nouvel instrument financier pour l’Afrique mais plutôt d’encourager les investissements privés sur le continent noir, l’argentier allemand précise que, pour ce faire, il va falloir coopérer de manière très étroite avec les pays africains mais aussi avec la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement (BAD) et le Fonds Monétaire International (FMI) pour répertorier les besoins mais aussi pour «créer les conditions d’un cadre réglementaire et juridique propice aux affaires».
Aux ONG qui trouvent cette initiative «trop abstraite» dans la mesure où, à première vue, il n’y a pas d’argent sur la table, le ministre allemand rappelle que le G20 «n’est pas une enceinte pour mettre en place des aides financières» puisqu’il y a d’autres canaux pour cela comme la coopération et l’aide publique au développement mais que tout ceci n’empêche pas de faire appel à des investissements privés.
La Chancelière allemande qui voudrait, selon un responsable allemand du Ministère des Finances, constituer «une opportunité d’attirer les investissements, les bénéfices et les emplois» et qui reste persuadée que le soutien politique du G20 est à même de permettre de rendre les pays africains «plus attrayants pour les financements privés» a invité à Berlin ces lundi et mardi plus d’une centaine d’investisseurs.
Ainsi, même si la question des milliers de migrants qui frappent aux portes de l’Europe pour échapper à la misère, à la désolation et aux conflits de toutes sortes n’est pas ouvertement déclarée, il n’en demeure pas moins qu’elle demeure centrale pour la chancelière d’un pays qui, ces dernières années, a accueilli plus d’un million de réfugiés venant essentiellement d’Irak, de Syrie et d’Afghanistan. Aussi, pour endiguer le flot de demandeurs d’asile, Angela Merkel considère, selon son porte-parole, que «le développement économique doit suivre le rythme d’une croissance rapide… pour créer un futur convenable aux jeunes et ainsi réduire la pression migratoire» car, si l’on en croit le dernier rapport de l’ONG «One», dans cinquante ans, le continent noir comptera « plus de jeunes que tous les pays du G20 réunis ».
Pour rappel, au sommet du G20 Finances qui s’était tenu en Mars dernier, les ministres des finances des grandes puissances avaient invité leurs homologues de Côte d’Ivoire, du Maroc, du Rwanda et de la Tunisie au titre de la mise en place d’un partenariat appelé «Compact withAfrica». Le sommet de Berlin a vu la participation des ministres des finances du Ghana, d’Ethiopie, d’Egypte, du Niger et du Mali et celle des institutions financières appelées à leur apporter le soutien technique nécessaire à la mise en place des réformes requises.
Interrogée par le quotidien allemand «Handelsblatt», la Directrice Générale du Fonds Monétaire International, Christine Lagarde a déclaré : «Nous devons créer au sud du Sahara les conditions pour que les gens puissent y évoluer, se former et générer de la valeur pour eux et leurs familles»; une question qui revêt une extrême importance vu l’afflux incessant et quasi-quotidien vers les côtes italiennes, de plusieurs dizaines de milliers de migrants subsahariens en provenance d’une Libye encore très instable.
Nabil El Bousaadi