Un débat initié par le Forum Parité-Egalité relevant du PPS

En dehors du tramway, pas d’accessibilités des personnes à mobilité restreinte est défaillante

A part le tramway, dont les responsables ont décidé dès le départ d’en faire un moyen de transport en commun sécurisé et accessible à tous y compris les personnes en situation de handicap, il faut dire que cette catégorie de la population est confrontée à une discrimination criarde au niveau des autres moyens  de transport (bus, cars, taxis, train), selon des représentants de la société Tram-Rabat-Salé qui participaient à une rencontre, initiée jeudi par le Forum Parité-Egalité relevant du Parti du progrès et du socialisme.

Malheureusement, le tram ne dessert qu’une partie des quartiers dans les villes de Rabat, Salé et Casablanca. A Rabat-Salé, le parc des bus, le moyen de transport le plus utilisé par les habitants de la région, est dépourvu d’accessibilités.

Selon des représentants de la société gestionnaire de ce parc (STAREO), un appel d’offres est lancé pour l’acquisition d’un nouveau parc de 550 bus, équipés de matériel facilitant l’accès des personnes en situation de handicap. Tout est prévu dans les nouveaux cahiers de charge, ont-ils affirmé.

L’expérience édifiante du Tram

Pour le Tramway de Rabat-Salé, l’expérience présentée par Houda Idrissi, représentante de la société, est édifiante. Pour satisfaire les besoins de cette clientèle, la société a ouvert le dialogue avec des associations représentatives des personnes en situation de handicap dont les suggestions ont été suivies en matière notamment d’accessibilité au niveau des stations et du matériel roulant, a-t-elle dit.

A l’ouverture de la rencontre, la Coordinatrice du FPE, Fatima Sbai, avait souligné que le manque d’accessibilités des moyens de transport prive une partie de la population marocaine en situation de handicap de ses droits en tant que citoyens à part entière. C’est pourquoi le Forum a convenu d’organiser cette rencontre sous le thème «souffrances des femmes et des enfants en situation de handicap ; les accessibilités du transport comme exemple» pour en savoir davantage.

Pour la coordinatrice du FPE, Fatima Sbai, l’organisation de ce débat a pour but de permettre au Forum de se saisir effectivement du problème des personnes en situation de handicap et de se lancer prochainement dans une campagne de sensibilisation à travers le territoire national, pour plaider en faveur du dossier de cette catégorie sociale tout en se focalisant sur les accessibilités prévues par la loi pour leur faciliter la vie et le déplacement d’un lieu à un autre en toute liberté, indépendance et sécurité.

Théoriquement parlant, tout est prévu pour permettre à ces personnes de jouir de leurs droits en tant que citoyens à part entière. La ratification par le Maroc de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées et son Protocole facultatif, ainsi que l’inscription des droits des personnes en situation de handicap dans la nouvelle constitution de 2011 posent les jalons d’une nouvelle gouvernance du champ relatif au handicap, basée sur le respect des principes universels, l’effectivité des droits des personnes et la reddition des comptes, a expliqué d’emblée la modératrice de cette rencontre Mounia Lahkim, membre du staff dirigeant du FPE et du Comité central du PPS.

Elle a ensuite donné une première idée sur le taux de prévalence du handicap au niveau national, précisant que le choix des mères des enfants en situation de handicap s’explique par le fait que c’est souvent à la femme qu’on attribue la responsabilité de cet handicap et c’est elle qu’on charge de s’occuper de la personne en situation de handicap.

Il a été ensuite procédé au cours de cette rencontre à la projection d’une vidéo montrant des personnes dans des fauteuils roulants à la recherche d’un moyen de transport pour se déplacer. Les images projetées donnaient par ailleurs une idée sur le fait que l’on assiste en réalité impuissants au manque d’accessibilités dans les bus et les taxis, à la disposition de cette catégorie sociale et malgré les beaux discours et les grandes théories des responsables, a lâché un homme, la quarantaine dans un fauteuil roulant. Dans certains endroits, on est complètement délaissé à notre propre compte, a-t-il dit.

Pour sa part, Ahmed Chikhi du ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social a donné de plus amples détails sur l’ampleur du phénomène, précisant que d’après l’enquête nationale de 2014, le taux national de prévalence du handicap est estimé à 6,8%, représentant une population de 2.264.672 personnes ayant déclaré avoir des incapacités à divers degrés de sévérité (léger, modéré, sévère, très sévère) par rapport à une population de 33.304.000.

En termes de ménages, 1 ménage sur quatre (24,5 %) compte en son sein au moins une personne en situation de handicap sur un total de 7.193.542 ménages.

Il a également fait savoir que la gouvernance du dossier des personnes en situation de handicap est du ressort du gouvernement, précisant que son département joue le rôle de coordinateur pour assurer aux efforts déployés par les différents autres départements ministériels la convergence requise. Le gouvernement a même adopté un plan d’action national (2017-2021) pour la mise en œuvre des politiques publiques intégrées visant à promouvoir les droits des personnes en situation de handicap, a-t-il précisé.

Il a fait état aussi de la promulgation en 2016 de la loi-cadre 97.13, inspirée dans sa définition du handicap de la Convention relative aux droits des personnes en situation de handicap.

La réalité contredit les bonnes intentions

Pour sa part, Abderrahm El Mouedni, un acteur associatif, a plaidé pour l’application saine des dispositions de la Constitution de 2011 et de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées et son Protocole facultatif, qui insistent sur le respect de la dignité de la personne en situation de handicap en tant que citoyen à part entière et de tous ses droits à la santé, à l’éducation, à la sécurité, au travail et à la liberté de déplacement au même titre que les personnes ordinaires.

Selon lui, ce que les textes prévoient ne correspond pas à la réalité vécue par les personnes en situation de handicap, étant donné que plus de 25% d’entre elles n’ont aucun accès aux moyens de transports en commun. En fait, il s’agit d’un problème de mentalité qu’il faut changer pour améliorer la perception qu’on a de la personne en situation de handicap.

Culturellement parlant, les personnes en situation de handicap sont diminuées dans leur citoyenneté et leur exclusion a un coût, a-t-il ajouté. Elle les impacte elles-mêmes, a-t-il ajouté, expliquant qu’en termes de santé, les soins et médicaments sont plus chers pour les personnes en situation de handicap que les autres.

De nombreuses recommandations ont été faites au cours du débat qui en a suivi, appelant notamment à axer toute éventuelle action de sensibilisation sur les mentalités pour lutter contre les clichés négatifs et les stéréotypes sur les personnes en situation de handicap, poussant certaines familles et mères à refuser de parler de leur enfant dans cet état. Des mères ont aussi honte d’en parler de peur d’être accusées d’en être la cause comme l’a laissé entendre dans son témoignage, une mère venue de Safi pleurer son malheur d’avoir une fille en situation de handicap, qu’elle doit toujours porter sur son dos pour la déplacer.

MT

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