Chaque année, le 9 mars, le monde célèbre la Journée mondiale du rein. La célébration de la 12e édition de cette journée est l’occasion de s’arrêter sur l’insuffisance rénale dont l’une des causes est l’obésité. En effet, des études ont démontré clairement que les personnes obèses ont deux fois plus de risque de souffrir d’insuffisance rénale que les personnes qui ne le sont pas. Pour quelle raison l’obésité intervient – elle comme un facteur de risque important aujourd’hui d’insuffisance rénale ? Comment éviter si on est en surpoids ou obèse d’arriver justement à l’insuffisance rénale ? Par quel mode de vie éviter d’aller vers la dialyse ? Décryptage dans ce dossier.
Lancée à l’initiative de l’International Society of Nephrology, la Journée mondiale du Rein vient à point nommé pour permettre de sensibiliser encore plus nos concitoyens à l’importance des maladies rénales, qui rappelons le sont des maladies silencieuses qui évoluent à bas bruit et dont le diagnostic tardif multiplie les conséquences. Il arrive souvent que nombre d’entre elles ne soient dépistées qu’à l’approche du stade terminal et, dans ce cas, le recours à la dialyse est rendu obligatoire, dans l’attente d’une greffe.
Ces maladies rénales ne sont pas le résultat du hasard, du mauvais sort, mais sont inhérentes à nos modes de vies actuels. Notre alimentation est déséquilibrée, nous sommes devenus de plus en plus sédentaires sans oublier le tabagisme qui est un facteur aggravant des maladies rénales.
L’obésité, un réel problème de santé publique
L’obésité est devenue une épidémie mondiale. Plus de 600 millions de personnes dans le monde ont été touchées par l’obésité et ce nombre devrait augmenter de 40% ou plus au cours de la prochaine décennie.
Si on se réfère aux résultats de la dernière enquête réalisée par le ministère de la Santé sur l’obésité au Maroc, celle-ci a montré que 13,3% des Marocains sont obèses. Cette prévalence est de 19,1% chez les femmes et 7,3% chez les hommes. Par ailleurs, 26% présentent un surpoids, soit au total 39,3% de Marocains qui ont un poids supérieur à la normale. Ces chiffres sont à revoir à la hausse car cette étude a été réalisée en l’an 2000. Les femmes sont plus touchées que les hommes et les urbains plus que les ruraux. La fréquence de l’obésité et du surpoids, au Maroc, a connu une évolution très significative depuis quelques années.
Obésité et insuffisance rénale
L’obésité peut causer des maladies rénales chroniques, en induisant ou en aggravant le diabète et l’hypertension qui sont des facteurs de risque de maladie rénale ou en atteignant directement les reins, d’où sa gravité.
L’organisation Mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme et ne cesse de rappeler que l’obésité et le surpoids sont de réels problèmes de santé publique, tout comme l’hypertension artérielle, le diabète et les maladies rénales chroniques. Des études ont démontré qu’il existe un lien entre la prise de poids (l’obésité ou surpoids) et le risque d’insuffisance rénale chronique.
Qu’en est – il Au Maroc ?
Au moins 3 millions au Maroc souffrent d’une maladie rénale chronique.
Plus de 20.000 malades sont dialysés dans 200 centres publics et privés, 4.000 nouveaux malades nécessitent chaque année un traitement par dialyse …
Ces dialyses engendrent des coûts de plus en plus chers. Les organismes d’assurances maladies ne cessent de rappeler qu’elles consacrent une part importante à ces traitements. Le ministère de la santé pourra –t – il toujours assurer la dialyse aux malades démunis dont le nombre augmente d’année en année ? La dialyse est – elle la solution ?
L’insuffisance rénale pose à l’évidence un réel problème. C’est un enjeu économique et social auquel des réponses et des solutions adaptées doivent être apportées.
Un mécanisme dévastateur
Quand une personne constate qu’elle est en surpoids, la meilleure attitude, la plus sage est de consulter son médecin traitant. Si on prend l’exemple d’une personne mesurant 1metre 58 cm et ayant un poids de 80 Kg, pas besoin d’être un savant dans ce cas pour comprendre que c’est énorme et que ca peut entrainer des conséquences.
Quelqu’un qui est en surpoids a généralement de la graisse abdominale. Dans cette graisse, il y a de petites protéines que les spécialistes désignent sous le nom de cytokines, qui vont déclencher des inflammations des petites unités du rein appelées néphrons qui altèrent le filtre rénal et le rein devient un vrai passoir et il laisse passer des protéines qui devraient normalement retenir le sang et toute cette inflammation des néphrons va conduire à leur sclérose et aboutir à l’insuffisance rénale chronique.
