Baisse des cours des matières premières
Fairouz El Mouden
L’entente sur les prix et le maintien des prix de vente à leur niveau le plus élevé depuis ces quatre dernières années sont-ils irrévocables ? Peut-on espérer un retour à la case normale des niveaux des prix d’avant le Covid et la guerre Russie-l’Ukraine ?
Des niveaux qui sont passés du simple au double voire plus. Les cours des matières premières, notamment les métaux, le gaz, le pétrole et les produits agricoles ont largement baissé durant les 12 derniers mois sans pour autant que des corrections et des ajustements de prix ne soient effectués au Maroc pour apaiser les tensions inflationnistes. Tout porte à croire que le gouvernement n’a pas la bonne volonté d’activer les leviers appropriés pour endiguer la hausse flagrante des prix et pour barrer la route aux spéculateurs qui faussent la vérité des prix.
Aujourd’hui, toutes les prévisions tablent sur une baisse de l’inflation et de la pression sur les prix, qui a touché la quasi-totalité des produits alimentaires et non alimentaires. Les dernières statistiques annoncent un recul des prix des produits pétroliers de prés de 3% du blé, du riz et du coton sur le marché international au cours des six derniers mois. Le derniers semestre a été marqué également par une révision à la baisse des cours des métaux, notamment l’acier (-14,3%) et le plomb (-2,04%). Le cours du gaz naturel a chuté de -32,24%. Celui du pétrole Brent a marqué une légère baisse de 0,22% et le baril du WTI a été corrigé à la baisse de 2,9%. Les prix des produits pétroliers ont nettement reculé depuis 2020.
Néanmoins, cette accalmie ne s’est pas traduite par une baisse de la pression sur les prix au Maroc. Malheureusement, les tensions et la dégradation du pouvoir d’achat continuent de manière abusée et abusive au grand dam des citoyens et sans l’inquiétude du gouvernement qui semble, céder un avantage aux lobbies de certains secteurs, notamment pétroliers et agroalimentaires. Les prix à la pompe sont toujours à un niveau jugé excessif malgré les baisses du prix du baril du Brent au niveau du marché international.
Les quelques petites corrections des tarifs effectués par les distributeurs des carburants sont marginales et insignifiantes. Les prix à la pompe (12,95 dhs le litre du gasoil et 15 dhs le litre de l’essence) sont encore loin de la fourchette des prix d’il y a trois ou quatre années, soit 7,50 le litre du gasoil et 10dhs pour le litre de l’essence. La libéralisation du secteur des hydrocarbures a mal fonctionné et a été mal étudié initialement conjuguée à une mauvaise gouvernance du secteur encouragent des pratiques anticoncurrentielles et parfois malsaines qui compliquent la vie aux citoyens.
Les prix dans le secteur agroalimentaire ne font pas exception. D’ailleurs, après une courte détente sur les prix de certains légumes, la flambée reprend et tape de plein fouet à la veille du mois de ramadan. Le renchérissement démesuré touche, depuis vendredi, non seulement tous les fruits et légumes (haricot vert coûte 25 dhs le kio, l’oignon 9 dhs le kilo, le poivron 20 dhs et les oranges à jus 10 dhs le kilo). Mais aussi les poissons qui sont devenus inaccessibles pour le commun des citoyens (crevettes de très petites tailles se vendent à 120 dhs contre 50 ou 60 dhs il y’a quelques mois, le kilo de calamar passe à 150 dhs et celui du merlan à 120 dhs, voire plus). Les prix des viandes rouges affichent des hausses sans pareil. Le kilo de viande hachée s’élève à 120dhs, celui du blanc de poulet 80 dhs et les pieds de veau est fixé à 120 l’unité contre 70 dhs l’unité auparavant. Le prix de l’œuf passe quant à lui à 1,70 dh, loin de son niveau de 1 dirham d’antan.
C’est la même tendance haussière qui frappe aussi les autres produits comme le beurre dont le prix a subi une nette augmentation ou encore l’huile de table qui maintient son niveau très haut corrigé pendant la période du Covid. Le litre est passé de 13 dhs à 23 ou 25 dhs et les opérateurs du secteur ne semblent pas déterminer à faire marche arrière pour baisser les prix même en cas de baisse des cours des matières premières sur le marché international. Et encore une fois, le gouvernement ne fait rien pour imposer les corrections nécessaires.
Les produits de grande consommation durant le mois sacré du ramadan affichent des hausses vertigineuses ces dernières semaines. Le kilo de pois chiche et des lentilles passe à 35 dhs. Les dattes affichent plusieurs selon leurs qualités. Les figues séchées se vendent entre 100 et 120 dirhams. Le prix des amendes varient de 160 dirhams à 100 dhs contre 120 et 60 dirhams le kilo. La liste des hausses est encore longue et laisse perplexe tout un chacun face au mutisme des responsables gouvernementaux face au jeu dangereux des spéculateurs et des intermédiaires.
L’intervention de l’Etat régulateur est quasi absente pour barrer la route à des pratiques malsaines et nuisibles à tous. Finalement, les budgets des ménages sont en net recul face à une inflation exagérée. La rubrique budget alimentation et école raflent la part des lions dans le revenu total. C’est dire que la classe moyenne qui a mis des années à s’installer est en train de s’évaporer, de disparaitre et s’appauvrir sous le coup de l’inflation !
est une aubaine qui profite à plusieurs secteurs d’activité.