Après avoir fait de Nicolas Maduro sa principale bête noire en Amérique latine et renforcé les sanctions à son égard afin de précipiter son départ, voilà que ce mardi et en pleine crise sanitaire mondiale, le président américain Donald Trump change son fusil d’épaule et propose, par la voix de son chef de la diplomatie, un «cadre pour une transition démocratique» au Venezuela et une «voie de sortie séquentielle» des sanctions; y compris sur le secteur pétrolier.
Bien qu’ils reconnaissent, depuis Janvier 2019, Juan Guaido, le jeune chef de l’Assemblée Nationale, comme étant le président par intérim du Venezuela et qu’ils sont soutenus, dans leur démarche, par une cinquantaine de pays, les Etats-Unis et leurs alliés se sont trouvés dans une impasse dès lors que Nicolas Maduro bénéficie toujours du soutien de son armée qui voit en lui le président légitime du pays et de l’appui de la Russie, la Chine et Cuba.
Reconnaissant l’échec de la stratégie mise en place à l’effet de chasser le président Nicolas Maduro du pouvoir, les Etats-Unis ont donc été contraints d’inviter leur jeune allié, Juan Guaido, à renoncer à la « présidence » du Venezuela dans l’attente de l’organisation de nouvelles élections.
C’est à ce titre que, pour «débloquer» la situation, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a proposé, ce mardi, aux deux protagonistes, de renoncer, durant une «période de transition», au pouvoir exécutif qui sera confié à un «Conseil d’Etat» mis en place par «des élus de l’Assemblée Nationale issus des deux camps»; à charge, pour celui-ci, d’organiser, dans un délai de six à douze mois, des élections législatives et présidentielles «libres et justes» auxquelles Juan Guaido pourra participer en tant que candidat à la présidentielle.
Espérer mettre Maduro sur la voie de la réconciliation politique en lui demandant de «se retirer» et en conférant à l’Assemblée nationale – contrôlée par l’opposition et présidée par Juan Guaido – le droit «d’élire un gouvernement de transition inclusif et acceptable par les principales factions» qui, lui-même, supervisera les élections est une démarche qui n’aurait aucune chance d’aboutir sachant qu’en dépit de tous les efforts faits par Washington pour le destituer, le président vénézuélien «a conservé son pouvoir et n’a montré aucune volonté de négocier la fin de son règne».
Mais s’il avait coutume d’accuser les Etats-Unis de soutenir l’opposition vénézuélienne, le gouvernement de Maduro n’a pas commenté la proposition faite ce mardi par l’administration américaine. Aussi, cette dernière espère-t-elle que le différend énergétique entre Riyad et Moscou qui a contribué à la chute des prix du pétrole – principale bouée de sauvetage de Maduro – ajouté à la crise du coronavirus aideront Maduro à devenir plus flexible.
Adoptant donc un ton plus conciliant, le représentant spécial américain pour le Venezuela, Elliott Abrams, a déclaré, à l’Agence Reuters, que les sanctions américaines pourraient être levées. Il a tenu, également, à préciser, que la proposition de Washington ne prévoit pas l’exil de Nicolas Maduro qui «pourrait théoriquement se présenter» aux élections si, comme l’avait signalé, auparavant, Mike Pompeo, «les conditions du cadre sont remplies, y compris le départ de toutes les forces de sécurité étrangères».
Enfin, la crise du coronavirus et la chute des prix du pétrole vont-elle pousser le président Nicolas Maduro à plus de flexibilité comme l’espère l’administration de Washington ? Rien ne l’indique pour l’heure mais attendons pour voir….