Un réel enjeu de santé publique

Journée mondiale de l’hypertension artérielle

Ouardirhi Abdelaziz

C’est  durant le mois de mai, précisément en  2005 qu’a été décrétée la Journée mondiale de d’hypertension artérielle par la Ligue mondiale contre l’hypertension. Depuis cette date, elle se déroule chaque année en date du 17 mai. Le but de cette journée est de sensibiliser le plus grand nombre de personnes sur cette maladie silencieuse, de communiquer au public l’importance de l’hypertension et la gravité de ses complications médicales, et de fournir de l’information sur sa prévention, sa détection et son traitement. On fait le point avec nos lecteurs sur cette affection cardiovasculaire qui touche 1,13 milliard de personnes dans le monde, dont 10 millions au Maroc.

Qu’est-ce que la tension artérielle ?

La tension artérielle (TA), communément appelée pression artérielle par les médecins, est la pression avec laquelle le sang est véhiculé dans les artères. Elle se définit par deux chiffres car la pression est pulsatile. Elle est générée par la contraction et la relaxation du cœur. La pression est maximale au moment où le cœur se contracte et que le sang est éjecté dans les artères, c’est ce que l’on appelle la pression systolique. La pression est minimale au moment où le cœur est complètement relaxé, c’est la pression diastolique.

C’est quoi l’hypertension artérielle?

La définition de l’hypertension artérielle est à la fois compliquée et simple. On estime qu’un sujet est hypertendu, s’il a en permanence des valeurs de pression artérielle au repos au-delà de 140 millimètres de mercure  (mmHg) pour le premier chiffre et 90 millimètres de mercure (mmHg)  pour le second chiffre. On dit communément 14 / 9 parce qu’on parle en  centimètre de mercure. Plus simplement, l’hypertension artérielle se définit comme étant un excès de pression dans les artères. Cet excès de pression va entrainer des modifications de la morphologie des artères, qui vont s’épaissir, se rigidifier et parfois se dilater selon le territoire. Par exemple, quand elles sont élastiques comme l’artère aorte. Cette rigidité et cette élasticité des artères en réponse à l’élévation chronique de la pression artérielle vont entrainer un défaut de perfusion de tous les organes qui sont irrigués par ces artères. L’hypertension artérielle peut endommager des organes vitaux comme le cœur, le cerveau ou les reins

L’hypertension en chiffres

Au niveau mondial, le nombre de personnes souffrant d’hypertension artérielle a connu une augmentation préoccupante. Selon une étude publiée dans la revue médicale britannique The Lancet, le nombre d’hypertendus, c’est-à-dire de personnes ayant une tension artérielle supérieure à 140/90 mmHg (millimètres de mercure) est passé de 594 millions en 1975 à plus d’1,1 milliard en 2015, causant le décès de plus de 9 millions d’individus par an.40 % des personnes qui souffrent d’hypertension dans le monde vivent dans les pays occidentaux et 60 % dans les pays en voie de développement). Mais dès 2025, à cause du vieillissement de la population et de l’évolution de mode de vie qui favorise l’obésité et la sédentarité, nous compterons 1,5 milliards de malades.

Quelle est la situation au Maroc

Il faut savoir que le Maroc n’est pas épargné par ce phénomène de l’hypertension artérielle. Notre pays est même très concerné. A ce sujet, plusieurs études réalisées dans ce sens sont venues corroborer cette triste réalité. Les résultats de l’enquête prospective 2000 du ministère de la Santé ont donné une prévalence globale de l’HTA de 33,6%. Grâce à la sixième enquête nationale sur la population et la santé familiale (ENPSF) 2017-2018, nous relevons que la proportion des individus atteints d’hypertension artérielle est passée de 5,4 % en 2011 à 6,8% en 2018. La prévalence de l’HTA augmente significativement avec l’âge. En effet, l’enquête fait également ressortir que 34% des personnes âgées de 60 ans et plus sont hypertendus. La société marocaine de l’hypertension artérielle a aussi réalisé une étude. Il en ressort de ses résultats que plus d’un tiers de la population marocaine est concerné par l’hypertension artérielle. Cela représente plus de 10 millions de nos concitoyens. Le ministère de la Santé prend en charge le traitement de plus de 270.000 malades souffrant d’hypertension artérielle, bénéficiaires du régime d’assistance médicale (RAMED). Il est utile de rappeler ici qu’au Maroc, l’hypertension artérielle sévère fait partie des 41 affections de longue durée (ALD) pour lesquelles l’assurance maladie obligatoire (AMO) assure une prise en charge dont le coût est estimé à plus de 350 millions de DH.

