Joe Biden bousculé par l’afflux des migrants

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Après avoir promis qu’une fois élu, il tournerait la page de la pandémie et du marasme économique qui en a découlé, le nouveau président américain Joe Biden se voit fortement critiqué, aussi bien par les républicains que par les démocrates et deux mois à peine après son arrivée à la Maison Blanche, pour le formidable appel d’air qu’a constitué le fameux message par lequel il avait demandé, aux migrants d’Amérique centrale, de ne pas venir aux Etats-Unis « pour l’instant » afin de laisser le temps à son administration de « rebâtir » le système migratoire « démantelé » par son prédécesseur.

Redoublant d’efforts pour paraître différent de ce dernier notamment sur les questions migratoires, Joe Biden avait immédiatement suspendu la construction du mur frontalier voulu par Trump et mis fin au renvoi automatique des demandeurs d’asile dans leurs pays pendant l’examen de leurs dossiers alors qu’en prenant une telle décision, il a offert, à ces derniers, la possibilité de pouvoir rester sur le sol américain en attendant que l’administration statue de manière définitive sur leurs cas. Mais il n’y a pas que çà car le nouveau locataire de la Maison Blanche qui s’était engagé à effacer « une honte morale et nationale » héritée de son prédécesseur – à savoir, la séparation de milliers de familles de migrants –  avait, également, promis de régulariser les 11 millions de sans-papiers déjà présents aux Etats-Unis et de naturaliser les immigrés arrivés très jeunes sur le territoire.

Or, bien que ces deux mesures n’aient que très peu de chances d’être votées par le Sénat, ce sont plus de 10.000 enfants et adolescents sans papiers qui ont déjà été recensés en moins d’un mois. Ce niveau jamais atteint embarrasse fortement des services fédéraux tenus de respecter et de faire respecter les contraintes imposées par la pandémie du Covid-19 alors que tout ce beau monde est entassé dans de grandes tentes et qu’un grand nombre de mineurs isolés arrivent chaque jour.

Fonctionnant depuis plus d’un mois, le camp de Donna, au sud-est du Texas, symbolise à lui seul la poussée migratoire à laquelle s’est trouvée confrontée la nouvelle administration américaine moins de deux mois après l’arrivée de Joe Biden à la Maison  Blanche. Autant dire que l’occasion a été belle pour Donald Trump de défendre sa politique migratoire et d’accuser Joe Biden d’avoir « transformé un triomphe national en désastre national » alors même que « tout ce qu’il avait à faire était de maintenir, en mode pilote automatique, un système qui fonctionne bien ».

Interrogés par l’AFP, à leur arrivée sur le sol des Etats-Unis, plusieurs migrants ont affirmé avoir été encouragés par la promesse faite par Joe Biden d’adopter, à leur égard, une politique beaucoup plus « humaine » que celle qui avait été mise en œuvre par Donald Trump.

Aussi, dans une ultime tentative de « rectifier le tir », Joe Biden a fait part, ce dimanche, de son intention de se rendre à la frontière mexicaine à l’effet de demander aux migrants de ne pas tenter d’y venir et de leur annoncer que son gouvernement allait « rétablir ce qui existait auparavant ; à savoir, qu’ils pourront rester chez eux et faire leur demande depuis leur pays d’origine ».

Or, même si les enfants ne sont plus séparés de leurs parents, les Etats-Unis se trouvent, désormais, confrontés à l’arrivée d’un nombre très important de mineurs isolés dont il va falloir s’occuper puisque quelques 5.200 enfants seraient actuellement retenus dans des centres destinés aux adultes et que, parmi ceux-ci, plus de 600 y sont hébergés depuis plus de 10 jours alors même que la loi n’autorise leur transit que pendant 3 jours tout au plus.

Comment la nouvelle administration américaine compte-t-elle résoudre cet imbroglio ?

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