L’échec social, que notre pays n’arrête pas de concéder, conduit sans doute, au reniement même des fondements de la Nation. En fait, le malaise collectif qui incite d’une manière systématique, à la colère déchaînée, parmi les populations, en particulier les jeunes, ne peut que générer un sentiment de rejet des symboles identitaires de la patrie.
Cet état d’âme désolant est d’autant plus gravissime qu’il conquiert, progressivement, tous les lieux de rencontres des flots humains, traduisant une profonde réaction de désarroi «cérémonieuse». Sans réaliser l’ampleur grossière de ces actes, la foule enflammée célèbre sa propre dégénérescence!
Aussi bien dans la rue que devant les bâtisses des instances administratives, des nuées de contestataires maudissent non seulement leurs conditions de vie alarmantes, mais s’en prennent aux emblèmes sacrés. Même sur les gradins des stades, des fans conspuent l’hymne national et profèrent à tue-tête des slogans hostiles aux assises du Royaume. De surcroît, on hue l’institution marocaine, brandit le fanion étranger et immole sans gêne, le drapeau national. C’est dire combien la flamme de l’appartenance à la patrie s’estompe dans le cœur des protestataires. Certes, comme disait Voltaire, « la foule est méchante ! », cet émoi général qui s’empare des jeunes, peut souvent entraîner des excès incontrôlés. Cependant, quand le coup de gueule récrimine les fondamentaux d’appui sur lesquels repose l’essence de la nation, on est bel et bien, en pleine déchéance des valeurs sociétales qui unissent les individus autour du piédestal référentiel.
Ce phénomène de refus d’allégeance à la patrie, qui prend petit à petit des proportions préoccupantes, en matière de propagation et de contagion, tend à démunir les générations montantes de tout esprit de dépendance patriotique. Ce constat se révèle, chaque jour, par une forte envie des jeunes d’enfourcher les barques de la mort vers des «paradis» illusoires. De même, cette répulsion galopante qui ne cesse de proliférer périlleusement dans les milieux des jeunes, est en passe de constituer une entité sans âme vivifiante. Comment peut-on alors fonder une nation forte et agissante, alors que ses fils naissent dans l’abandon social et la fracture sociétale?
Le manque à gagner à cet égard est énorme ! Les déboires que le pays a cumulés, des décennies durant, en termes d’injustice sociale, ont fini par altérer cette affectivité patriotique, naguère fortement cimentée au cœur du mouvement national. La notion de l’appartenance à la patrie perdait de sa notoriété, au fil des jours, en face de la mise en place des politiques de paupérisation et de disparité sociale et territoriale. A la longue, on ne croit plus à rien et on n’a plus confiance en personne, comme dirait-on : «la misère a failli se transformer en mécréance !». Le retour à la patriorisation du peuple passe inévitablement par la résorption des maux quotidiens de la société, mais aussi par la réappropriation des valeurs perdues.