Comme quasiment attendu, le délire du front national n’aura duré que quelques jours. Les électeurs français, y compris les abstentionnistes, cette fois-ci, se sont vite remis de leur périlleuse errance. Finalement, la vague bleu-marine n’a pu s’adjuger aucune région de l’Hexagone. Un long soupir de soulagement fut éprouvé dans l’ensemble des rangs tricolores, après une semaine de cauchemar. La gauche et la droite, toutes composantes confondues, se sont, une fois n’est pas coutume, fortement mobilisées pour barrer la route aux frontistes.

Une alliance momentanée des deux grands rivaux traditionnels qui, encore une fois, ont sauvé les meubles d’une nation, constamment en proie de la dérive extrémiste. La liesse de la victoire se répand, depuis dimanche soir, dans les camps modérés de la république, mais le spectre Lepéniste continue à angoisser aussi bien le peuple français que son brassage ethnique. Presque la totalité des leaders politiques, encore sous l’effet de l’allégresse, a mis en garde, juste après l’annonce des suffrages, de tout triomphalisme béat, face à cet épouvantail cocardier.

A la veille des présidentielles qui s’annoncent palpitantes, en juin 2017, la montée vertigineuse de la xénophobie aura donc servi de leçon, à la communauté française qui, il faut bien le dire a joué avec le feu, en se faisant attendrir par des slogans nationalistes benêts de l’extrême droite. D’autant plus que cette France des Lumières qui souffre, aujourd’hui, le calvaire de cette altercation exogène, n’est pas du tout, prédisposée à s’enfermer dans les clivages du nationalisme réducteur. Car, de tout temps, les valeurs républicaines, axées sur les préceptes de liberté, fraternité, égalité, refont surface et ce sont les mêmesfondements qui font unir, aujourd’hui, les entités opposées de droite et de gauche pour faire front à ces fausses notes de la genèse française.

Cependant, ces menaces perpétuelles qui guettent le peuple français ne sont pas définitivement éradiquées, tant que le peuple n’est pas bien dans sa peau. Le malaise du chômage se perpétue, à des cadences galopantes. Le marasme de l’inflation se maintient dans les méandres de la vie active. Le tournis de l’insécurité torpille la quiétude des citoyens dans les quartiers, à dense animation. La disparité s’engouffre à grandes enjambées, dans les franges exclues de la société…Les français se mettent à dégouter tous ces matraquages et trouvent refuge dans le refus et la révolte. L’alternance Droite/Gauche met beaucoup de temps à venir à bout de leurs inquiétudes. Le courant chauviniste qui se ravitaille de ces maux incurables, depuis déjà des lustres, se propage tel un feu de paille, réussit à tenter les grincheux et fait éveiller l’esprit communautariste, autour des aphorismes ségrégatifs et sectaires.

Proscrire tous ces dérapages suppose alors une réelle politique de réconciliation et d’assouvissement urgent et pérenne des attentes de la société, au lieu de se contenter de s’allier, à chaque échéance électorale, afin de faire barrage à la grimpée extrémiste qui ne fait, en fin de compte, que fleurir dans les espaces malaisés.

Saoudi El Amalki