PwC Maroc met l’accent sur le rôle des acteurs du marché financier

Risque climat

Kaoutar Khennach

Au regard des défis que présente aujourd’hui le changement climatique et de son impact sur les entreprises, les acteurs du marché financier se préparent pour un changement global de leur stratégie, offre de produits, dispositifs de reporting et régulation. Et en tant que pourvoyeurs de fonds et drivers de l’économie nationale, les établissements de crédit, les compagnies d’assurances et les intervenants au niveau du marché de capitaux, ont un rôle majeur à jouer en offrant des instruments et produits de financement durables, destinés à soutenir la transition vers la durabilité du Maroc. C’est dans ce cadre que PwC au Maroc a organisé le mercredi 24 mai 2023 un débat pour alimenter la réflexion autour du sujet des risques climat et la gestion de ce dernier au Maroc.

En effet, le Maroc a traversé en 2022 sa période la plus sèche depuis 30 ans. « D’après la Banque Mondiale, la sécheresse a entraîné au Maroc une baisse de 15,3% de la valeur ajoutée du secteur agricole. Cela s’est matérialisé par une perte de plus de 200.000 emplois en milieu rural, touchant en particulier les ménages marocains les plus modestes. Près de la moitié du ralentissement économique a été induite par un recul brutal de la production agricole. La chute de la production a atteint 67% pour les céréales. Ainsi, les aléas climatiques constituent une source d’inquiétude grandissante et un défi incontournable pour les autorités publiques mais aussi pour les entreprises du secteur privé.

« Au-delà des risques liés aux changements climatiques et environnementaux qui doivent être appréhendés de manière concrète, et à court terme par les entreprises, les enjeux de développement durable, dits “ESG” (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) sont un sujet majeur et une exigence à intégrer dans les stratégies d’entreprises » précisé Assia Benhida, Associée PwC au Maroc, Leader ESG.

En effet, le secteur bancaire et financier au Maroc prend part à cette dynamique mondial autour de l’intégration des risques climats et ESG, notamment à travers la Directive réglementaire de Bank-Al-Maghrib (BAM) relative aux risques financiers liés au changement climatique entrée en vigueur le 5 mars 2021 constitue un référentiel de bonnes pratiques pour la mise en place, par les établissements de crédit, d’un dispositif de gestion des risques financiers liés à l’environnement et au changement climatique, qui leur permette : d’identifier les risques ; de mesurer les impacts induits par les projets financés sur l’environnement ;  de suivre les actions correctives à mettre en œuvre par leurs porteurs ; et de gérer et contrôler ces risques. Cette directive définit trois types de risques: Les risques physiques, les risques de transition et les risques de responsabilité.

A date, plusieurs institutions bancaires et financières marocaines ont commencé à prendre en compte les enjeux environnementaux et sociaux dans leurs procédures et modes de fonctionnement internes voire même dans leurs process d’octroi de crédit. Certaines ont par ailleurs, souscrit à des principes d’investissement responsable et/ou développé des produits spécifiques afin d‘accompagner les entreprises engagées dans un processus de développement durable. Cette prise de conscience et sa traduction par des actions et des mesures concrètes s’opère néanmoins à un rythme et de façon différenciés.

Dans ce sillage, Mamoun Tahri Joutei, directeur central en charge de l’intelligence économique et du développement durable à Bank of Africa, a mis l’accent, lors de son intervention à ce débat,  sur l’importance de la réglementation dans la transition vers une économie durable : «cette approche complémentaire permettra de créer un environnement propice à la transition vers une économie durable et résiliente». Et d’ajouter : «  Chez Bank of Africa, nous avons déjà adopté le risque climat dans nos produits. Mais jusqu’à maintenant, nous sommes les seuls à le faire ! ».

En effet, les banques marocaines ont également un rôle clé à jouer dans la sensibilisation des entreprises à l’importance des critères ESG, notent les experts. Elles peuvent agir en tant que catalyseurs du changement en encourageant les entreprises à adopter des pratiques durables et en fournissant des incitations financières pour récompenser les performances ESG positives. En collaborant avec les entreprises et en les accompagnants dans leur transition vers des modèles d’affaires plus durables, les banques marocaines peuvent contribuer à la réduction des risques ESG à l’échelle nationale.

Enfin, La mise en œuvre de cet engagement nécessite une mobilisation forte de l’ensemble des acteurs de la société marocaine, au premier rang desquels, le secteur financier dans son ensemble, appelé à soutenir la transition vers une économie compétitive, durable et sobre en carbone. En effet, dans son rapport sur le Maroc publié en novembre 2022, la Banque Mondiale souligne l’importance de l’engagement du secteur financier pour aider le pays à atteindre ses ambitions en matière de développement durable et de décarbonation de l’économie notamment et estime à 78 milliards de dollars les investissements nécessaires à horizon 2050.

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