Procès de T. Bouachrine: Confrontation et projection à huis clos des vidéos

Alors que journalistes, avocats et autres observateurs des ONG droit-de-l’hommistes s’attendaient au démarrage de l’audience du jeudi 03 mai, le président du tribunal est sorti déclarer hâtivement le report du procès à une prochaine audience qui sera tenue à huis clos, lundi 7 mai.

«Le tribunal a décidé, après délibération, de joindre les vices de forme soulevés par la défense de l’accusé au fond», a affirmé l’avocat des plaignantes, Me Mohammed El Haini dans une déclaration à Al Bayane.
«La loi marocaine donne la possibilité au tribunal de statuer concernant les vices de forme ou de reporter la prise de décision concernant ceux-ci jusqu’à prononciation du jugement final», a soutenu l’ancien juge.

En ce qui concerne l’audition des témoins, l’ancien substitut du procureur de Kenitra nous a indiqué que «le tribunal a accepté l’ensemble des demandes excepté celle concernant les officiers de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ)».

Pour lui, «le tribunal a décidé de ne pas auditionner les officiers de la BNPJ, car il n’y a pas eu de remise en cause du travail effectué par ces derniers, notamment en ce qui concerne la production des procès-verbaux (PV)».

«Le tribunal aurait pu les convoquer s’il y avait des contradictions dans les PV, des doutes, une mal interprétation, des termes injustes», a-t-il soutenu en ajoutant que «les membres de la BNPJ n’ont fait que contenir les dépositions de l’accusé dans les PV». «Le tribunal a estimé qu’il n’y a pas lieu de les convoquer, surtout parce que l’accusé nie tous les chefs d’accusation», a-t-il ajouté.

S’agissant de la décision de tenir la prochaine audience sans public, qui pour une fois a été bien accueillie par la défense des deux parties, El Haini a considéré que c’est tout à fait normal «puisqu’il s’agit d’un procès qui regorge d’atteintes aux mœurs et à la pudeur».

Pour sa part, le bâtonnier Me Abdellatif Bouachrine a tenu à rappeler qu’«il y a quatre étapes avant de passer à la diffusion des vidéos : Primo, l’interrogation de l’accusé. Secundo, l’écoute des présumées victimes. Tertio, la confrontation entre l’accusé et les présumées victimes et quarto, l’écoute les témoins».

«Concernant les vidéos, est-ce que la confidentialité est exhaustive et par conséquent, englobe l’ensemble des robes noires ou ne concerne-t-elle que les avocats des deux parties ?», s’est-il interrogé devant les représentants de la presse avant d’affirmer à ce propos qu’«il y a certains concernés qui refusent de venir et d’assister à la projection des vidéos dans la salle d’audience».

«Il s’agit des secrets de gens, d’honneur et de pudeur. Les parties concernées ont bien des voisins, des amis et des familles et c’est de notre devoir de les protéger vis-à-vis de la société», a-t-il affirmé.

Devant la contestation de certaines robes noires de cette décision, il a tranché en tant qu’ancien bâtonnier : «Certes, le tribunal est un espace de formation, les confrères peuvent assister à l’ensemble des étapes sus citées, mais je ne crois pas qu’ils peuvent le faire concernant les vidéos par respect au tribunal». «Nous ne sommes pas dans un cinéma», a-t-il ironisé.

«Dans le procès du commissaire Tabit, je me suis contenté de voir la séquence qui concerne ma cliente, et par pudeur, j’ai évité de voir les autres. Je suggère à mes confrères de quitter la salle d’audience lors de la diffusion des vidéos afin de prouver devant l’histoire que la décence, la pudeur et la retenue font toujours partie du système des valeurs des Marocains», a-t-il conclu.

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