Présidentielles islandaises: Reconduction de Johannesson

Nabil El Boussadi

Après la Serbie, la semaine précédente, et avant la Pologne et la France, ce dimanche, l’Islande a été le deuxième pays européen à organiser une élection après le confinement imposé par cette pandémie du coronavirus qui n’a pas eu autant d’impact en Islande qu’ailleurs.

Donné ultra-favori par les différents sondages afférents aux élections présidentielles islandaises,  le président sortant, Gudni Thorlacius Johannesson, 52 ans, ancien professeur d’histoire à l’Université de Reikjavik, sans étiquette politique mais jouissant d’une très forte popularité depuis son accession à la magistrature suprême du pays en 2016, a recueilli 92,2% des suffrages exprimés (150.912 voix) à l’issue d’un scrutin universel à un tour où le taux de  participation – en forte baisse par rapport à 2016 où il avait atteint 75,7% – n’a pas dépassé, cette fois-ci, 66,9%. Le président sortant n’a donc laissé à son adversaire Gudmundur Franklin Jonsson, le candidat de la droite populiste, que 7,8 % des suffrages soit 12.797 voix.

 «Je suis honoré et fier (…) Pour moi, le résultat de cette élection est la preuve que mes concitoyens ont approuvé ma conception de cette charge et m’ont donné un mandat pour continuer à exercer mon rôle de la même façon que ces quatre dernières années» a déclaré, ce samedi, le président Johannesson, après avoir été reconduit, pour un second mandat à la tête de l’Islande, cette petite île» volcanique de 365.000 habitants.

A noter, toutefois, que bien que ce score rappelle étrangement celui que connaissent les régimes dictatoriaux, force est de reconnaître que, dans le régime parlementaire islandais où le président a un rôle purement protocolaire avec, toutefois, le droit de « bloquer » la promulgation d’une loi et de la soumettre à référendum, les élections présidentielles islandaises de ce samedi 27 juin 2020 se sont déroulées dans la clarté et la transparence les plus totales. Ce scrutin ayant donc répondu, de manière incontestable, aux règles du jeu démocratique, «le perdant» qui entendait rendre la fonction présidentielle «plus active» en revendiquant une lecture «plus présidentialiste» de la Constitution rédigée en 1944 au moment de l’indépendance de l’île du Danemark dans un pays où l’essentiel des pouvoir est détenu par le Premier ministre et son équipe, a immédiatement reconnu sa défaite et adressé «ses félicitations» au vainqueur.

En Islande, le président est élu pour quatre années et son mandat reste sans limitation. Aussi, le prédécesseur de l’actuel président, le conservateur Olafur Grimmson avait-il fait cinq mandats de 1996 à 2016.

Les islandais peuvent s’enorgueillir d’avoir conféré une grande importance à l’égalité hommes-femmes puisqu’en 1980, ils avaient permis à une femme, Vigdis Finnbogadottir, d’accéder à la magistrature suprême du pays et même d’y rester durant 4 mandats consécutifs s’étalant de 1980 à 1996.

Enfin, en reconduisant le président Johannesson à la veille de la nouvelle crise économique mondiale qui se profile à l’horizon du fait de la pandémie du coronavirus, l’Islande a donc fait le choix de la continuité. A-t-elle emprunté le bon chemin ? Rien, pour l’heure, ne permet d’en douter mais attendons pour voir…

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