Prix «Al Farabi» : Majid Bekkas : «L’African Gnaoua Blues»

Une mission qui parait difficile mais pas impossible, du fait qu’à l’instar de certains mouvements  musicaux, le Blues et le Jazz  ont eu leur part de consécration  à l’échelle planétaire, en tant que musiques universelles.
Certes, la musique mystique gnaouie, de par ses affinités et ses similitudes avec le Blues, le free Jazz  et  la  Soul Music, pourrait en  quelque sorte hériter et bénéficier de cette reconnaissance légitime, si celle-ci  est mise en exergue techniquement et artistiquement pour être transmise dans une vision  et un esprit d’universalisme par des artistes musiciens virtuoses à la fois conservateurs et rénovateurs : véritables templiers pour la pérennité et l’épanouissement de cette musique sacrée gnaouie, dont les origines remontent dans la nuit des temps ….
Quant à Majid Bekkas, il est juste que l’Histoire  retiendra son  nom. Son charisme sur scène, sa voix sensuelle de chanteur gnaoui et sa virtuosité au  « hajhouj »,  prêtant à l’envoûtement et la transe, font de lui le digne  représentant  de la culture  gnaouie  issue  du  métissage  du patrimoine ancestral musical,  arabo-berbère et africain à tendance mystique soufie ou sacrée.
Initié très tôt par le Maître maâlem Ba Houmane, l’artiste Majid Bekkas s’est fixé un objectif dont il garde le cap tel un grand timonier, depuis 1974, date à laquelle il acheta son premier Guembri. Il s’agit de donner un nouveau souffle et une dimension internationale à cette musique de transe qui ne trouve ses adeptes qu’au niveau des «Lila gnaouiya» lors des rituels thérapeutiques. Naturellement, avec le souci d’en conserver l’essence et la saveur originelle sur le plan de la spiritualité, du mysticisme poétique, du pentatonisme et des  instruments traditionnels, Majid Bekkas procède à des fusions avec certaines musiques proches, notamment le Blues, le Jazz et la aSoul-Music ….
Or, pour mener à bon port son projet, Majid Bekkas fait appel à des musiciens de renom tels les bluesmen ou jazzmen Archie Shepp, Louis Sclavis, Flavio Boltro, Klaus Doldinger et beaucoup d’autres. Ce qui créa un nouveau dialogue entre diasporas musicales pour aboutir finalement à «l’African Gnaoua Blues».    
Dès lors, la vision de Majid Bekkas s’éclaircit lors de ses nombreux concerts et prestations musicales de haute gamme dans de prestigieux festivals internationaux ( Womex Sevilla,     Gaume Jazz Festival, Huyart Festival, Grenoble Jazz Festival, Festival de Essaouira, etc.) où la magie de la transe se fait ressentir à travers des œuvres inédites qui obtiennent un vrai succès auprès du public .
Nominé «Tjango d’Or» ( 2004 ) pour son album «Mogador», le magicien des rencontres possède actuellement un riche palmarès d’enregistrements musicaux réalisés en Europe en compagnie de musiciens virtuoses de renommée mondiale tels, Juan Carmona, Pedro Soler, Flavio Boltro, Joachim Kuhn, Ramon Lopez, Lionel Haas, etc.  Mais, c’est avec son titre «Daymallah» qu’il représente le Maroc dans la compilation du CD «Déserts Blues 2».
En effet, originaire de Zagora où les musiques du désert, les rythmes Aqallal ou Roukba ont bercé son enfance, Majid Bekkas (auteur, compositeur, musicien et interprète) a, de tout temps, gardé précieusement un esprit d’authenticité quant à la préservation et la sauvegarde de la musique gnaouie dont il a percé les secrets et la vision intrinsèque de son universalité,
Cependant, brassage, métissage, mariage et greffe avec d’autres modes musicaux sont autant de termes qui font partie de l’Univers de créativité exceptionnelle de Majid Bekkas pour la mise en valeur de la musique mystique gnaoua, sa promotion et sa reconnaissance parmi les cultures du monde.
Ce qui a motivé la Commission de sélection du Comité National de la Musique (membre du Conseil International de la Musique) de choisir Majid Bekkas pour l’octroi du Prix «Al Farabi» conçu pour les maîtres de la musique antique.

 

*Président Fondateur du CNM

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