Théâtre: 2018… une année louable contre vents et marées

Contre vents et marées, le théâtre marocain continue son aventure sereinement pour réaliser ses aspirations les plus attendues. En effet, l’année de 2018 n’a pas été si facile pour les femmes et les hommes des planches. Mais, elle a été ponctuée par certaines réalisations importantes.

A vrai dire, le secteur vit une  dynamique et un épanouissement remarquables. Il a été marqué, notamment par une présence de différentes générations et diverses sensibilités  artistiques  et théâtrales. Cette année a été marquée par le lancement d’une nouvelle saison théâtrale (2018-2019) au profit des Marocains résidant à l’étranger. Une initiative louable soutenue par le Ministère délégué auprès du Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Chargé des Marocains Résidant à l’Etranger et des Affaires de la Migration, en partenariat  avec l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM). Ce projet a donné naissance à un grand programme théâtral riche et diversifié dont au total 51 spectacles  en langue amazighe qui sont programmés dans les différents pays d’accueil.

Parmi les moments forts de l’année, figure la polémique et le débat sur la  migration massive de 40 comédiens et artistes marocains pour les Emirats arabes afin d’enseigner le théâtre et l’éducation artistique aux élèves émiratis. Le festival national du théâtre, qui a tenu sa 20e édition du 07 au 14 décembre 2018 à Tétouan, était un rendez-vous important pour évaluer la production théâtrale nationale, sans oublier de remettre sur la table le débat sur l’aide consacrée au théâtre et le retard dans le paiement des subventions.

«La saison théâtrale de 2018 a été riche en programmation à la fois théâtrale, artistique et  culturelle. Il y avait des productions excellentes et diversifiées. La preuve, lors du festival  national qui s’est déroulé dans la ville de Tétouan, plusieurs pièces et troupes ont été primées, notamment les pièces «Inmwaen», «Lmbrouk», nous explique Mohamed Benhsain, Directeur du Théâtre National Mohammed V.

Selon lui, certains projets ont eu le soutien du théâtre, notamment au niveau de la production, en l’occurrence de la pièce qui a décroché le grand prix «Al Khalfa». «Le théâtre a  accueilli  cette pièce pendant un mois pour les répétitions sur ses planches pendant la saison estivale. Je pense qu’avec les efforts du Ministère de la Culture, le théâtre national, les directions provinciales, ainsi que la politique du soutien au théâtre donnent ses fruits. Le théâtre marocain est en bonne santé», juge-t-il.  Selon le directeur du Théâtre National Mohammed V, des acquis ont  été réalisés. «Il faut également œuvrer pour  la mise en œuvre de la loi de l’artiste et ses décrets à  l’horizon de 2019», a-t-il déclaré. En ce qui concerne la carte de l’artiste dans sa nouvelle forme, a-t-il  ajouté, elle est sur la bonne voie  et le dépôt  des cartes débutera le 2 janvier pour tous les métiers artistiques.

Au niveau artistique, le théâtral marocain, affirme Bouhcine Massoud, fraichement réélu président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques, est en voie d’évolution; ce qui était visible dans les spectacles présentés à l’occasion de la 20e  édition du festival  national  du théâtre à Tétouan. «Il y avait  un débat  sur  les réseaux sociaux, sur la qualité des pièces présentées. Certaines pièces n’ont pas été sélectionnées lors de la compétition officielle, mais étaient tout de même de grande qualité», souligne-t-il. Bouhcine Massoud salue également la consécration d’une pièce de théâtre en hassanie qui a remporté le grand prix du  festival. «Cela veut dire que la décentralisation et la diversité culturelle dans le théâtre sont présentes et confirmées, et les régions qui sont marginalisées au niveau culturel sont en voie de développement», estime-t-il. Il juge également que le théâtre marocain a toujours besoin d’encouragement, d’un budget important qui puisse répondre à ses attentes afin d’élargir le champ de l’action théâtrale au Maroc et son ouverture sur les citoyens, à travers un engagement des artistes et de l’Etat.

Mohamed Nait Youssef

Related posts

Top