Jouahri dénonce la spéculation sur le dirham

La date du passage à un régime de change plus flexible sera connue avant fin juin. C’est ce qu’a promis le gouverneur de Bank al-Maghrib, Abdelatif Jouahri, lors du point de presse tenu mardi à l’issue de la réunion trimestrielle.

L’annonce se fera conjointement avec le ministre de l’Economie et des finances juste après l’Aïd. En attendant, le wali de BAM a insinué que la transition sera effective au mois de juillet. Le régulateur aura ainsi tenu sa promesse de passer à ce nouveau régime au deuxième semestre 2017.

Par ailleurs, Jouahri n’a pas caché sa colère suite aux «spéculations» sur le dirham. Lundi, des opérateurs qui voulaient couvrir leurs importations n’ont pas pu s’approvisionner en devises. Jouahri a ouvertement dénoncé les banques qui spéculent sur une dévaluation du dirham. Le wali, qui dit ne pas être content de voir des banques spéculer sur la monnaie nationale, a contacté lundi les patrons de ces institutions. «Ils me connaissent, ils ont compris», lance-t-il. Pour Jouahri, spéculer sur le dirham revient à mettre en doute la crédibilité de la banque centrale et des autorités monétaires.

Ces derniers jours, la crainte de la dévaluation du dirham est montée d’un cran au point que les devises servies quotidiennement par les banques ont atteint pas moins de 1,2 milliard de dirham au cours de ces dernières semaines. Le patron de BAM est en tout cas catégorique : «il n’y aura plus de dévaluation du dirham», a-t-il répété à plusieurs reprises. A en croire Jouahri, les opérateurs n’ont pas à s’inquiéter, surtout que le régime de change plus flexible sera lancé sans dévaluation du dirham. Cela, contrairement à d’autres pays où cette transition s’est faite avec une dévaluation de la monnaie. Celle-ci reste en fait une décision volontaire. «Quand on veut dévaluer, on le fait d’un coup et avant le passage à la flexibilisation», souligne Jouahri. De plus, «un dévaluation serait contre-productive pour l’économie», ajoute-t-il. Pour le patron de la Banque centrale, «tous les prés-requis permettant ce passage sont aujourd’hui satisfaits». Il s’agit de la soutenabilité budgétaire, du niveau des réserves, de la maitrise de l’inflation et de la résilience du secteur bancaire. Cependant, il convient de noter que les réserves de change s’amoindrissent. En effet, les prévisions des réserves ont été revues à la baisse pour assurer la couverture de 6 mois d’importations de biens et services en 2017 et rester proche de ce niveau à fin 2018.

 

Hajar Benezha

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BAM : Le taux directeur inchangé

Sans surprise, le Conseil de Bank Al Maghrib a de nouveau décidé de maintenir inchangé le taux directeur à 2,25%. « Sur la base de son évaluation de l’évolution récente de la conjoncture économique et des projections macroéconomiques de BAM à moyen terme, le Conseil a jugé le niveau actuel de 2,25% du taux directeur approprié et a décidé de le maintenir inchangé, a précisé le wali de BAM. Cette décision a été, en partie, motivée par l’évolution de l’inflation. Celle-ci reste en ligne avec les prévisions de BAM en baissant à 0,3% en avril dernier contre 1,3% en moyenne au premier trimestre 2017. A l’origine, la baisse des prix des produits alimentaires. En revanche, sa composante sous-jacente s’est accélérée de 1,4% à 1,5%.

Par ailleurs, la Banque centrale a également maintenu ses prévisions de croissance. Celle-ci devrait s’accélérer à 4,4% en 2017, après s’être limité à 1,2% l’an dernier. L’optimisme affiché pour la croissance est conforté par les prémices d’une bonne campagne agricole. En effet, le département de l’agriculture table sur un rebond de la production céréalière à 102 millions de quintaux ainsi que sur une valeur ajoutée agricole en hausse de 13,4%. BAM reste aussi optimiste sur l’évolution de la valeur ajoutée non-agricole. Celle-ci devrait progresser de 3,1% à 3,3%.

Selon BAM, le déficit budgétaire s’est allégé de 9,9 milliards à fin avril par rapport à la même période de 2016, grâce principalement à la hausse de 6,8 milliards du solde positif des comptes spéciaux du Trésor. Les dépenses globales ont toutefois connu un léger alourdissement de 0,4%, recouvrant en particulier un accroissement de la charge de compensation et une diminution de l’investissement du Trésor. 

Parallèlement, les recettes ordinaires ont augmenté de 4,5%, résultat d’une amélioration des rentrées fiscales et d’une forte baisse de celles non fiscales, reflétant notamment une diminution des dons CCG de 1,6 milliard à 0,3 milliard de dirhams. Sur ce dernier point, le montant global des dons octroyés au Maroc est en deçà des prévisions. Alors que la loi de finances de 2016 tablait sur 13 milliards, le Maroc n’a bénéficié que de près de 8 milliards.

A moyen terme, l’ajustement budgétaire devrait se poursuivre, le déficit devant, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, s’alléger à 3,6% du PIB au terme de 2017 et à 3,4% en 2018. Et après la tendance haussière entamée en 2009, la dette du Trésor devrait se stabiliser à moyen terme pour représenter 64,4% du PIB en 2017, avec une stagnation de sa composante intérieure à 50,6% du PIB et une diminution de celle extérieure de 14,1% à 13,8%, a fait savoir M.Jouahri, estimant qu’en 2018, elle devrait se maintenir à 64,4% du PIB, recouvrant une baisse de sa composante intérieur à 49,8% du PIB et une hausse de celle extérieure à 14,5%.Quant à la dette publique, son ratio au PIB devrait revenir de 81,4% en 2016 à 80,9% en 2017 et à 80,8% en 2018, a-t-il précisé. Mais dans ce tableau rose, quelques taches sombres. C’est le cas du déficit commercial qui s’est creusé en glissement annuel de 9,1 milliards de dirhams sur les cinq premiers mois de l’année. Cela s’explique particulièrement par  la forte hausse de la facture énergétique et, dans une moindre mesure, par la poursuite du rythme élevé des acquisitions de biens d’équipement.

H.B

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