Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
C’est avec 411 voix contre 181 pour le candidat soutenu par l’opposition, qu’à l’issue du vote effectué par un collège électoral comprenant les membres des deux chambres du Parlement pakistanais et des quatre assemblées provinciales, Asif Ali Zardari, 68 ans, l’époux de la défunte Benazir Bhutto, ancienne Première ministre pakistanaise assassinée en 2007, qui fut, également, la première femme de l’ère moderne à avoir dirigé un pays musulman, a été élu samedi à la tête du Pakistan, retrouvant, ainsi, le fauteuil présidentiel qu’il avait déjà occupé de 2008 à 2013 même si cette « victoire » était déjà actée dès lors qu’elle entre dans le cadre du pacte qui avait été scellé au terme des élections législatives et provinciales du 8 février dernier qui avaient été entachées de graves accusations de fraudes.
Sortis vainqueurs en dépit de la répression exercée à leur encontre par les autorités d’Islamabad, les candidats indépendants, qui étaient soutenus par le Pakistan Tehrik-e-Insaf (PTI), le parti de l’ancien Premier ministre Imran Khan, emprisonné depuis Août dernier, ont dénoncé les manipulations massives faites à l’initiative de la puissante armée pakistanaise.
Mais, bien qu’il ait revendiqué une victoire encore plus large, en refusant toute alliance avec ceux qu’il a qualifiés de « voleurs de mandat », le PTI d’Imran Khan a laissé le champ libre à ses principaux rivaux qui en ont profité pour conclure un accord de coalition au titre duquel le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) que dirigent Asif Ali Zardari et son fils Bilawal Bhutto Zardari, a « obtenu » la Présidence de la République et laissé la Primature à son rival historique, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de Shehbaz Sharif.
Pour rappel, lorsqu’il présidait aux destinées du Pakistan, Asif Ali Zardari avait fait adopter, en 2010, un amendement constitutionnel qui avait renforcé les prérogatives du Premier ministre.
Or, même s’il avait transféré, à la chambre basse, une partie des prérogatives du Président et rétabli, par la même occasion, le régime parlementaire classique qui avait été instauré par la Constitution de 1973 tel qu’il prévalait avant les deux coups d’Etat militaires de Zia-ul-Haq en 1977 et de Pervez Musharraf en 1999, Asif Ali Zardari avait pu, en fin stratège, continuer à mener le jeu politique en coulisse et aller jusqu’au bout de son mandat présidentiel avant que la victoire de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), aux législatives de 2013, ne vienne y mettre un terme.
Affublé, par ses détracteurs, du sobriquet de « Monsieur 10% » du fait des commissions qu’il était accusé de percevoir sur tous les marchés publics, Asif Ali Zardari, qui avait été critiqué, durant son précédent mandat présidentiel, pour son inertie face au risque de faillite économique du pays, et qui incarne parfaitement la corruption des classes dirigeantes pakistanaises, risque, durant ce nouveau mandat, d’avoir de grandes difficultés à épargner au Pakistan, qui compte 240 millions d’habitants et qui est doté de l’arme nucléaire, les crises politique, économique et sécuritaire qui le guettent mais attendons pour voir…