Un autre fait majeur, c’est que les malades qui ont un surpoids, développent plus particulièrement que les autres, une hypertension artérielle et un diabète.
Ces deux maladies chroniques ont un effet toxique sur le rein, ce qui fait que le trio obésité, diabète et hypertension artérielle, est extrêmement dangereux pour le rein.
On comprend dès lors toute l’importance d’un dépistage précoce qui permet d’agir avant l’apparition de complications.
L’importance d’un dépistage précoce
Comme l’insuffisance rénale se caractérise par une absence de symptômes, une maladie dite sournoise et muette, un dépistage précoce est vivement recommandé. Il ne s’agit pas de faire des examens à tout le monde, mais de cibler les populations à risques.
Ce dépistage est facile, ne nécessite pas des coûts énormes. Il peut se faire au niveau des dispensaires et des centres de santé, des cabinets médicaux. Ce n’est pas un dépistage de masse.
Ce dépistage doit concerner en particulier, les personnes à risque de maladie rénale, parmi lesquelles les personnes diabétiques et les personnes obèses. Il consiste à dépister une maladie rénale par une recherche annuelle d’une protéinurie, c’est-à-dire un échantillon d’urine, et d’autre part, d’un dosage de la créatinine, qui est un marqueur sanguin. Il permet d’obtenir facilement une estimation de la façon dont les reins fonctionnent. En outre, l’objectif de ce dépistage permettra de mettre en place le plus tôt possible des mesures préventives : traitement médicamenteux, rééquilibrage alimentaire ou encore activité physique.
Prévenir, pour mieux protéger ses reins
Les personnes qui sont en surpoids doivent absolument perdre du poids. Il faut avoir une vie saine, une alimentation équilibrée, ne pas manger trop salé, ne pas fumer.
C’est très important eu égard aux rôles des reins, mais aussi à leur fragilité, leur sensibilité. Il faut donc boire au moins 1 litre d’eau par jour, avoir une activité physique régulière.
Ce sont des éléments importants qui vont empêcher la progression de la maladie, surtout quand on est à un stade avant l’apparition du diabète ou de l’hypertension artérielle. C’est dire toute l’importance que revêt aujourd’hui le dépistage, surtout pour toutes les personnes à risque.
Il n’y a pas de formule magique pour être en bonne santé. Il faut respecter certains principes qui sont élémentaires, connus de toutes et de tous pour être en bonne et parfaite santé. Cela est encore plus valable pour nos organes vitaux tels le cerveau, les poumons, le cœur et les reins, et donc adoptons un mode de vie sain pour avoir des reins sains.
Pour bien prévenir toutes sortes de maladies, les citoyens doivent être bien informés, sensibilisés. C’est dire toute l’importance de la communication, du rôle que doivent jouer les médias dans la prévention des maladies rénales.
Les émissions radio, reportages TV, dans toutes les langues ( Arabe – Français – Amazigh ….) sont autant de moyens efficaces pour permettre la sensibilisation de notre population pour mieux protéger leurs reins. L’information servira aussi à démystifier à cette terrible maladie et à la rendre plus reconnaissable par le plus grand nombre.
Le rein : un organe très important
On ne cessera jamais de le répéter, le rein est un organe très important. C’est lui qui filtre le sang, qui élimine du coup les toxines du sang et qui a aussi d’autres fonctions que l’on connait nettement moins. Il faut savoir par exemple que c’est le rein qui régule la tension artérielle, en produisant de la rénine, qui est une hormone qui va contrôler la tension.
Le problème avec le rein, c’est que cet organe ne réagit pas quand ca va mal, à l’exception des calculs rénaux, qui eux sont extrêmement douloureux et de certains types de cancers.
Les reins souffrent en silence, et quand on le réalise, c’est généralement trop tard. C’est pourquoi, il faut agir vite.
Pour en savoir plus
L’association REINS qui lutte contre les maladies rénales organise une conférence – débat sur l’obésité et les maladies rénales ce Jeudi 9 Mars à 10h. Celle-ci sera consacrée à l’Information et la Sensibilisation. Elle sera marquée par une rencontre avec la société civile, les associations des centres de la Fondation Mohamed V pour la solidarité de la Région Casablanca-Settat.
Le déroulement de l’étude
L’étude, dirigée par des Coréens, a été réalisée sur plus de 60 000 adultes (ayant plus de 18 ans), des deux sexes en bonne santé et avec des IMC (Indice de Masse Corporel) différents et s’est établée sur 7 ans.Ainsi, sur les patients suivis, 906 participants ont développé une insuffisance rénale chronique (IRC).
Ouardirhi Abdelaziz