A vrai dire
On ne cessera jamais de réitérer cette citation de haute symbolique : « Éviter Charybde pour tomber en Scylla! », disait-on dans l’Antiquité. Cette expression de la mythologie romaine conviendra sans nul doute aux obstacles qui continuent à entraver la marche de notre pays vers le développement entier. Au fait, en référence aux deux terminologies de cette fameuse expression, on se trouve face à l’écueil de la maîtrise politique et le tourbillon de la panne sociale. Deux tares qui ne cessent de retarder le décollage escompté de toute une nation. On a beau survoler les deux contraintes majeures, on se heurte à des camouflets cinglants, au fil du temps.
En effet, sur le plan politique, l’exercice paraît broyer du pain noir, tant que les formations partisanes n’assument pas pleinement leurs rôles de médiateurs clefs, comme le stipule clairement la loi suprême. Pour la plupart des partis, ils sont complètement émoussés au bon vouloir de leurs fabricants, sans aucune autonomie ni souveraineté. Alors qu’une autre frange groupusculaire semble planer sur le tapis volant du grand soir crépusculaire, sans incidence sur le cours des événements. Hormis certaines exceptions sérieuses, on « patauge » dans le vide politique.
Ce traitement hybride qu’on s’entête à imprimer, sans scrupule, à la pratique partisane, fondé sur l’immixtion et la mainmise, est d’autant plus périlleux qu’il expose le pays, non seulement à la technocratie aux centres de décisions, mais aussi à la dérive du totalitarisme béat. La vie démocratique est d’abord des choix politiques à adopter, après débat libre et serein entre les divers antagonistes politiques de toutes obédiences. Cet affront laborieux, il n’y a que les partis forts et probes qui puissent le faire dans un pays en pleine émergence.
La seconde impasse n’est autre que la condition humaine comme approchée dans notre pays. Là encore, un gros effort est à déployer pour prétendre se hisser à un État dont l’élément humain est au centre des soucis. Or, il semble que cet aspect est bel et bien relégué au second plan. En dépit des actions saupoudreuses qu’on tente d’asseoir dans le tissu social du pays, la problématique est encore loin de faire des heureux dans le camp des couches déshéritées. Ceci étant, la diabolisation du champ politique national ne peut conduire alors qu’à la faillite sociale !
Charybde et Scylla sont donc continuellement entre nos murs. Ils nous assaillent de toutes parts et hypothèquent sans doute, le chemin vers la délivrance. Seule une politique, basée sur le respect du paysage partisan, toutes sensibilités confondues, et sur l’intérêt réel, porté sur la ressource humaine, pourrait mener notre bateau à bon port. A ce prix, ni l’écueil de Charybde, encore moins le tourbillon de Scilla ne sauraient interrompre l’expédition gagnante de notre vaisseau vers la démocratie, le progrès et la justice sociale auxquels notre pays aspire !