L’appel à la révision de l’article 47 de la Constitution est malsain

Benabdallah à «Confidences de presse» sur 2M

Le Secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme était, dimanche soir, l’invité. De l’émission «Confidences de presse» sur la chaine 2M. Mohamed Nabil Benabdallah était interrogé par Abdallah Tourabi, animateur de l’émission, et deux journaliste Mohamed Ahadad (Al Massae) et Mohamed Laghrouss, directeur du site «al3omk.com».

Les principales questions abordées lors de cet entretien avaient trait aux rapports entre le PPS et le PJD, la cohésion de la majorité gouvernementale, la nature des alliances d’aujourd’hui, les éventuelles alliances à venir ainsi que la perte de crédibilité de l’action et de la pratique politiques et la conjoncture politique actuelle, marquée par la dégradation de la situation sociale, et ses perspectives. A cela il faudra ajouter la crise des enseignants contractuels et les résultats du dialogue social.

Le SG général du PPS a, de nouveau, répondu à des questions qui reviennent sans cesse sur les rapports avec le PJD et avec l’ex-chef de gouvernement Abdelilah Benkirane, ou encore avec l’actuelle majorité gouvernementale etc.

Le leader du PPS a rappelé, d’abord, que Abdelilah Benkirane, quand il a été chargé par SM le Roi, de former le gouvernement, s’est adressé, en premier lieu, aux partis de la Koutla démocratique (USFP, Istiqlal et PPS). Son offre a été déclinée par les deux autres partis, dont l’un a rejoint le gouvernement El Otmani, en 2017. «Que s’est-il passé, depuis 2011 pour avoir changé de position et de rentrer au gouvernement par la fenêtre, alors que la porte était grand ‘ouverte» à cette formation six ans auparavant?

De l’autonomie de décision

Benabdallah a vivement défendu le droit du PPS à la souveraineté de ses décisions, dont le choix de ses alliances.

Ainsi, pour des raisons de compréhension de la scène politique, il est revenu à l’année 2008 quand le Maroc « disposait d’un Exécutif qui était à la hauteur « et avait fait de «bonnes réalisations». Il a fallu, donc, l’injection dans le corps politique d’un nouveau-venu pour interférer dans la situation politique.

Depuis, tout se résume au « manque d’autonomie des partis politiques » et l’acceptation de subir ordres et pressions par certains partis, pourtant qui se disaient jaloux de leur indépendance.

Les partis politiques, notamment ceux qui prétendent être sérieux, doivent regagner leur «autonomie de décision» et qu’ils ne soient pas « forcés d’accepter» les interventions extérieures. «Qu’on les laisse travailler » et c’est le peuple qui les jugera sur les faits.

C’est ainsi que le PPS, qui a payé fortement ses positions politiques courageuses, espère encore que l’on mette terme à cette parenthèse pour aller de l’avant.

C’est cet état de fait qui a, selon l’invité de l’émission, aggravé la mauvaise perception, par l’opinion publique nationale, des formations politiques et de leurs prestations.

Aujourd’hui, cela se traduit «au sein du gouvernement» par des confrontations entre le parti du chef du gouvernement avec quatre formations de la majorité… alors que le pays «a besoin de réformes et d’un nouveau souffle démocratique» pour parer aux urgences et au plus important «en matière d’éducation, d’enseignement, d’emploi et, notamment, de modèle de développement, l’actuel s’étant essoufflé».

Les rapports avec le PJD

Et, valeur d’aujourd’hui, Nabil Benabdallah a affirmé, d’emblée, qu’«il n’y a pas de divergences, actuellement, avec le PJD».

A une question sur le rôle du PJD lors du dernier vote pour la présidence de la commission parlementaire des finances, Nabil Benabdallah a rétabli la vérité. La responsabilité de la situation qui a prévalu incombe totalement à la présidence de la Chambre des représentants qui, contrairement aux autres votes, n’a pas cherché le consensus et préféré le passage de vote, alors que le Groupement parlementaire du PPS ne réclamait qu’un droit imprescriptible, consacré par l’article 64 du règlement intérieur de la Chambre. Car au même titre qu’un groupe parlementaire, un groupement a le même droit de présenter un candidat (e) à la présidence de toute commission parlementaire.

A cela, l’orateur a ajouté le fait que «d’autres parties, qui étaient sensées renforcer la présence de sensibilités de gauche,  font exactement le contraire et tentent d’affaiblir le PPS».

Les alliances

Sur les futures alliances, Benabdallah a été clair. Nous continuerons à privilégier des accords avec les partis démocratiques qui souhaitent apporter une valeur ajoutée à l’espace démocratique et social. Il s’agit d’abord d’une plateforme politique autour de laquelle il faudra réunir tous ceux qui désirent servir, convenablement et sérieusement, le pays et le peuple.

