Examiner de plus près les actions à mettre en place

Journée mondiale contre le travail des enfants

A l’instar de la communauté internationale, le Maroc célèbre, ce vendredi 12 juin, la Journée mondiale contre le travail des enfants, une occasion pour examiner de plus près les actions à mettre en place pour lutter contre ce phénomène qui touche aux droits fondamentaux des enfants.

La célébration de cette journée s’inscrit cette année dans un contexte particulier, au regard de la crise sanitaire causée par le nouveau coronavirus qui ravage aux quatre coins du globe. Commémorée cette année sous le thème »COVID-19: Protégeons les enfants contre le travail des enfants, maintenant plus que jamais », cette initiative planétaire se concentrera sur l’impact de la crise actuelle sur le travail des enfants, dans la mesure où la pandémie du nouveau coronavirus et le choc économique qui en résulte ont un impact énorme sur la vie et les moyens de subsistance des populations.

Ainsi, un document conjoint entre l’Organisation internationale du travail (OIT) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) sur l’impact de la COVID-19 sur le travail des enfants sera publié le 12 juin et examinera certains des principaux canaux par lesquels la pandémie est susceptible d’affecter les progrès vers l’élimination du travail des enfants. En effet, le travail des enfants constitue une violation de leurs droits fondamentaux, inscrits dans la « Convention des droits de l’enfant », adoptée en 1989, et empêche cette catégorie sociale d’acquérir les compétences et l’éducation nécessaires pour améliorer leur avenir, en les privant de leur enfance, de leur potentiel, de leur dignité, leur scolarité, ainsi que de leur santé et de leur développement physique et mental.

Selon l’OIT, quelque 152 millions d’enfants (de 5 à 17 ans) dans le monde sont astreints au travail, dont 73 millions d’entre eux effectuent des travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont considérés comme dangereux. Au Maroc, bien que l’État a œuvré ces dernières années à la mise en place de diverses mesures et à la ratification d’un grand nombre de conventions et protocoles pour consolider la protection des droits de l’enfant, ce phénomène persiste encore comme partout au monde. Le Haut Commissariat au Plan (HCP) a dévoilé en 2018 que sur les 7.049.000 enfants âgés de 7 à 17 ans, 247.000 exercent un travail, soit 3,5%.

Parmi ces derniers, 162.000 exercent un travail revêtant un caractère dangereux, ce qui correspond à un taux d’incidence de 2,3%. Les enfants astreints à ce type de travail sont issus à 76,3% du milieu rural, 81% sont de sexe masculin et à 73% sont âgés de 15 à 17 ans. Quatre régions abritent 70% des enfants astreints à ce type de travail, avec la région de Casablanca-Settat en tête avec 25,3%, suivie de Marrakech-Safi (20,3%), de Rabat-Salé-Kénitra (12,7%) et de la région Fès-Meknès (11,7%).

Par ailleurs, 10,6% des enfants exerçant un travail dangereux sont en cours de scolarisation, 81,4% ont quitté l’école et 8% ne l’ont jamais fréquentée. Le travail dangereux reste concentré dans certains secteurs économiques et diffère selon le lieu de résidence. En zone rurale, les enfants exerçant un travail dangereux se retrouvent en particulier dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche (82,6%), alors qu’en ville, ils sont concentrés dans les services (52,7%) et dans l’industrie y compris l’artisanat (32%).

Les efforts déployés par le Maroc en la matière demeurent louables, le gouvernement marocain a adopté une politique publique intégrée de protection des enfants étalée sur la période 2015-2025 en tant que cadre stratégique pluridisciplinaire ayant servi de plate-forme pour un système intégré de protection de l’enfance. En outre, le Maroc a connu une amélioration significative quant au nombre des enfants employés, passant de 517.000 en 1999 à 57.000 en 2015 selon des données du HCP.

Cette tendance à la baisse est due principalement au lancement de plusieurs initiatives, notamment l’Initiative nationale de développement humain (INDH), le plan d’action nationale pour l’enfance (PANE) « Un Maroc digne de ses enfants » et les politiques publiques intégrées de protection de l’enfance, en conformité avec les engagements internationaux du Maroc.  Une autre étape importante dans le processus de protection des droits sociaux de cette catégorie réside dans l’adoption de la loi n° 19.12 fixant les conditions de travail et d’emploi des travailleurs domestiques, adoptée par le parlement en juillet 2016.

Toutefois, la situation des droits de l’enfance fait toujours face à plusieurs défis, notamment avec l’avènement de la crise sanitaire mondiale causée par le nouveau coronavirus (Covid-19), et ses répercussions économiques et sociales, impactant considérablement le marché de l’emploi le bien-être des populations. Globalement, la lutte contre le travail des enfants demeure l’affaire de tous, notamment les gouvernements, les employeurs, les organisations du travail, la société civile, ainsi que des millions de personnes à travers le monde.

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