Nabil EL BOUSAADI
Sommé d’être « agressif » dans les coupes des dépenses publiques, Elon Musk, que Donald Trump a nommé à la tête du « Département de l’efficacité gouvernementale », (DOGE), avait annoncé, sur son réseau social « X », que « tous les employés fédéraux » allaient être destinataires, sous peu, d’un courriel leur demandant de décrire, dans un délai de quarante-huit heures, cinq des tâches qu’ils avaient effectuées la semaine précédente et d’en adresser une copie à leur responsable direct ; faute de quoi, ils seront considérés comme démissionnaires.
Mais en rejetant l’injonction d’Elon Musk, certaines agences du gouvernement américain, dont la police fédérale (FBI), ont invité leurs équipes à ne pas répondre au courriel y afférent.
Il en va de même du Pentagone qui, par le biais d’un communiqué publié, ce dimanche, sur « X », par Darin Selnick, qui considère qu’en étant seul « responsable de l’évaluation des performances de son personnel », le ministère de la Défense « conduira tout examen en accord avec ses propres procédures », a demandé aux intéressés, de bien vouloir, dans l’attente de recevoir des instructions complémentaires, réserver, dans l’immédiat, une fin de non-recevoir, au courriel qui leur avait été envoyé la veille par l’United States Office of Personnel Management (OPM), le bureau chargé de la gestion des fonctionnaires.
Et même s’il a été annoncé, par ailleurs, par Elon Musk, que « l’absence de réponse » serait considérée comme étant une « démission », le courriel adressé aux fonctionnaires fédéraux et consulté par l’AFP ne fait aucunement mention d’une telle menace.
Cet appel à la désobéissance s’inscrit dans un contexte très tendu dès lors qu’en l’espace de cinq semaines, l’administration Trump a mis en œuvre, à l’initiative d’Elon Musk, des mesures visant à licencier des pans entiers du personnel fédéral car si, d’un côté, des milliers d’employés de l’administration, « en période d’essai », ont été licenciés sans préavis, 75.000 fonctionnaires ont accepté de démissionner tout en continuant à percevoir leurs salaires jusqu’au mois de Septembre.
Mais, en promettant de contester toute rupture de contrat « illégale », l’American Federation of Government Employees, (AFGE), qui est le principal syndicat des fonctionnaires fédéraux, a estimé, dans un communiqué, qu’ « une nouvelle fois, Elon Musk et l’administration Trump ont montré leur mépris total pour les employés fédéraux et les services essentiels qu’ils rendent au peuple américain ».
Everett Kelley, le président de ce syndicat, ira même jusqu’à injurier Elon Musk en déclarant que « des anciens combattants qui portent leur second uniforme dans la fonction publique se voient traités avec cruauté et manque de respect (…) par ce milliardaire déconnecté, privilégié et non élu qui n’a jamais effectué une seule heure de travail honnête dans la fonction publique de sa vie ».
En lui emboitant le pas et en jugeant particulièrement brutales les méthodes de management d’Elon Musk, le sénateur républicain de l’Utah, John Curtis, a invité le nouveau conseiller de Donald Trump en charge de l’efficacité gouvernementale, à faire preuve de « compassion » car dès lors qu’il a affaire à « de vrais gens » et à de « vraies vies », il ne lui appartient, en aucun cas, d’être « cruel » dans le seul but de faire des « économies ».
Quelles seront les suites du bras-de-fer qui se dessine entre les employés fédéraux et le conseiller de Donald Trump à l’efficacité gouvernementale ? Attendons pour voir…