Bolivie: Jeanine Anez rattrapée par la justice de son pays

Nabil El Bousaadi

Moins d’une dizaine de jours après la victoire de Luis Arce, le candidat du Mouvement vers le Socialisme et dauphin d’Evo Morales aux élections présidentielles boliviennes du 18 Octobre dernier qui ont signé la fin du gouvernement de transition de Jeanine Anez, le Sénat a présenté, ce mardi, un rapport qui, après son approbation par le Parlement, va pousser le parquet bolivien à ouvrir une procédure d’enquête afférente aux manifestations qui avaient contraint l’ancien président à prendre le chemin de l’exil et fait, entre Octobre et Novembre 2019, 35 morts selon un procès-verbal de la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH).

Deux jours après la présentation de ce rapport, la Chambre des députés et le Sénat boliviens, réunis en session conjointe, ont approuvé une motion recommandant que l’ancienne présidente par intérim et ses ministres soient traduits en justice pour leur responsabilité dans les émeutes post-électorales de l’année dernière et adopté le rapport portant sur les «massacres de Senkata, Sacaba et Yapacani qui recommande un jugement en responsabilités contre Jeanine Anez pour génocide et autres délits» et approuve la mise en accusation de 11 ministres.

Jeanine Anez, la sénatrice de droite devenue, presque par hasard, présidente de Bolivie le 12 novembre dernier suite à la démission d’Evo Morales (2006-2019) avait bénéficié d’une immense légitimité après avoir fait croire aux boliviens qu’elle détenait les clés du changement qu’ils attendaient tant après ces semaines d’affrontement qui s’étaient soldées par plus d’une trentaine de morts et des centaines de blessés. Or, il n’en fut rien car, en annonçant sa candidature à l’élection présidentielle du 18 octobre, elle a perdu le soutien politique dont elle bénéficiait, s’est aliéné une grande partie des boliviens et a même fini par être conspuée à Santa Cruz, à l’est du pays, reconnu comme étant le fief de la droite la plus radicale.

Mais il n’y a pas eu que cela puisque le caractère ouvertement autoritaire du gouvernement «intérimaire» de Jeanine Anez fermement décidé à anéantir le Mouvement vers le socialisme (MAS) d’Evo Morales tout comme ses lois éminemment racistes et liberticides supposées «pacifier» le pays, la persécution politique aux allures de «chasse aux sorcières» menée contre l’ancien président et les membres de son gouvernement poursuivis pour «sédition», «terrorisme» et voire même «génocide» ou encore les déclarations à l’emporte-pièce de son ministre de l’intérieur, Arturo Murillo, fermement dénoncées par plusieurs organisations internationales ont fini par lui donner le «coup de grâce».

Aussi, au grand soulagement de la majorité des boliviens, le premier tour du scrutin du 18 octobre dernier a signé la fin du gouvernement de transition, resté en place une année et non pas 3 mois comme convenu, et annoncé le probable retour de l’ancien président Evo Morales, de son exil argentin, le 9 novembre prochain.

Quel visage aura donc l’avenir politique de Jeanine Anez et de ses ministres après leur comparution devant le tribunal pour répondre des conflits sociaux qui ont fait une trentaine de morts l’année dernière ? Attendons pour voir…

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