Zelensky dément la capture de Bakhmout

Une ville dévastée, revendiquée par la Russie

Le président Volodymyr Zelensky a démenti dimanche la capture de la ville dévastée de Bakhmout dans l’est, revendiquée la veille par Moscou à l’issue d’une longue bataille, dans des propos ambivalents en marge du sommet du G7 au Japon.

Le groupe paramilitaire russe Wagner, dont les hommes étaient en première ligne dans les combats, puis le ministère russe de la Défense avaient assuré samedi avoir « totalement libéré » Bakhmout, épicentre de la bataille la plus longue et la plus meurtrière de la guerre débutée en février 2022.

Volodymyr Zelensky, qui se trouve lui à Hiroshima au Japon pour un sommet du G7 au cours duquel il a récolté soutiens diplomatiques et aide militaire, a « démenti la capture de Bakhmout », selon des précisions sur ses propos apportées sur Facebook par son porte-parole Serguiï Nykyforov.

Un peu plus tôt, la presse avait demandé au président Zelensky: « Bakhmout est-elle encore aux mains de l’Ukraine ? Les Russes disent avoir pris Bakhmout ». Le chef d’Etat a répondu: « Je ne pense pas », sans qu’il soit clair s’il répondait à la première ou à la seconde partie de la question.

« Il n’y a rien dans cet endroit (…) juste des ruines et beaucoup de Russes morts », a-t-il poursuivi en semblant suggérer que Bakhmout ne serait qu’une victoire à la Pyrrhus pour les Russes. Il a vanté l' »excellent travail » des soldats ukrainiens.

La vice-ministre ukrainienne de la Défense Ganna Maliar a elle assuré que les forces de Kiev avaient « encerclé partiellement » Bakhmout grâce à leur percée récente sur les flancs au nord et au sud, ce qui rend selon elle « très difficile » la présence russe dans la ville.

Elle a une nouvelle fois affirmé que les défenseurs ukrainiens à Bakhmout contrôlent toujours « certaines installations industrielles et infrastructures ».

La capture de Bakhmout, déjà conquise à plus de 90% par les forces russes ces derniers mois, a été revendiquée samedi à midi par le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, qui a assuré qu’il remettrait le contrôle de la ville aux troupes régulières russes le 25 mai.

Le président russe Vladimir Poutine a d’ores et déjà félicité les hommes de Wagner et l’armée russe pour « l’achèvement de l’opération (ayant permis de) libérer » Bakhmout et promis de décorer les militaires s’étant distingué dans cette bataille qui dure depuis l’été.

Si elle était confirmée, la prise de Bakhmout permettrait à la Russie d’afficher une victoire après une série de revers humiliants.

Elle interviendrait aussi avant une contre-offensive d’ampleur que Kiev dit préparer depuis des mois, forte des livraisons d’armes occidentales.

Volodymyr Zelensky a cependant admis cette semaine que l’Ukraine avait besoin de « plus de temps » pour mettre en oeuvre cette contre-offensive destinée à reprendre aux Russes les territoires qu’ils occupent.

A l’issue d’une série d’entretiens avec les dirigeants des pays du G7, dont le président des Etats-Unis Joe Biden, il obtenu la promesse américaine de nouvelles livraisons de munitions, d’artillerie et de véhicules blindés, s’ajoutant au feu vert de Washington vendredi à la fourniture des avions de combat F-16 qu’il réclame depuis longtemps.

Moscou et Kiev ont subi d’importantes pertes à Bakhmout, ville de quelque 70.000 habitants avant l’offensive russe, aujourd’hui en grande partie détruite par les combats.

Cette bataille a aussi été le théâtre d’un conflit ouvert entre Evguéni Prigojine et l’état-major russe, envers lequel le patron de Wagner a multiplié les insultes, l’accusant de ne pas fournir à dessein à ses hommes assez de munitions pour les affaiblir.

Les positions russes à Bakhmout pourraient aussi être menacées par la progression de l’armée ukrainienne sur les flancs de la ville au nord et au sud, où les défenses sont tenues par des troupes régulières de l’armée russe.

L’Ukraine a revendiqué cette semaine avoir pris 20 kilomètres carrés autour de Bakhmout, M. Prigojine accusant les troupes russes d’avoir « fui » leurs positions. L’armée russe a elle affirmé s’être retirée sur des positions plus avantageuses.

Après une série de revers russes près de Kiev, dans le nord-est et dans le sud, le front était essentiellement figé tout l’hiver, l’essentiel des combats se déroulant à Bakhmout.

Sur le front diplomatique, les initiatives visant à favoriser des pourparlers de paix se sont multipliées, avec notamment un tournée européenne d’un émissaire chinois reçu cette semaine à Kiev et une délégation de six dirigeants de pays africains attendue en Russie pour juin ou juillet.

Le Vatican a lui annoncé samedi que le pape François avait confié une mission de paix en Ukraine à Matteo Zuppi, cardinal de la communauté Sant’Egidio connue pour son travail au service de la diplomatie.

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