Textile: les écosystèmes pour le marché local ne fonctionnent pas pleinement

Le secteur textile-Habillement est encore en mal de compétitivité. D’un contrat programme à l’autre en passant par le dernier Plan d’accélération industrielle, le textile marocain n’arrive toujours pas à mettre tous les écosystèmes à la faveur d’une réelle dynamique de croissance à la fois interne et externe.

La dernière mesure dite antidumping décidée par le ministère de l’Industrie et du commerce relative à la hausse des droits de douanes à hauteur de 90% entrée en  vigueur le 8 janvier courant  s’inscrit dans le cadre du dispositif d’ajustement transitoire appliqué sur certaines catégories de produits textiles d’origine turques et valables pour une année.

L’industrie textile marocaine peine encore à retrouver sa vitesse de croisière. Si l’activité à l’export affiche des belles performances et enregistre une croissance positive ces dernières années, le  marché local reste quant à lui le maillon faible de la chaine. Les pertes d’emplois s’aggravent d’une année à l’autre et sa dynamique interne s’essouffle davantage. Selon les opérateurs du  secteur, la concurrence déloyale de certains pays dont notamment la Turquie et la contrefaçon sont à l’origine de tous les maux du textile marocain. Selon  My Hfid El Alami, ministre de l’industrie et de l’économie numérique, «la progression continue des exportations des produits turcs a fragilisé plusieurs unités industrielles orientées vers le marché domestique et a causé des  pertes importantes d’emplois dans un secteur très sensible ». En effet, les importations des produits turques ont connu une nette augmentation. Les derniers chiffres parlent d’une une augmentation de 175% en 4 ans (2013-2017). Concrètement,  la part des produits turcs dans la totale importation textile au Maroc est passée de 16 à 40% sur la période considérée.

Pour Mohamed TAZI, DG de l’AMITH (association marocaine de l’industrie textile-habillement), cette situation  a causé la perte des milliers d’emplois dans le secteur ( 50.000 emplois sur trois ans)  ainsi que la fragilisation d’un bon nombre d’unité de production tournée vers le marché local. Il a rappelé que l’AMITH  avait préparé un dossier solide et argumenté démontrant l’aggravation des importations turques ces dernières années notamment depuis la signature de l’accord de libre échange Maroc-Turquie. Tazi souligne par ailleurs, qu’aucun busines modèle ne peut tenir et résister  face à une concurrence déloyale ». De même, il estime, que les conditions de mise en forme du secteur passent d’abord par la sauvegarde du  marché local et par la lutte contre l’économie de rente et la création de véritables écosystèmes pour le marché local.

Ainsi la décision d’augmenter les droits de douane à 90% sur certains produits d’importation e provenance de la Turquie ne remet pas en questions l’accord de libre échange reliant les deux pays mais reste uniquement une mesure d’ajustement transitoire (valable 12mois) dont dispose chacun des deux pays pour protéger son économie et donner le temps à ses opérateurs de se mettre à niveau face à la concurrence acharnées des pays concurrents. On rappelle dans ce sens que les importations informelles de produits finis s’élèvent à 14 milliards de dirhams.

Fairouz El Mouden

Les produits turcs concernés par la hausse des droits de douane de 90

Il s’agit des filaments synthétiques ou artificiels, les fibres synthétiques ou artificielles discontinues, les tapis et autres revêtements de sol en matières textiles et les tissus spéciaux. Il est aussi question des surfaces textiles, des dentelles, des tapisseries, des passementeries, des broderies, des étoffes de bonneterie, des vêtements et accessoires du vêtement en bonneterie, la bonneterie, friperie et chiffons…

PLF 2018

hausse des droits de douane dans le textile, le tabac et le prêt-à porter

Le projet de loi des finances 2018, a introduits une série de hausse des droits de douanes dans certains secteurs. Ces hausses varient de 25% à 30% selon l’activité sectorielle et touchent tous les produits finis importés sous le régime de droits commun avec les pays qui ne sont pas reliés par des accords de libre échange avec le Maroc. Il s’agit globalement des produits textiles, de produits de tabac ou de bois et de produits de prêts à porter.

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