Des signes qui doivent interpeller

Quand on parle de l’hypertension artérielle, on a tendance à la designer comme étant une maladie sournoise, qui évolue à bas bruit, un tueur silencieux. Les spécialistes (cardiologues) ont certes bien raison, car l’hypertension artérielle est une maladie qui est le plus souvent sans symptômes. Cependant, il existe certains signes qui doivent alerter et pousser les individus à consulter le plus vite que possible un médecin. Parmi les signes à connaitre, il y a : troubles visuels, saignements de nez, bourdonnements d’oreilles, maux de tête (au réveil notamment), douleur thoracique, palpitations, essoufflements à l’effort.

Puisque nous sommes face à une maladie qui souvent ne présente aucun symptôme, le comportement à adopter reste sans doute de mesurer sa tension artérielle une ou deux fois par an par son médecin traitant. Et ce, dès l’âge de 40 ans, voire plus tôt si on a des membres de la famille hypertendus. Il est aussi très utile de disposer d’un appareil d’auto mesure à la maison. Il y a sur le marché d’excellents appareils à des prix raisonnables.

Quelles sont les causes de l’hypertension ?

Dans 90% des cas, la cause de l’hypertension est inconnue, si ce n’est le vieillissement progressif des artères, plus ou moins rapide selon la génétique et le comportement de vie. D’une manière plus générale, on peut regrouper ces causses comme suit : l’hérédité, l’hygiène de vie, des facteurs environnementaux, l‘obésité, le surpoids, consommer trop de sel, la sédentarité, l’alcool et le tabac.

Il est important de savoir que plus on avance en âge et plus l’effet de ces facteurs ne se fait ressentir. En effet, plus on est âgé, plus le risque d’hypertension augmente. Si bien qu’à 60 ans, plus de la moitié des personnes sont hypertendues et doivent par conséquent faire l’objet d’un suivi médical régulier. Causes plus rares liées aux glandes surrénales ou aux reins.

Quid de la prévention de l’hypertension artérielle ?

Au risque de se répéter, nous dirons que face à la plupart des maladies, la meilleure arme est la prévention.

Concernant l’hypertension, il faut avoir une bonne hygiène de vie. Il s’agit d’arrêter de fumer, de manger sainement, faire régulièrement du sport au moins 30 minutes de marche a pied, éviter ou alors réduire l’usage nocif de l’alcool, diminuer sa consommation de sel de 3 g / jour, manger des fruits et légumes chaque jour et réduire sa consommation de matière grasse totale et de graisses saturées.

Tout cela aide à maintenir ses artères souples et prévient l’hypertension. Et quand elle est déjà là, ça peut aussi aider à la contrôler. Cependant, une fois présente, le plus souvent il faut des médicaments que seul votre médecin traitant a le droit de vous prescrire.

Concernant la prise en charge de l’hypertension artérielle, de l’avis des scientifiques qui ont veillé à la préparation du guide des recommandations de bonnes pratiques médicales,  celle-ci  est relativement facile. La prise en charge peut être assurée par un médecin généraliste, avec ou sans collaboration des spécialistes. Une prise en charge thérapeutique bien faite permet d’éviter deux accidents cérébraux sur trois et un accident coronarien sur trois, mais retarde aussi l’apparition d’une insuffisance rénale ou la survenue d’un diabète. De même, le traitement améliore la qualité de vie des patients.

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