La mission principale du CNP sera d’abord la mise en œuvre des dispositions de la loi 90.13, souligne Hamid Sâadni, candidat de la liste «Liberté, probité et professionnalisme». Et de préciser que toute institution quelle qu’elle soit ne peut nullement remplir la mission à laquelle elle a été destinée sans l’apport des membres qui y siègent. Outre la compétence, il faut faire preuve de responsabilité et d’engagement, confie-t-il.
Al Bayane : Vous êtes la tête de la liste « Liberté, professionnalisme et probité » candidate au CNP. Quelles sont vos ambitions et vos motivations à travers cette candidature?
Hamid Sâadni : Notre candidature émane des ambitions parfaitement légitimes, celles de mettre notre savoir et notre expérience au service de l’ensemble du corps de la profession.
Notre souci majeur est de représenter dignement tous les journalistes et professionnels du secteur médiatique, sans exception aussi bien au niveau de la presse écrite, électronique que celui de l’audiovisuel. Nous considérons que la loi n° 90-13 a mis en place un certain nombre de dispositions inédites que l’on peut qualifier de démocratiques, car une fois le CNP installé, la gestion du secteur de la presse ne relèvera plus de la sphère du département de tutelle. Il faut dire que c’est un nouveau palier qui a été franchi dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques dédiées aux médias.
Concernant notre campagne électorale, nous avons choisi comme slogan de campagne «Liberté, probité et professionnalisme» qui incarne parfaitement la philosophie et la méthode de notre travail au cas où nous sommes élus.
Quelle évaluation faites-vous de la loi 90.13?
Nous considérons que la loi 90.13 portant création du CNP contient des dispositions importantes pour la réforme du secteur. Cela étant, le texte juridique répond aux attentes des professionnels du secteur et ce, en instaurant les principes d’autorégulation et de bonne gouvernance. Autrement dit, la loi pose les jalons pour le développement du secteur et l’établissement d’un nouveau management et de nouvelles relations de travail, que ce soit entre le journaliste et l’entreprise pour laquelle il travaille ou encore avec les autres institutions du secteur.
Estimez-vous que votre liste soit représentative du secteur?
Sans se mêler à des débats stériles qui ne profitent en rien ou de répondre aux qu’en-dira-t-on, infondés ou ceux qui nous accusent d’avoir adopté une posture hégémonique, je leurs réponds que nous avons tenu à ce que toutes les spécialités soient représentées dans notre liste. Notre liste comprend des candidats appartenant au syndicat le plus représentatif qui est le syndicat national de la presse marocaine (SNPM). En plus de cela, nous avons reçu l’appui de la Fédération nationale du journalisme, de l’information et de la communication affiliée à l’Union marocaine du travail (UMT) et qui contient un nombre important d’adhérents. Il s’agit en fait d’une liste hautement représentative. Comme on le constate, la presse francophone a aussi sa place. Je fais allusion à Meriem Oudghiri, présidente de la section marocaine de l’Union internationale de la presse francophone qui apporte une valeur sure à notre candidature. Je dois préciser qu’il n’y a pas de raison de critiquer la candidature d’Abdellah Bekkali, président du SNPM et qui occupe également le poste de vice-président de l’Union des journalistes arabes, l’une des plus grandes instances des médias et de la presse dans le monde arabe. Il compte à son actif plusieurs années d’expérience. Idem pour Youness Moujahid, qui pour sa part est SG du SNPM et Premier vice-président de la fédération internationale des journalistes dont le siège est situé à Bruxelles. Pour conclure sur ce point, il ne faut pas oublier que le syndicat a été fondé par de grandes personnalités politiques et patriotiques telles qu’Ali Yata, Mohamed El Yazghi, Mohamed Laârbi Messari, pour ne citer que ceux-là. Pour l’histoire, ce même syndicat a appelé, il y a plus de 30 ans, à la création d’un organe indépendant, hors du contrôle de l’Etat, démocratique et moderniste pour booster ce secteur.
Quel est votre enjeu principal au cas où vous seriez propulsé aux commandes de cette instance?
Notre mission principale sera d’abord la mise en œuvre des dispositions de la loi 90.13. Pour ce faire, cela requiert une intelligence collective pour les adapter à la réalité en donnant sens aux articles constituant l’ossature du texte de loi.
Dans cette optique, nous allons travailler d’arrache-pied pour concrétiser notre programme, que ce soit pour le renforcement de la liberté d’expression et l’amélioration des conditions du travail ou en ce qui concerne le développement du volet de la formation, maillon faible du secteur tout en veillant à imposer le respect des règles déontologiques du métier. Notre programme vise aussi à revoir les aspects juridiques afin d’appuyer l’entreprise de presse…entre autres. D’où la nécessité de mettre en place des plans de formation afin d’accompagner les transformations du champ médiatique et se mettre au diapason de l’ère numérique.
Selon vous, dans quelle mesure le CNP va-t-il contribuer à l’autorégulation du champ médiatique?
Il faut dire que toute institution quelle qu’elle soit ne peut nullement remplir la mission à laquelle elle a été destinée sans l’apport des membres qui y siègent. Outre la compétence, il faut faire preuve de responsabilité et d’engagement. La régulation du champ médiatique nécessite également la rigueur et le respect des règles déontologiques de la pratique journalistique. Comme quoi, nous avons besoin, plus que jamais, d’immuniser le métier de journaliste contre certaines pratiques qui portent atteinte à la profession ou contre ceux qui l’instrumentalisent pour des intérêts étroits et qui s’inscrivent aux antipodes des valeurs nobles de la profession. En plus, le professionnalisme requiert des journalistes bien formés et avertis.