La Croatie en bronze, le Maroc, héros ambitieux

Après l’argent de 2018, le bronze: la Croatie a clos un nouveau Mondial réussi en battant samedi à l’expérience des Marocains (2-1) qui rêvent d’un avenir joyeux après avoir écrit l’histoire du football africain.

L’équipe de Walid Regragui restera comme la première sélection africaine dans le dernier carré d’un Mondial, après avoir écarté la Belgique, l’Espagne et le Portugal puis mis à mal en demi-finale le champion sortant français (2-0).

« On est dans les quatre meilleures équipes du monde… Si tu m’avais dit ça avant le Mondial, tout le monde aurait signé », a commenté le sélectionneur, conscient que désormais, sa mission sera de ramener tout le monde « les pieds sur terre ».

Car la route de cette équipe ne s’arrête pas là. Walid Regragui a immédiatement fixé un objectif à ses joueurs dans le vestiaire: « Si vous voulez entrer dans l’histoire, il faut gagner une coupe d’Afrique des nations », être « roi chez soi » avant de penser à être « roi du monde ».

Regragui en est convaincu: un pays africain peut inscrire son nom au palmarès de la Coupe du monde d’ici « quinze, vingt ans ». A condition de continuer à travailler, de gagner en expérience en participant à des tournois afin de se bâtir l' »ADN de la victoire », de gommer « les détails » qui font encore la différence avec des équipes comme la Croatie ou la France.

Mais samedi, « la marche était un peu haute » encore, a-t-il reconnu. Par manque d’expérience justement et parce que cette épopée, qui a soulevé l’enthousiasme au Maroc, dans le monde arabe et dans la diaspora, a usé les organismes.

Les Marocains ont terminé sur les genoux, plus assez lucides pour exploiter leurs assauts et égaliser en fin de rencontre.

Après avoir bâti leur parcours sur une organisation sans faille et une grosse solidité défensive, les deux équipes se sont livrées.

Et à ce jeu-là, les Marocains, qui ont fini avec un seul défenseur de métier sur la pelouse, Jawad el-Yamiq étant sorti (67) pour rejoindre à l’infirmerie Nayef Aguerd et Romain Saïss, se sont montrés plus naïfs, dans un match ouvert mais finalement pauvre en occasions.

Les vice-champions du monde sortants ont cadré quatre tentatives, les Marocains deux.

Le premier but est venu d’une combinaison sur un coup franc par-dessus la défense de Lovro Majer qui a pris à défaut la défense privée de ses cadres: Ivan Perisic plaçait dans une position idéale le jeune défenseur central Josko Gvardiol, lequel, de la tête, seul, venait mettre une cerise sur le gâteau d’un Mondial épatant qui ne devrait pas le mettre loin de l’équipe-type du tournoi (7, 1-0).

Après l’égalisation d’un autre défenseur central Achraf Dari(9, 1-1), le deuxième but croate devait autant au splendide brossé du droit de Mislav Orsic (42) qui trouvait l’intérieur du poteau opposé de Yassine Bounou, qu’à une des trop nombreuses pertes de balle marocaines.

Cette offrande peut laisser autant de regrets que de promesses d’avenir: elle est le fait de Bilal el-Khannous, 19 ans à peine, qui étrennait sa première sélection. La titularisation du milieu de Genk, chaleureusement félicité par l’entraîneur Walid Regragui, incarne la volonté du sélectionneur de bâtir sur ce Mondial.

« Il faudra revenir encore plus fort, les gens vont nous attendre », a-t-il dit.

Si cette équipe manque d’un vrai buteur, comme l’a montré le face à face perdu par Youssef en-Nesyri devant Dominik Livakovic en deuxième période, le Maroc, en plus d’un collectif cohérent, ne manque pas d’individualités avec Achraf Hakimi, Kakim Ziyech, Sofiane Boufal ou Noussair Mazraoui, ou le milieu Sofyan Amrabat auteur d’un tournoi somptueux en sentinelle devant la défense.

La Croatie peut également s’enorgueillir de son parcours. L’équipe de Zlatko Dalic a montré que sa finale de 2018, perdue contre la France, n’était pas un accident. Et elle pourra encore compter un peu sur son chef d’orchestre, Luka Modric, 37 ans, qui a dit sa volonté de continuer.

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