Burkina Faso: Démission du Premier ministre

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Après plusieurs manifestations au cours desquelles les burkinabés ont réclamé son départ du fait de son incapacité à mettre un terme aux  attaques jihadistes qui endeuillent, chaque semaine, le pays depuis 2015, le Premier ministre Christophe Joseph-Marie Dabiré a remis, ce mercredi 8 décembre, sa lettre de démission au président Roch Marc Christian Kaboré.

Cette démission ayant été acceptée par le chef de l’Etat, le secrétaire général du gouvernement, Stephane Wenceslas Sanou, a annoncé, le jour-même, à ses compatriotes, sur les ondes de la télévision nationale, qu’il a été « mis fin aux fonctions de Premier ministre de M. Dabiré » et lu le décret présidentiel y afférent.

La démission du Premier ministre entraînant automatiquement celle de l’ensemble des ministres de son gouvernement, ces derniers ont été officiellement chargés d’assurer «l’expédition des affaires courantes de (leurs) départements ministériels (respectifs) jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement » et, sur sa page Facebook, le Premier ministre démissionnaire, se disant «convaincu que c’est dans une unité d’action » qu’il sera possible de « relever les défis » auxquels le pays et sa population seront confrontés, a invité «les burkinabés, dans leur ensemble, à se mobiliser pour soutenir le Président du Burkina Faso et le nouvel exécutif qui sera mis en place».

Pour rappel, le président  Roch Marc Christian Kaboré qui avait été élu en novembre 2018, une année après que son prédécesseur Blaise Compraoré, au pouvoir depuis 1987, ait été chassé par la rue pour avoir voulu modifier la constitution afin de se maintenir en place, a, été confronté, dès sa prise de fonction, à une dégradation progressive de la situation sécuritaire dans le pays qu’il n’a toujours pas pu enrayer.

Le Premier ministre Christophe Joseph-Marie Dabiré est, quant à lui, un ancien commissaire chargé du commerce, de la concurrence et de la coopération au sein de l’Union Economique et Monétaire ouest-africaine qui avait été reconduit, à la Primature, en janvier dernier, après la réélection de M. Kaboré pour un second et dernier mandat.

Mais le Burkina-Faso fait face, depuis 2015, au nord et à l’est, notamment, à la violence de groupes armés liés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique ; une violence qui a fait environ 2.000 morts et contraint au déplacement près de 1,4 million de personnes.

Plus récemment, le 14 novembre dernier, un détachement de gendarmerie à Inata, dans le nord du pays, avait été victime d’une des attaques les plus meurtrières contre les forces de sécurité puisque plus de 53 gendarmes y avaient perdus la vie.

Aussi, en dénonçant «l’incapacité» du gouvernement à contrer la violence jihadiste, l’opposition  avait exigé, le 27 novembre dernier, au cours d’une importante manifestation qui s’était tenue à Ouagadougou, la mise en œuvre de «mesures urgentes» destinées à mettre un terme à la «dégradation de la situation sécuritaire» du pays.

Dans sa réponse à l’opposition, le président Kaboré a souligné «la nécessité de constituer, au plan gouvernemental, une équipe  resserrée et plus soudée » et fait part de son intention de lancer de nouvelles mesures dont, notamment, une «opération mains propres, pour vider tous les dossiers pendants de corruption et éclaircir toutes les affaires qui polluent le quotidien des burkinabés épris de bonne gouvernance et de démocratie».

Un changement de gouvernement et la prise de mesures anti-corruption seront-ils suffisants pour calmer la colère de la rue ? Rien n’est moins sûr dès lors que même le président est dans la ligne de mire d’une opposition qui réclame son départ mais attendons pour voir…

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