Ce mardi, la «Nouvelle IRA» a reconnu sa responsabilité dans la mort, dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 Avril, à Londonderry, de la journaliste Lyra McKee, 29 ans, tuée, par mégarde, par un combattant du groupe alors qu’elle se «tenait à côté des forces ennemies lourdement armées» et présenté ses «sincères et entières excuses à sa partenaire, à sa famille et à ses amis».
Dans le cadre de l’enquête portant sur la mort de la jeune journaliste, la police nord-irlandaise a annoncé, de son côté, avoir procédé ce mardi à l’arrestation d’une femme de 57 ans après avoir relâché les deux jeunes hommes de 18 et 19 ans interpelés samedi.
Ce drame, dont la jeune journaliste spécialisée dans les questions nord-irlandaises, a payé le prix en succombant à l’hôpital des suites de ses blessures, a provoqué une onde de choc dans les différentes communautés irlandaises en remuant le couteau dans cette plaie encore béante née du conflit sanglant qui avait déchiré la «province britannique d’Irlande du Nord» durant trois décennies en opposant les catholiques, républicains nationalistes partisans de la réunification de l’Irlande, aux protestants, loyalistes unionistes qui défendent leur maintien sous la couronne britannique.
Pour rappel, c’est dans cette même ville de Londonderry – appelée Free Derry par les nationalistes – que le 30 Janvier 1972, des soldats britanniques avaient tiré sur des manifestants pacifiques tuant 14 d’entre eux. Ce tragique évènement restera, pour la postérité, le fameux «Bloody Sunday».
Mais qui est donc cette «Nouvelle IRA»?
Lorsque le processus de paix qui débuta dans les années 1990 avait abouti en 1998 au fameux accord de paix du Vendredi saint qui, en imposant le retrait des forces britanniques et le désarmement de l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA), avait mis fin à trente années d’effusion de sang, les républicains qui, à l’époque, ne voulaient pas adhérer à l’approche proposée par le Sinn Fein se retirèrent du mouvement.
Mais si certains d’entre eux saisirent cette occasion pour prendre leur «retraite», d’autres, au contraire, ont préféré constituer de nouvelles entités – aussi bien politiques que paramilitaires – afin de poursuivre leur combat contre le gouvernement britannique en Irlande du Nord et pour la réunification de l’Irlande. Parmi ces derniers, figure la Nouvelle IRA.
Aussi, sur ce mur emblématique de Londonderry où, depuis 1969, s’affiche le slogan des revendications séparatistes «You are now entering Free Derry» (Vous entrez maintenant dans le Derry libre» a été ajouté cette inscription : «# Not in our name, RIP Lyra» («#Pas en notre nom, repose en paix Lyra»).
Cette Nouvelle IRA compte-t-elle faire revivre, encore une fois, aux catholiques et aux protestants irlandais, ces «troubles» qui avaient duré pendant trois décennies et qui s’étaient soldé par plus de 3.500 morts? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi