Officialisation de l’amazigh: «En attendant Godot» ?

L’officialisation de l’amazighe finira-t-elle par voir le bout du tunnel? Cela fait 8 ans que les lois organiques relatives à l’amazigh tardent à être promulguées.

Aujourd’hui, les deux projets de lois organiques sont toujours bloqués en commission. Il s’agit en effet du projet de loi organique n°26-16 qui «définit les étapes de mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh et les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les différents secteurs prioritaires de la vie publique», ainsi que du projet de loi n°04-16 relatif au Conseil national des langues et de la culture marocaine. Un blocage que les acteurs et activistes amazighs jugent «inexplicable». Pourtant, le long processus d’examen a été accompli et achevé.

Aujourd’hui, les espoirs sont tournés vers les députés pour faire avancer le dossier et enclencher l’adoption des textes lors de cette session d’automne. Lors de la dernière session parlementaire printanière, l’adoption de ces lois était très attendue, mais les députés n’avaient pas réussi à les faire passer dans les délais. Un grand débat avait suivi l’examen et la discussion de ces textes, qui ont  été finalisés, au sein de la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants.

Aujourd’hui, les acteurs amazighs ne cessent de s’interroger sur les raisons véritables de ce blocage. «On peut faire des hypothèses sur le blocage au niveau du parlement. Ainsi, on pourrait penser aux partis qui n’étaient pas d’accord pour l’officialisation de l’amazigh; à ceux qui n’étaient pas favorable au choix de tifinaghe ou encore au choix de l’amazigh standard. On peut dire qu’il existe aussi un courant qui rassemble les trois précédents et qui est opposé à l’amazigh standard officiel écrit en tifinaghe », explique Ahmed Boukous, recteur de l’IRCAM, dans une interview accordée à Al Bayane.  Bref, d’après lui, «ce retard a un sens politique et idéologique».

Pour Ahmed Arrehmouch, coordinateur de la Fédération nationale des associations amazighes (FNAA), cela fait presque 8 ans que ce dossier est sur les bureaux du gouvernement et deux ans et un mois qu’il se trouve à  la chambre basse. « C’est un retard inimaginable, inattendu! Ce délai qui n’est pas respecté est très révélateur, et l’amazigh est en proie aux surenchères politiques et idéologiques », déclare-t-il. Et d’ajouter : « Il faut l’avouer, il y a des composantes dans le gouvernement qui sont clairement contre ces lois organiques. A cela s’ajoute le manque de courage politique. Rappelons également que certaines propositions du mouvement et du tissu associatif amazigh n’ont pas été prises en considération. Pour ce qui est de l’IRCAM, nous les considérons comme acquises, et nous sommes contre sa « désolation », souligne-t-il.

Face à ce blocage, les parlementaires sont désormais invités à se pencher et travailler sur certaines questions et polémiques qui entravent l’adoption de ces textes.

Mohamed Nait Youssef  

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