Une grande dame du cinéma, du théâtre et de la télévision s’en est allée

Naima Lamcharki

Mohamed Nait Youssef

La grande dame du cinéma, de la télévision et des planches nationales n’est plus. L’information est tombée comme un couperet, samedi 5 octobre. Naima Lamcharki a quitté le monde d’ici à l’âge de81 ans, après une carrière remarquable et brillante. Une grande perte pour le paysage artistique marocain.

Connue pour ses rôles captivants, son talent de comédienne expérimentée, la regrettée n’était pas seulement une artiste douée, mais une figure emblématique, une icône ayant marqué la scène culturelle et associative nationale. Son empreinte demeure indélébile.     «Le décès  de Naima Lamcharki est une grande perte pour le paysage artistique national. C’est une grande comédienne aux multiples talents, une artiste intellectuelle et engagée ayant un long parcours dans de différents domaines dramatiques : au cinéma, à la télévision, au théâtre, à la radio. Elle a toujours joué des rôles importants.», témoigne Messaoud Bouhcine, président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques.

Les débuts sur les planches…

C’est à la ville dite blanche, Casablanca, que  Naima Lamcharki a ouvert  les yeux le 11 juillet 1943. Et c’est dans cette cité ayant donné de grands noms de l’art marocain que l’actrice avait commencé sa carrière d’abord sur les planches avant de passer à la radio. À la fin des années 1950, la comédienne a fait ses premiers pas en intégrant le théâtre amateur du réalisateur Mustapha Toumi. Or, son  expérience théâtrale la plus brillante était avec dramaturge, metteur en scène et réalisateur, Tayeb Saddiki.

Naima Lamcharki a marqué le théâtre marocain par ses interprétations exceptionnelles   et son jeu juste dans de nombreuses plusieurs pièces avec les troupes de théâtre les plus importantes, entre autres,  la troupe Al Maâmoura, Basatin, le Théâtre Al Ouns ou encore la troupe de la Radio et de la Télévision Marocaine. « L’artiste Naima Lamcharki appartient à la première génération qui a établi l’art dramatique au féminin dans notre pays et dans le monde arabe, à une époque où le théâtre était réservé aux hommes. Depuis sa jeunesse, elle a brillé sur les scènes des théâtres marocains et a travaillé sous la direction de grands metteurs en scène de théâtre, avec à leur tête feu Tayeb Saddiki. Elle a poursuivi son parcours artistique avec habileté et intelligence, que ce soit au théâtre, au cinéma ou à la télévision.», nous confie Lahoucine Chaâbi, dramaturge et journaliste. Naima Lamcharki, poursuit-il, a eu une empreinte particulière dans chaque œuvre artistique à laquelle elle a participé. Elle choisissait ses rôles avec soin et précision, a-t-il précisé.

Un visage crevant l’écran

Le public avait connu Naima Lamcharki dans de nombreuses œuvres partagées entre le petit et grand écran, entre autres, « A la recherche du mari de ma femme », « L’automne des pommiers » , « Casablanca ,nid d’espions », « Noces de sang », « 44 ou les Récits de la nuit », « LallaHobby », « la bataille des trois Rois », sans oublier bien entendu  les séries télévisées comme “La famille Ramdam”. A la télévision, elle a marqué un passage inoubliable en animant, entre 2000 et 2004,  la fameuse émission éducative et culturelle« Alif Lam » sur la chaîne Al Oula, destinée à la lutte contre l’analphabétisme. Ce fut une aubaine. Une artiste engagée…  Charismatique, Naima Lamcharki était une artiste engagée, impliquée dans les questions relatives au secteur artistique et théâtral.  Elle était à l’avant-garde des artistes qui ont fondé le Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques (anciennement Syndicat national des professionnels du théâtre). «Au début des années 90, elle a été élue lors du congrès constitutif  comme membre de la direction nationale de ce syndicat, ce qui l’a placée à l’avant-garde des défenseuses des droits des artistes et des professionnels du théâtre, et de la nécessité de s’organiser et de renforcer le secteur professionnel des professionnels du théâtre dans notre pays. », nous explique Lahoucine Chaâbi.

De l’art pour la bonne cause

Naima Lamcharki militait pour la bonne cause. Elle était ambassadrice de bonne volonté auprès de l’UNICEF. Son travail associatif et ses actions sociales ont marqué sa vie de citoyenne, artiste et militante. «Non seulement elle était une grande artiste, mais elle était également une passionnée ambassadrice de la culture marocaine. En tant que membre dévoué du Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle et de la Fondation HIBA, elle a joué un rôle essentiel dans la promotion de la culture et le soutien des artistes émergents, contribuant à créer un environnement propice à la créativité et à l’expression artistique. Aujourd’hui, nous avons perdu une véritable icône. Sa sagesse, son enthousiasme contagieux et sa passion pour l’art resteront gravés dans nos mémoires et dans le cœur de tous les Marocains.», c’est avec ces mots que la fondation Hiba avait annoncé le départ de Naima Lamcharki.

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