L’Université Al Akhawayn a organisé, le jeudi 21 février à Rabat, la cérémonie de clôture du projet européen Horizons 2020, relatif à l’architecture stratégique en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (Menara). Un Projet de recherche financé par l’Union Européenne étudiant les dynamiques de sécurité et stabilité régionales en Afrique du Nord, au Sahel et au Moyen-Orient.
La conférence a connu la participation de Driss Ouaouicha, président de l’université Al Akhawayn à Ifrane, Alessio Cappellani, ministre conseiller chef de délégation adjoint de l’Union Européenne auprès du Royaume du Maroc, ainsi que de plusieurs acteurs de premier plan et une multitude de chercheurs, académiciens, experts et diplomates de différentes nationalités.
Lors de ce conclave, onze problématiques ont été élaborées en trois grands panels, portant sur l’Afrique du Nord en transition, les perspectives de la sécurité au Maroc et la violence politique en Afrique du Nord et au Sahel. Etant en rapport avec les changements géopolitiques, l’ordre régional, les transformations nationales et les risques majeurs qui menacent la région MENA, les interventions ont concerné principalement le radicalisme, la mouvance djihadiste et les trafics dans le Sahel, les trafics humains, les combattants marocains à l’étranger et le futur des relations Algérie-Maroc. Pour ce dernier point, Nizar Messari, vice-président aux affaires académiques de l’université Al Akhawayn, estime qu’«il n y’a pas de raison d’être optimiste sur le court terme» quant au dépassement des différends entre le Maroc et l’Algérie car, selon lui, il n y’a pas de volonté de changement. Cependant, et pour y parvenir, Messari note qu’«il faut tourner la page, comprendre que les deux parties ont fait des erreurs et se baser sur les moyens disponibles pour rétablir les liens».
Intervenant sur la question de la sécurité au Maroc, Mohamed El Mehdi Lahlou, professeur à l’institut national de statistiques et d’économie appliquée INSEA, a axé son discours sur le phénomène du trafic humain. Il a affirmé que l’année 2018 « était exceptionnelle, que ce soit au niveau de l’explosion du nombre des migrants marocains ou internationaux à travers le nord du pays ». Ainsi, poursuit-t-il, 88.761 tentatives d’émigration irrégulière ont été bloquées par les services de sécurité marocains, soit près de 37% de plus par rapport à 2017. 70.571 des migrants sont étrangers alors que 18.190 migrants sont marocains. Il a aussi noté que le trafic migratoire s’est beaucoup développé et que le Maroc est devenu un pays de réception des migrants, provenant notamment des pays comme le Nigeria, le Mali et le Sénégal.
Pour faire comprendre le phénomène des combattants marocains à l’étranger, Mohammed Masbah, directeur du Moroccan Institute for Policy Analysis (MIPA), s’est exprimé notamment par rapport aux raisons pour lesquelles le royaume est devenu une source de combattants djihadistes. Il a tout d’abord noté la montée des combattants marocains partant de l’aéroport Mohammed 5 de Casablanca en Syrie, dont le nombre est passé de quelques centaines en 2011 à 900 djihadistes en décembre 2013. Et ce, selon lui, après la conférence tenue au Caire en juin 2013 qui a « donné la légitimé religieuse aux musulmans pour partir en Syrie ». Une autre explication présentée par Masbah, c’est celle de la question d’identité recherchée par des jeunes urbains marginalisés de sexe masculin âgés entre 18 et 30 ans, et à laquelle répondent les groupes djihadistes. Une catégorie « connue pour sa vulnérabilité » et se questionnant sur son rôle dans la société. Il s’agit souvent des jeunes « qui travaillent dans les secteurs économiques informels, et qui font partie de la même catégorie qui veut immigrer d’une façon illégale », explique-t-il.
Lancé en 2015 par un consortium de recherche de plus de 20 universités et centres de recherches de réputation mondiale, notamment l’Université Al Akhawayn, la London School of Economic, le CIBOB et la European University Institute, le projet MENARA a mené une série d’études dans les zones d’Afrique du nord et du Sahel sur des sujets majeurs pour le futur de la région, à savoir la sécurité, le trafic en tout genre, l’immigration illégale, l’extrémisme violent dans le Sahel et la coopération régionale.
Zaynab Dhimene