Attendons pour voir…
« Le sentiment dominant chez les Philippins est que je ne suis pas qualifié et que ce serait enfreindre la Constitution que de se présenter à la vice-présidence (…) j’annonce aujourd’hui mon retrait de la politique » a déclaré, ce samedi, le président des Philippines, Rodrigo Duterte, alors que jusqu’à ce jour il était considéré comme un candidat potentiel à la vice-présidence des Philippines lors de l’élection qui aura lieu l’année prochaine du moment que la Constitution lui interdit de briguer un deuxième mandat de six années à la tête du pays.
Sa fille, Sara Duterte-Carpio, qui lui avait déjà succédé au poste de maire de la ville de Davao, avait déclaré, le mois dernier, qu’après avoir conclu, avec son géniteur, un accord en vertu duquel un seul des deux serait candidat, elle n’entend pas briguer un mandat national en 2022.
Or, pour Antonio La Vina, professeur de droit et de politique à l’université Ateneo de Manille, par cette retraite politique, le président Duterte ouvre la voie à une candidature de sa fille, à la magistrature suprême du pays lors de la prochaine élection présidentielle car bien que la période de dépôt des candidatures s’est achevée vendredi, les retraits et les remplacements restent autorisés jusqu’au 15 novembre.
Mais, en en considérant, par ailleurs, que bien que, pour l’élection de 2016, Rodrigo Duterte ne s’était déclaré candidat qu’au dernier moment, il était quand même parvenu à remporter ce scrutin haut la main, il est donc fort probable que sa fille n’annonce sa candidature qu’à la fin du délai légal.
Pour rappel, Rodrigo Duterte qui reste aussi populaire aujourd’hui qu’au moment où il avait remporté la présidentielle de 2016 après avoir promis mettre fin aux problèmes liés au trafic de drogue n’a pas terminé la « croisade » qu’il avait commencé à mener contre les narco-trafiquants et les rebelles.
Aussi, faute de pouvoir briguer un nouveau mandat à la tête des Philippines, pour pouvoir nettoyer le pays des trafiquants de drogue, Rodrigo Duterte avait annoncé, en Août dernier, sa candidature à la vice-présidence.
Mais cette annonce avait soulevé un tollé au sein de l’opposition qui y avait vu un « écran de fumée » et une parade contre d’éventuelles poursuites judiciaires car si sa fille, Sara Duterte-Cario, qui est aujourd’hui la mieux placée dans les sondages, parvient à la présidence des Philippines, elle va, sans nul doute, contribuer à protéger son père non seulement contre les poursuites pénales qu’il encourt dans son pays mais aussi contre celles engagées à son encontre par la Cour Pénale Internationale qui a déjà diligenté une enquête sur la campagne de lutte contre le trafic de drogue menée par le gouvernement de Manille et qui a été marquée par des milliers de meurtres commis par les forces de l’ordre.
Parmi les principaux candidats à la présidence des Philippines figurent Ferdinand Marcos, allié du président Rodrigo Duterte et fils de l’ancien dictateur qui avait présidé aux destinées du pays de 1965 à 1986, ainsi que Francisco Domagoso alias Isko Moreno, un ancien acteur qui fut également maire de Manille et Manny Pacquiao, une superstar de la boxe.
Enfin, si la procédure d’inscription qui dure une semaine marque le début d’une campagne électorale qui s’étalera sur sept mois et à laquelle ne participera pas Rodrigo Duterte bien que les sondages lui soient favorables, il est certain que celle-ci n’aura pas, comme les précédentes, un caractère festif du fait de la pandémie et de la misère économique générée par les confinements répétés mais attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI