«L’Etat peut faire mieux en termes de soutien financier des entrepreneurs»

Youssef Moummad, porteur de projet à l’ère de la Covid-19

Abandonner la sécurité salariale pour se lancer dans une aventure entrepreneuriale reste incertain, notamment dans ces circonstances particulières dues à la pandémie. Quelle est la situation des jeunes entrepreneurs ? Comment peut-on estimer l’efficacité du soutien financier accordé à ces derniers ? Porteur de projet à l’ère de la Covid-19, Youssef Moummad nous parle de son expérience.

Propos recueillis par Aya Lankaoui

Al Bayane : Comment est née votre envie de création d’entreprise ?

Youssef Moummad : L’idée de création de mon entreprise « YEM CONSULTOR » est venue après une longue réflexion. Car j’ai passé 15 ans dans le salariat, que je juge enrichissant en termes d’expériences et des acquis certes, mais la liberté voulue n’était pas atteinte et mes ambitions et objectifs professionnels tracés auparavant étaient difficiles à réaliser dans ce cadre. C’est pour cela que j’ai commencé à réfléchir à un autre moyen pour arriver à la satisfaction de soi et à la concrétisation de mes ambitions. Et bien évidemment, la solution était de se lancer dans l’entrepreneuriat et de créer ma propre entreprise que je pourrais gérer à ma manière et à mon rythme.

En quoi consiste votre projet ?

Mon projet consiste à la création d’une plate-forme qui offre une panoplie de services spécialement dédiés à la TPME et aux jeunes porteurs de projets. Ces services sont sous forme de packs avec un abonnement annuel et qui contiennent tout ce dont un entrepreneur a besoin (accompagnement, formation, conseils, coaching..).

Quels sont les défis et obstacles que vous avez rencontrés, notamment avec la pandémie Covid-19 ?

Malheureusement, la pandémie Covid19 a impacté plusieurs secteurs d’activités et plusieurs entreprises, spécifiquement les TPME fragiles et non structurées, ce qui a limité le champ d’activité de mon entreprise et qui a baissé d’une manière importante le nombre de mes clients, et par conséquent mon chiffre d’affaires. 

Il ya aussi le défi de développer et d’inculquer le mode de formation et des réunions à distance au lieu du présentiel, et qui constitue un nouveau mode inhabituel par mes clients, qui croient toujours au contact physique et à la communication face to face.

 Le volet financier aussi constitue un obstacle et en même temps un défi de taille pour confronter les charges fixes et variables de l’entreprise, sachant que la balance de trésorerie d’une entreprise jeune n’est jamais équilibrée entre les charges et les produits (ou revenus).

En tant que porteur de projet, que pensez-vous de l’accompagnement financier de l’Etat et du secteur bancaire à l’égard des jeunes entrepreneurs ?

L’Etat fournit beaucoup d’effort pour la création de richesse et pour accompagner les porteurs de projets financièrement à travers les fonds de garantie et les programmes de financement existants. Notamment, le programme Intelaka certes, mais ces fonds ne sont pas toujours accessibles, faute des conditions exigeantes des banques à qui l’Etat a délégué le placement, ou manque de communication et de transparence par rapport aux conditions d’octroi. Je constate aussi que la plupart des TPME et des porteurs de projets ignorent l’existence de ces prêts.

Pour moi, l’Etat peut faire mieux en termes de soutien financier des entrepreneurs, à travers l’accélération de la validation du texte d’application de la solution « Crowdfunding » ou le financement collaboratif, qui représente une solution prometteuse sachant qu’elle a donné ses preuves dans d’autres pays. Aussi, l’encouragement de la création des fonds d’investissement destinés à accompagner les start-up et les entreprises jeunes pour leur donner une bouffée d’oxygène et un espoir pour se développer et assurer une pérennité dans le temps.

Je suis confiant que le Maroc a  parcouru un long chemin et le meilleur est à venir avec le nouveau modèle de développement qui sera la feuille de route vers le rayonnement du royaume et vers son développement.

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