Ses rivaux dénoncent une atteinte à l’équité
Président ou candidat? La question déchaîne les adversaires et les soutiens d’Emmanuel Macron, qui donne un long entretien-bilan à TF1 mercredi soir, cependant que ses rivaux dénoncent une atteinte à l' »équité » du temps de parole.
L’interview intitulée « Où va la France? », enregistrée dans les conditions du direct mais malgré tout montée, doit permettre à M. Macron de « répondre aux questions que se posent les Français » et de s’exprimer « sur la manière dont il a vécu son quinquennat » et « sa vision de l’avenir », selon le groupe TF1.
Ce ne sera « pas une interview politique classique, ce ne sont pas des questions et des réponses. Vous avez des images, des sons, des photos, c’est une émission avec des écrans à l’Elysée », a détaillé mercredi sur France Inter Thierry Thuillier, directeur de l’information de TF1.
« Deux grandes crises, celle des gilets jaunes et la pandémie » de Covid-19, seront notamment abordées.
« Toutes les questions ont été posées, toutes les petites phrases qui ont scandé ce quinquennat ont été posées », a assuré M. Thuillier.
« Qui peut croire qu’un bilan n’est pas un acte de campagne? J’espère qu’on n’est plus au temps de l’ORTF, j’espère qu’il y a des règles d’équité, de loyauté », s’est indigné le chef de file des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau, mercredi sur France 2.
M. Macron « est chef de l’Etat jusqu’au bout de son mandat » au printemps 2022, l’avait défendu l’eurodéputée macroniste Nathalie Loiseau quelques minutes plus tôt sur RFI.
Dans ce match entre prétendants à l’Elysée et le Président, qui n’a pour l’heure pas officialisé sa volonté de briguer un second mandat, plusieurs protagonistes ont déjà fait appel à l’arbitre, en saisissant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).
« A l’évidence, cette émission ne s’inscrit pas dans l’exercice de la charge de président de la République mais bien dans le cadre de l’élection présidentielle à venir », a ainsi attaqué Valérie Pécresse.
La candidate Les Républicains à la présidentielle a été rejointe par son rival écologiste Yannick Jadot, qui a annoncé sur Twitter saisir le CSA, au nom de l' »équité ».
« Si le CSA voulait être objectif, il décompterait les deux heures de ce (mercredi) soir qui sont des heures de propagande électorale », a fustigé mercredi le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour sur RTL.
La veille, le CSA avait tenté de calmer le jeu en rappelant ses règles de décompte du temps de parole.
« Pour la dernière prestation télévisuelle qu’il (Emmanuel Macron) a faite, on a séparé dans ses propos le temps de parole strictement régalien, quand il a parlé de la pandémie, de la vaccination », a expliqué à l’AFP son président Roch-Olivier Maistre.
A l’inverse, « quand il est rentré plus dans le débat politique national, on l’a comptabilisé. Mercredi soir, on fera pareil », a assuré le patron du CSA.
Par conséquent, selon M. Thuillier, « il n’est pas tout à fait exact de dire que l’émission ne va pas être comptabilisée en termes de temps de parole ».
A quatre mois du premier tour de l’élection présidentielle (10 avril 2022), l’événement politico-médiatique ne manque pas de relancer les spéculations sur une annonce formelle de la candidature de M. Macron à sa propre succession.
« Depuis septembre, le Président fait campagne matin, midi et soir avec le chéquier de la France », s’est ainsi insurgé le député LR de la Manche, Philippe Gosselin, mardi lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.
« Laissez chacun s’exprimer et laissez les Français juger! », lui a rétorqué Gabriel Attal dans un hémicycle houleux.
« On est en décembre, pas encore en janvier. Les règles du CSA sont très claires », a martelé le porte-parole du gouvernement.
Dès le 1er janvier, en vertu d’une recommandation du CSA publiée en octobre en vue du scrutin de 2022, « le principe d’équité doit être respecté à la fois pour le temps de parole et pour le temps d’antenne ».
Autre axe de défense de l’exécutif: la comparaison avec l’intervention du président Sarkozy qui, en janvier 2012, alors qu’il n’était pas encore candidat à sa réélection, avait participé à une émission diffusée sur huit chaînes.
« Macron aime parler tout seul. Il est servi », a tranché le candidat Insoumis Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.