Légende marocaine de Muay-Thaï
Entretien exclusif à Al Bayane
Oussama Zidouhia
Avec un palmarès de plus de 300 combats, Youssef Boughanem, vingt-deux fois champion du monde, est une légende vivante qui a toujours porté le drapeau du Maroc au plus haut sans jamais rien demander en contrepartie. Aujourd’hui, Al Bayane s’est entretenu avec ce guerrier du Sahara, un homme très humble au grand cœur, le temps de revenir sur ses débuts, ses accomplissements, et sa transition prochaine vers le MMA.
Né à Bruxelles le 6 décembre 1988 de parents originaires de Tanger et d’Al Hoceima, Youssef Boughanem (33 ans) est tombé amoureux de la boxe anglaise depuis son enfance, avant de découvrir le kickboxing et par la suite la boxe Thai à 12 ans. Il débute son apprentissage au Club Friends Gym à Bruxelles, aux côtés de plusieurs champions tels que Basha Valon (champion d’Europe), et Mohamed Rahhaoui (champion du monde).
Après avoir pratiqué du football en club avec ses amis, Youssef réalise rapidement sa préférence pour les sports individuels, dans lesquels le combattant est livré à lui-même, sans pouvoir rejeter la faute sur les autres: « si tu gagnes c’est de ta responsabilité, si tu perds c’est également de ta responsabilité. J’ai trouvé mon bonheur dans cette fatalité », a t-il expliqué en 2017, lors d’un entretien avec WUSHEN FIGHT.
À la suite du décès de ses parents, Boughanem, alors âgé de 17 ans seulement, décide de quitter la Belgique pour rejoindre la Thaïlande avec son petit frère Yassine, qu’il prendra en charge à un très jeune âge et qui, tout comme son frère et mentor, deviendra champion du monde (Poids lourd) par la suite.
Mais avant, Youssef remporte un tournoi à Eindhoven, dans lequel il affronte le kickboxeur néerlandais Robin Roosmalen, et Jordy. Il gagne par la même occasion une récompense de 3500 euros, qu’il utilisera pour prendre un billet pour lui et son petit frère en direction de la Thaïlande, pays dans lequel il fera sa vie jusqu’à ce jour.
Boughanem signera son premier contrat professionnel au plus haut niveau dans le Muay Thaï, sport national numéro un en Thaïlande et qui fait partie intégrante de la tradition et de la culture du pays. Un art qui allie technique et force, pour un spectacle inoubliable.
Pour rappel, Youssef Boughanem a remporté la majorité, si ce n’est tous les titres phares de sa discipline. Récemment, le combattant marocain a suscité un grand intérêt dans le milieu des sports de combat, après avoir annoncé prendre sa retraite en boxe thaï pour se tourner vers le MMA.
En effet, Boughanem, qui a signé son contrat avec ARES Fighting Championship (promotion française de MMA créée en 2019), combattra en octobre 2022 : « A l’aube de ma retraite en qualité de boxeur professionnel de boxe thaïlandaise, je me lance un nouveau défi dans la reconversion vers le MMA. Tel un phénix qui renaît de ses cendres. Je vous promets un combat ténébreux en octobre 2022. Je tiens à remercier ares_fighting pour sa confiance », avait t’il confié après l’officialisation de son arrivée.
Cependant, avant de prendre sa retraite en boxe thai, Boughanem combattra le 26 mars en Australie le champion local DavidPennimpede (‑74kg), le 26 juin à Liège, le 23 juillet île Maurice et le 4 octobre au dôme de paris.
Palmarès : Champion du Lumpinee stadium poids moyens en 2018, champion du monde poids moyens IBF Muaythai 2018, champion du monde poids moyens WBC Muaythai la même année, champion du Rajadamnoen stadium poids moyens en 2016, champion de l’Omnoi stadium poids moyens 2015-2017 et vainqueur du Tournoi Thai Fight poids moyens (2015), un palmarès qui ferait rougir les plus grands champions d’arts martiaux.
Questions pour un champion
Al Bayane : Est t-il vrai que vous avez combattu 8 fois en un mois en Thaïlande ?
Youssef Boughanem : Non, j’ai combattus 8 fois en 5 semaines. Pour l’anecdote, j’ai même boxé mon petit frère (Champion du Monde) un jour, lors d’une cérémonie dans une base militaire thaïlandaise, l’adversaire de Yassine s’est absenté et les gens voulaient absolument voir mon frère combattre, alors j’ai accepté à condition que ça soit simplement pour le show (afin d’éviter des blessures inutiles).
Pensez-vous que les parents marocains ont une fausse ou mauvaise impression sur les sports de combat ?
Le Muay Thaï est un sport de contact. Ce qui est surprenant, c’est qu’il y a plus de blessés au football qu’en boxe. Mon sport est un sport de vigilance, de concentration, de reflexe, d’attaque et de défense. Il est normal que les parents s’inquiètent.
Quels conseils pourriez-vous donner afin d’inciter à mieux comprendre et développer ce sport au Maroc ?
La Fédération Royale Marocaine de kick boxing, muay thai-savate et sports assimilés fait très bien son travail. On peut le voir dans les compétitions amateurs, ils investissent beaucoup et créent des athlètes de renommée mondial dans le circuit amateur, ce n’est pas pour rien que les marocains sont les meilleurs en Afrique.
Que recommandez-vous aux jeunes marocains qui souhaitent se bâtir une carrière professionnelle dans le Muay Thai ?
Je recommande aux jeunes marocains qui souhaitent bâtir une carrière de voyager, trouver le bon entraîneur et les bons partenaires d’entraînements pour évoluer doucement, mais surement. Il faut toujours se surpasser pour gagner chaque combat afin d’acquérir le maximum d’expériences.
Que représente PETCHSAMAN FC pour vous ?
Petchsaman FC, qui veut littéralement dire le diamant en famille, est mon premier camp de boxe, que j’ai fondé en 2014, à Pattaya en Thaïlande. Mon staff est le même avec lequel j’ai remporté plusieurs ceintures de champion du monde. On reçoit différents combattants désirant faire partie de l’élite et mes portes sont toujours ouvertes pour mes frères marocains qui souhaitent devenir des professionnels. Nous sommes une famille, on souffre ensemble, on gagne ensemble.
Votre plus beau souvenir du Maroc ?
Mon plus beau souvenir, c’est quand ma mère m’a fait découvrir la ville de Fès. On a fait un road trip du Fnideq en voiture, c’est une ville magnifique hautement spirituelle et très inspirante. J’aimerais venir prochainement à Marrakech pour visiter le Tombeau de Youssef Ibn Tachfin, un des plus grands hommes de l’âge d’or de l’islam.
Un dernier message pour vos fans ?
Merci pour votre soutien inconditionnel, plus de 40% de mes followers sur les réseaux sont du Maroc. Je vous aime Wlad Bladi, que Dieu vous gardes et qu’inshallah, je vous fasse toujours honneur. Je remercie SM le Roi Mohammed VI qui soutient toujours les sportifs représentant du Royaume.