Il a estimé que aujourd’hui, avec le Parti de l’Istiqlal, la conjoncture est plus favorable pour envisager de nouvelles alliances ouvertes sur les forces qui veulent la démocratie et le changement au profit du pays et du peuple.

Répondant à une question sur l’attitude du PPS concernant le FGD et l’extrême gauche, Benabdallah a estimé que, 50 années après l’on nous demande encore et toujours de «faire notre autocritique sur des questions politiques, dont notamment l’attitude vis-à-vis des institutions, auxquelles elles participent aujourd’hui» et en tirent profit. Sans commentaire.

Aussi, pour le PPS, ajoute Benabdallah, ce qui dicte nos alliances, ce ne sont pas nos intérêts égoïstes mais ceux de la patrie et du peuple». Autrement, «nous aurions dû quitter le gouvernement» après le départ des ministres du Parti du gouvernement (Benabdallah et Louardi) ou encore avec la suppression du poste ministériel de Charafat Afilal.

Et si le PPS est encore au sein du gouvernement, c’est parce qu’il veut poursuivre «l’élan des réformes et construire» pour le bien du pays et du peuple.

Cette ligne de conduite a été vérifiée tout au long du parcours du Parti, depuis le Parti communiste Marocain à aujourd’hui.

Sur l’article 47 de la Constitution

Pour ou contre? Le dirigeant du PPS s’est d’abord interrogé sur le pourquoi de la révision de ce seul article de la Constitution, alors qu’il y a d’autres qui ont besoin d’amélioration ou d’actualisation. Il voit, dans cette tentative, de la part de ceux qui préconisent cet amendement, ont dans le viseur un parti politique, le PJD pour ne pas le nommer, qu’ils veulent réduire drastiquement, voire supprimer, de la scène politique nationale. Il s’agit, selon lui, d’une «approche malsaine». Alors que la seule méthodologie démocratique est de le faire par la voix des urnes. C’est pourquoi, le dirigeant du PPS affirme que «la politique est un ensemble de valeurs et de morale», en premier lieu.

Dans ce cadre, il a appelé toutes les composantes du champ politique à «concentrer les efforts sur les intérêts des citoyennes et des citoyens et sur les réformes qui intéressent le peuple, dont le fondamental réside dans les changements sociaux et économiques».

Ce qui se passe au gouvernement est «une campagne électorale avant termes», en prévision de 2021, alors que les grands chantiers, économiques et sociaux, attendent. Et de dire qu’il n’y a pas «d’alternative» à la vie saine et démocratique. Par contre, «l’alternance» a toute sa place dans l’échiquier politique.

Le dialogue social

Sur les résultats du dialogue social, Nabil Benabdallah a affirmé que «nous avons perdu plusieurs années, alors que le gouvernement Benkirane avait proposé «beaucoup plus et mieux» que l’actuel accord (en matière de hausses des salaires et même des allocations familiales qui étaient de 100 DH par enfant mais applicable jusqu’à cinq (5) enfant et non trois (3) » comme convenu dans l’accord du 25 avril.

Cela est dû à «une surenchère» de l’époque, politique et syndicale, qui voulait accentuer «le blocage». Et voilà, encore, un exemple qui a privé les travailleurs de bénéficier d’un accord possible, il y a quelques années.

Les enseignants contractuels

S’agissant des enseignants contractuels, le dirigeant du PPS a hautement souligné la décision prise par la Coordination nationale pour reprendre le travail lundi (hier). «La fin de la grève et le retour aux classes est de nature à éviter le spectre de l’année blanche».

Il a toutefois souligné la responsabilité du gouvernement «qui a accusé un retard dans le traitement de ce dossier, objet d’une mauvaise gestion, dès le départ». Nous avons prévenu, au sein du gouvernement comme à l’extérieur, que cela n’a rien à voir avec «l’éducation non formelle» et les profs destinés à «combler les déficits». Nous avons insisté sur les «mêmes droits et devoirs» pour les contractuels et les fonctionnaires et non pas seulement au niveau des salaires. Le retard de l’octroi de ces droits a «aggravé la crise».

Pour lui, la raison de ce retard est du au fait qu’au sein du gouvernement, il ya des voix qui défendent l’équilibre budgétaire. Il a aussi rappelé que la fin de la grève des enseignants contractuels et leur retour aux cours « doit s’accompagner d’une réforme globale et profonde de l’enseignement », invitant à introduire les changements escomptés.

Le Hirak du Rif

Sur la question du Rif et des lourdes sentences prononcées contre les militants du Hirak d’Al Houceima, Nabil Benabdallah a préconisé de «tourner la page» et oublier cette triste expérience, par l’adoption de positions «courageuses» de part et d’autre, sans extrémisme ni exagération, pour faire aboutir les démarches entreprises, notamment en coordination avec des milieux démocratiques.

Mohamed Khalil

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