Des millions d’Américains menacés d’expulsion

En pleine flambée du variant Delta

Des millions de familles américaines sont menacées depuis dimanche d’être expulsées de leurs logements, en plein regain de la pandémie de Covid-19 et sur fond de cacophonie politique impliquant le Parlement comme la Maison Blanche.

Alors que des milliards de dollars de fonds publics destinés à aider les locataires n’ont toujours pas été utilisés, le président Joe Biden a exhorté cette semaine le Congrès à prolonger un moratoire sur les expulsions pour loyers impayés, qui expirait samedi à minuit.

Mais les républicains se sont opposés aux efforts des démocrates pour prolonger l’interdiction des expulsions jusqu’à la mi-octobre.

Bloquer cette mesure est un «acte de pure cruauté» «qui jette dans la rue des enfants et des familles», s’est insurgée la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, sur Twitter.

Désormais, les élus de la Chambre des représentants sont en vacances jusqu’à la fin du mois d’août, et seront suivis par les sénateurs une semaine plus tard, éloignant tout espoir d’un accord rapide.

«Si ça arrive, ça arrive (…). Je fais ce que je dois faire pour survivre», raconte, fataliste, Terriana Clark au site d’informations régionales NOLA.

Jusqu’ici le moratoire sur les expulsions avait permis à cette habitante de Louisiane, âgée de 27 ans et au chômage suite à une maladie, d’échapper à l’expulsion le mois dernier.

La voilà donc menacée de finir à la rue, elle qui dit avoir déjà vécu la majeure partie de 2020 dans une voiture, avec son mari et deux enfants.

Mary Hunt, conductrice de véhicule sanitaire dans le Michigan, peine aussi à payer le loyer de son mobile-home, après avoir été malade du Covid-19.

«Si je perds ce logement, alors (mes cinq chats et mon chien) viennent vivre avec moi dans la voiture. Les gens peuvent bien penser que je suis folle, je n’abandonnerai pas ma famille», a-t-elle confié à la radio NPR.

Autant de situations dramatiques qui font suite à trois journées de grande confusion politique.

Cori Bush, représentante démocrate de l’Etat du Missouri, ne peut s’y résigner. Cette élue, qui a elle-même été sans-abri, a passé la nuit au Capitole, à Washington, rejointe par d’autres élues de la gauche du camp démocrate.

«Nous aurions pu prolonger (le moratoire) hier, mais certains démocrates sont plutôt partis en vacances. Nous avons dormi au Capitole la nuit dernière pour leur demander de revenir et de faire leur boulot», a-t-elle dit samedi sur Twitter.

Plus de 10 millions de personnes aux Etats-Unis sont en retard sur le paiement de leur loyer, a calculé le CBPP, un institut de recherche indépendant.

Et quelque 3,6 millions de locataires estiment qu’ils risquent de se faire expulser dans les deux mois, selon une étude du bureau des statistiques réalisée début juillet auprès de 51 millions de locataires.

La suspension des expulsions avait été mise en place en septembre 2020 par les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence de santé publique des Etats-Unis, puis prolongée à plusieurs reprises au nom de la lutte contre la propagation du Covid-19.

Mais la Cour suprême avait estimé en juin que toute prolongation supplémentaire devait être décidée par le Congrès.

Pour ajouter à l’absurdité de la situation, l’argent prévu par le gouvernement fédéral pour aider les locataires en difficulté à payer leur loyer peine à arriver sur leurs comptes en banque, en raison de procédures bureaucratiques complexes.

Ainsi, sur les 46 milliards de dollars prévus par le gouvernement, dont 25 milliards déboursés début février, 3 milliards seulement sont arrivés à destination.

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