Ramadan ou le charme du notre spontanéité

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Quoiqu’on en dise, Ramadan est le mois où notre perception de l’espace public change jusqu’à nous éblouir. Comme par un mécanisme instinctif purement marocain, il serait inconcevable en ce mois sacré de faire ses courses ou flâner dans les rues dans l’attente impatiente de l’appel du muezzin, sans que nous savourions le charme de notre désordre infantile, de notre spontanéité angélique et espiègle.

Charrettes de fruits et légumes bloquant les rues, vendeurs de pain dans tous les coins, voitures bien garées en deuxième position devant les boulangeries et les boucheries, véhicules mal stationnés en troisième position devant les portes des écoles accueillant telle une baie les grandes artères comme pour mieux entraver la circulation, tables où sont exposés différents types de galettes et très succulents gâteaux marocains (chebbakia, msemmen, baghrir..), des habits et des chaussures étalés par les ferrachas qui transforment les chaussées en véritable souk, des cordonniers traditionnels réfectionnant et rapiéçant  quelques chaussures et babouches tout en étant entourés de vendeurs de menthe, persil et absinthe et dont les petites charrettes suscitent cette petite colère passagère des conducteurs, vente de poterie et d’ustensiles tels les tajines et les bols à même le sol, charrettes à jus que commercialisent comme le veulent peut-être les circonstances des jeunes, livres religieux et magazines sur une nappe en plastique. Et tout cet ordre sans force organisatrice aucune. A dire qu’en ce mois, le plus mouvementé de l’année, l’ergonomie marocaine est à son apogée.

Y a-t-il des leçons à en tirer de ce brouhaha symphonique et de cet «ordre dans le désordre» ? Il doit sûrement y en avoir. Ne serait-ce qu’une seule et qui pourrait bien partir du constat que voici : les Marocains sont bien organisés entre eux quand les intérêts sont communs. Leurs âmes ne forment qu’une seule quand ils se décident à prôner leur bonne foi et hisser les voiles guidées par la tolérance pour une coexistence où l’entraide et la compréhension mutuelle constituent le cheval de bataille pour la quête de la sérénité. C’est là où niche le stimulus du bonheur commun.

Force est de constater que dans les périodes de fêtes, religieuses ou nationales, longues soient-elles ou courtes, l’union a toujours été le maître-mot et l’acte saillant par lequel notre peuple a gagné sa notoriété sur son territoire comme chez les visiteurs d’outre-mer.

Cet «ordre dans le désordre» opéré quotidiennement durant tout ce mois dans nos souks est révélateur de beaucoup de choses qui nous seraient très utiles si, par hasard, on décide d’agir contre l’anarchie le restant de l’année.

Ahmed Mesk

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