Fès se voile des sonorités intemporelles du monde

Bercer les remparts d’une ville séculaire du calibre de Fès est un privilège que seule une poignée de grands maitres de la musique ont la chance d’exercer une fois par an. Les 23 éditions précédentes du Festival des musiques sacrées du monde auront logé, indélébilement, leur empreinte dans l’immortalité du temps qui se fige à l’évocation du riche patrimoine de cette capitale spirituelle du Royaume.

Et cette année, sous le signe de la perpétuité, c’est SAR la princesse Lalla Hasnaa qui a donné le coup d’envoi de ce rendez-vous prisé par les oreilles fines du monde entier. Sa cérémonie d’ouverture a exposé sous la forme d’une chorégraphie subtile, vendredi dernier, la relation étroite qui assemble architecture, artisanat, troupes de musique soufies et autres composantes maitresses de la ville, lesquelles s’y enchevêtrent et coexistent entre les mêmes fortifications depuis bien des siècles.

Mais ce ne sera que le lendemain, samedi, que le grand public a pu embrasser les premières notes musicales officielles du festival émanant de l’Oud du compositeur tunisien Dhafer Youssef. Ce dernier est réputé pour exceller dans la conversion du mysticisme en musique, des intuitions en compositions. L’on a pu apprécier des extraits de sa dernière compilation (qui remonte à 2016) Diwan of Beauty and Odd. Juxtaposer les rythmes soufis au jazz, c’est un exercice qu’il manie parfaitement dans ses créations et qui a suscité chez ses auditeurs fassis, le temps d’une soirée, tantôtl’apaisement et la sérénité, tantôt le désir de verser dans la transe.

Comme le décrivent bien les nombreuses parutions à son effigie, Dhafer, issu d’une longue lignée de muezzins, est un passionné des ondulations vocales et les résonances sonores. En résulte une symbiose entre l’oud et les sonorités électroniques. On ne pourrait qu’admirer la fusion à la fois douce et intense entre Oud, guitare électrique, piano, batterie et violoncelle. Le tout accompagné par une voix si puissante, qui fait elle-même office de sixième instrument.

C’est vous dire à quel point la programmation de cette 24e mouture promet, jusqu’au 30 juin prochain, de faire basculer la ville dans un univers que seul son visiteur aura le privilège d’expérimenter au fil des veillées soufies, des chorales de Gospel, des chants sépharades, d’Al-Ala Al-Andalusiyya et autres délices qui ne ratent pas leur chemin vers les cœurs.

Iliasse El Mesnaoui

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