La recherche source d’espoir
La Chine et l’Inde, deux géants démographiques et économiques, affrontent mercredi une expansion inquiétante du nouveau coronavirus, dont les malades gravement atteints pourraient bénéficier bientôt d’une «avancée majeure» annoncée mardi par des chercheurs britanniques.
La situation épidémique à Pékin est jugée «extrêmement grave» par les autorités, faisant craindre la possibilité d’une nouvelle vague de contaminations. Au total, 137 personnes ont été contaminées depuis la semaine dernière dans la mégapole de 21 millions d’habitants.
Un choc pour les Pékinois, car la Chine avait largement endigué le coronavirus à force de quarantaines et de dépistages. Le Covid-19 avait fait son apparition fin 2019 en Chine, à Wuhan dans le centre du pays, avant de gagner toute la planète.
Ce rebond du nombre d’infections, centré autour du marché géant de Xinfadi, dans le sud de la capitale, a poussé les autorités aéroportuaires à annuler mercredi plus d’un millier de vols au départ et à l’arrivée des deux aéroports de Pékin. Les écoles avaient été fermées dès mardi, et les habitants de la capitale sont invités à reporter tout voyage non essentiel.
Plusieurs villes et provinces imposent en outre désormais une quarantaine à l’arrivée aux voyageurs en provenance de la capitale chinoise.
En Inde, deuxième pays le plus peuplé de la planète, le bilan s’est alourdi de 2.000 morts en un jour, portant le total à 11.903 décès. L’épidémie continue de faire rage et de progresser, alors que le système de santé indien est déjà saturé en de nombreux endroits par les patients du Covid-19 et que les experts estiment que le pic reste encore à venir.
Confronté à une économie exsangue, le Premier ministre Narendra Modi a largement levé au début du mois le confinement draconien imposé fin mars au 1,3 milliard d’Indiens, même si l’épidémie ne montre toujours pas de signes de reflux dans le sous-continent, qui enregistre environ 11.000 nouveaux cas confirmés par jour et en a pour le moment recensé au total quelque 354.065.
Les autorités de la capitale indienne disent s’attendre à plus d’un demi-million de malades du Covid-19 à fin juillet dans la mégapole de 20 millions d’habitants, soit une multiplication par près de 20 en moins de deux mois.
Le gouvernement local réquisitionne des hôtels et salles de réception pour y installer des hôpitaux de campagne. 500 wagons de trains sont en cours de reconversion en centres d’isolement pour malades du Covid-19 dans la capitale.
Face à l’expansion du virus, une lueur d’espoir est venue mardi des responsables de l’essai clinique britannique Recovery, qui ont découvert qu’un médicament de la famille des stéroïdes, le dexamethasone, réduisait d’un tiers la mortalité chez les malades les plus gravement atteints.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a salué une «percée scientifique». «C’est le premier traitement avéré qui réduit la mortalité chez les patients atteints par le Covid-19 sous assistance d’oxygène ou de respirateur», a commenté le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Ce médicament
est déjà utilisé dans de nombreuses indications pour son effet
anti-inflammatoire puissant.
Autre nouvelle rassurante, la progression de la maladie est désormais sous
contrôle en Europe, estiment les gouvernements, qui ont rouvert lundi les
frontières avec leurs voisins.
L’Espagne attend le 21 juin pour ouvrir ses frontières avec les pays de l’UE, sauf le Portugal, et procède mercredi à la réouverture hautement symbolique de l’Alhambra de Grenade (Andalousie, sud), un complexe palatial renommé pour la délicatesse de son architecture et la splendeur de ses jardins.
Mais les conséquences de la pandémie sur l’économie européennes continuent de se faire sentir: le marché automobile européen s’est encore effondré de 52,3% en mai sur un an, tandis que les salariés de grands pays de la zone euro ont vu leur revenu fondre de 7% durant la période de confinement.
Une trentaine d’associations européennes ont d’ailleurs demandé mercredi à l’Union européenne d’augmenter «les moyens dédiés à la lutte contre la pauvreté et à l’aide alimentaire» dans le prochain budget, face à «une vague de pauvreté sans précédent aggravée par l’épidémie».
Aux Etats-Unis, 740 morts ont été enregistrés en 24 heures, selon le décompte de l’université Johns Hopkins à 00H30 GMT mercredi, et le nombre total de décès du Covid-19 enregistrés dans le pays dépasse désormais 116.850, soit plus que le nombre de soldats américains tués durant la Première Guerre mondiale (environ 116.500 selon le département des Anciens combattants).
Les Etats-Unis
et le Canada ont décidé de prolonger la fermeture de leur frontière commune
jusqu’au 21 juillet pour tous les déplacements non essentiels. Il en ira de
même pour la frontière américano-mexicaine.
La pandémie continue en outre de faire rage en Amérique latine et aux Caraïbes,
qui ont dépassé les 80.000 décès. La moitié sont recensés au Brésil qui, avec
45.241 morts (dont 1.282 mardi) est le deuxième pays le plus endeuillé.
Au Chili, l’«état d’exception constitutionnel pour catastrophe» a été prolongé de trois mois pour freiner l’épidémie, tandis que l’Equateur a prolongé de 60 jours, jusqu’au 13 août, l’état d’urgence.
Le président du Honduras, Juan Orlando Hernández, a annoncé que lui-même et son épouse avaient été testés positifs, affirmant qu’il continuerait d’exercer ses fonctions en «télétravail» tout en suivant un traitement pour ses «symptômes légers».
Et le Pérou a enregistré plus de 7.000 décès dus au coronavirus, pour 237.000 infections après trois mois de confinement. Le ministre de la Santé, Victor Zamora, a toutefois relevé des signes positifs: «L’épidémie montre une décrue (…) le rythme de la contagion ralentit».
A travers le monde, au moins 8.090.290 cas d’infection parmi lesquels 438.250 décès ont été comptabilisés au total, notamment en Europe, continent le plus touché avec plus de 2,4 millions de cas (188.349 morts) et aux Etats-Unis, qui comptent le plus grand nombre de cas diagnostiqués (plus de 2,1 millions) et de décès, selon le dernier comptage réalisé mardi à 19h00 GMT par l’AFP à partir de sources officielles.
(AFP)