La pression conduit à l’explosion, a-t-on toujours dit en périodes troubles. Notre pays semble bien avoir finalement compris ce qui est en train de bruire dans les foyers endoloris et les rues agitées. On ne saurait indéfiniment continuer à faire comme si de rien n’était. La crise est entre nos murs et risque, à tout moment, de déclencher l’irrémédiable.
Le regretté vendeur ambulant tunisien, Mohamed Bouazizi, qui s’est brusquement immolé, en pleine émeute du jasmin, ne savait, peut-être pas qu’il allait mettre le pays à feu et à sang, en un déclic incontrôlable, par la suite. Chez nous, il y avait aussi le défunt poissonnier, Mohcine Fikri dont la mort tragique aurait pu conduire à des réactions encore plus dramatique.
Un beau matin, on se rend compte donc que le malaise des gens est sérieux et que le crash est quasi- imminent. La tension montait d’un cran et augurait, à l’horizon proche, un cruel désastre. Comme en mars 2011, l’alerte salutaire ne tardait pas à crever l’abcès et enfantait une nouvelle constitution dont la majeure partie des contenus, en revanche, est renvoyée aux calendes grecques. Il ne servait à rien d’adopter une loi suprême très avancée, pour ne pas s’en servir ! Des discours aussi incisifs que leur précédent de l’ère des révoltes du printemps démocratique ont vite focalisé l’attention sur ce qui n’allait pas. L’élément humain des couches déshéritées est à présent au cœur du modèle de développement qu’on se prépare à prôner.
La prise de conscience est à l’ordre du jour!
Le son de cloche ne se fait pas attendre, dans le concret. La loi des finances soumis à l’hémicycle, renferme des améliorations en direction des secteurs en détresse, notamment l’éducation et la santé. Le nouveau souffle souhaité avec insistance paraît se profiler à l’horizon, à la satisfaction d’un peuple accablé par l’abandon. Des lueurs d’espoir en perspective, certes, mais sans, pour autant, réparer l’essentiel. On élude, sans doute, l’émeute qui arrive, à grand pas.
Cependant, on persiste encore à détenir les ficelles de la mainmise, quoique des signes de libération soient annoncés. On ne peut prétendre absorber la colère des populations, sans avoir libéré la notion politique de toute prise de conscience. L’argent débloqué en faveur des « émeutiers », ne pourrait, à lui seul, parer aux maux d’une nation qui se veut engagée dans le sillage de la démocratie, alors que la question politique est toujours barricadée, au service de ses ennemis. Le préambule de l’éclaircie escomptée est avant tout politique, avant d’être autre chose. La prise de conscience doit impérativement passer par là!