Démission du Premier ministre de l’Autorité Palestinienne

Attendons pour voir…

 Nabil El Bousaadi

Du communiqué en date de ce lundi, émanant de la présidence de l’Autorité palestinienne, il ressort que le Premier ministre, Mohammed Shtayyeh, a présenté la démission de son gouvernement au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et que ce dernier l’a acceptée tout en lui demandant, toutefois, « de rester temporairement en poste jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement soit formé ».

Cette démission étant intervenue avant une réunion des factions palestiniennes prévue à Moscou et alors que plusieurs pays de la région et de nombreuses chancelleries occidentales plaident pour une Autorité palestinienne réformée qui sera chargée, à terme, de la Cisjordanie et de Gaza lorsqu’ils seront placés sous la bannière d’un Etat palestinien, le Premier ministre démissionnaire a tenu à préciser que « la prochaine étape requiert de nouvelles mesures gouvernementales et politiques qui tiennent compte de la nouvelle réalité dans la bande de Gaza (…) et un besoin urgent d’un consensus inter-palestinien ».

Mais en considérant que, depuis les affrontements fratricides de 2007, le leadership palestinien est divisé entre, d’une part, l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas qui n’exerce qu’un pouvoir très limité en Cisjordanie – un territoire occupé, depuis 1967, par Israël – et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, l’analyste palestinien Ghassan Khatib estime que cette démission n’a pour but que de faire croire que l’Autorité palestinienne est prête à engager des réformes pour l’après-guerre à Gaza et à emprunter une voie qui inclurait des éléments provenant à la fois de l’Autorité palestinienne et du Hamas.

Or, bien qu’en cas d’accord entre ces derniers, nous serions en présence « d’une nouvelle phase dans la politique palestinienne » et que ceci sera très « significatif » du moment que les deux parties avaient déjà tenté, à plusieurs reprises, de se rapprocher sans y parvenir, « il y a de fortes chances pour que tout cela échoue » car de nombreuses questions sont encore en suspens comme « la composition d’un gouvernement technocratique » ou encore « l’étendue des responsabilités du Hamas à Gaza ».

Ce qui est certain, pour l’heure, c’est que le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller, a salué « les mesures positives » prises, par l’Autorité palestinienne « pour se réformer et se revitaliser » après la rencontre d’Antony Blinken avec Mahmoud Abbas et estimé qu’elles « constituent une étape importante vers la réunification de la bande de Gaza et de la Cisjordanie sous l’égide de l’Autorité palestinienne ».  

Or, pour Khalil Shikaki, le directeur du Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages (PCPSR), la démission de Mohammed Shtayyeh s’inscrit dans une tentative de Mahmoud Abbas de faire croire à une volonté de réforme alors que « la seule vraie réforme serait qu’il rentre chez lui » car, non seulement, il « n’a pas protégé sa population en Cisjordanie occupée » mais « il n’a pas levé le petit doigt pour Gaza » et qu’en outre, le successeur du Premier ministre démissionnaire « sera forcé d’être loyal », à un président qui, bien qu’ayant atteint l’âge honorable de 88 ans, s’acharne à rester en place et à continuer à faire son « one man show ».

Si l’on ajoute à cela le fait que le plan pour « l’après-guerre » présenté, la semaine dernière, par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, avait été rejeté aussi bien par l’Autorité palestinienne que par le Hamas dès lors qu’il prévoit qu’Israël maintiendra son « contrôle sécuritaire » sur la Cisjordanie et sur Gaza, c’est donc que le chemin menant à la paix est encore long et parsemé d’embûches.

Alors, attendons pour voir…

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