Plusieurs villes du sud-est en proie à de violentes intempéries
Par Jamal Eddine Felhi
Depuis quelques jours de nombreuses régions de notre pays, jusque-là souffrant d’une longue sècheresse, connaissent des précipitations exceptionnelles qui ont provoqué de graves inondations et, le plus dramatique, causé, selon certains témoignages, la disparition de plusieurs personnes et des dégâts matériels importants.
Ces précipitations ont concerné des zones arides, connues généralement par une faible pluviométrie. Il s’agit des provinces d’Errachidia, de Tata, Zagora, Figuig, Tiznit, Tinghir, Agadir Ida-Ou-Tanane et de Ouarzazate.
Pour ne citer que les pertes enregistrées de samedi à dimanche matin, ces précipitations, qui interviennent après une longue période de sécheresse, ont causé la disparition de plusieurs personnes dans les localités d’Aoukerda et d’Igmir comme l’a révélé la commune de Tamanrate, province de Tata, sur sa page Facebook. Alors que, selon des médias en ligne et en l’absence d’un bilan officiel, les corps de 9 personnes ont été retrouvés sans vie, dimanche matin, 6 à Aoukerda et 3 dans la vallée d’Oued Tamanrate, au moment où les recherches se poursuivaient toujours pour retrouver d’autres éventuels disparus.
Il a, de même, été rapporté que deux personnes ont trouvé la mort, dans la soirée de samedi, dans la commune de Aït Ouafqa, province de Tiznit, après qu’une coulée de boue ait emporté le véhicule dans lequel elles se trouvaient en compagnie de deux autres personnes, sauvées, quant à elles, grâce à l’intervention des éléments de la gendarmerie royale, de la protection civile et de citoyens.
Face à l’ampleur des dégâts, nul besoin de souligner la nécessité de la mise en place par les départements gouvernementaux concernés d’un plan d’urgence pour venir en secours aux populations touchées par ces inondations, dont les familles qui ont perdu leurs habitations, leurs cultures ou leur cheptel.
Certes ces dernières pluies s’avèrent bénéfiques pour la nappe phréatique asséchée par les sécheresses successives, mais elles ne sont pas habituelles.
Épisode passager ou phénomène durable auquel il faudra se préparer ?
La succession de périodes d’extrêmes sécheresses et de pluies diluviennes au Maroc comme dans le reste du monde prouve, une fois encore, que le réchauffement climatique est une réalité qu’il faut combattre à l’échelle planétaire mais surtout auquel il faut se préparer au plan national pour en limiter les effets dramatiques. D’autant plus qu’il est attendu que le réchauffement climatique se traduira, dans notre pays, par des impacts significatifs sur l’environnement, l’économie, et la population à cause de l’augmentation des températures, la raréfaction des ressources hydriques, la désertification et la dégradation des sols qu’il engendrera.
Selon les experts, la température globale au Maroc pourrait augmenter de 1 à 2,5 °C d’ici 2050. Cette élévation de température, aussi minime soit-elle, entraînera des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses, affectant la santé publique et augmentant aussi la demande en énergie, de même que des intempéries importantes comme celles enregistrées actuellement.
Notre pays connaît déjà une faible disponibilité en eau, et le changement climatique aggravera encore davantage cette situation du fait de la diminution des précipitations et de l’irrégularité des pluies, affectant l’agriculture, l’accès à l’eau potable, et la production d’énergie hydroélectrique et asséchant les rivières et les lacs, ainsi que les nappes phréatiques.
L’augmentation des températures et la baisse des précipitations accélèreront aussi la désertification, en particulier dans les zones semi-arides et arides du Maroc, sachant que la dégradation des sols affecte la production agricole, qui est une composante majeure de notre économie. Dans ce contexte, les petits agriculteurs seront particulièrement exposés et vulnérables à ces changements, surtout que leurs exploitations dépendent des caprices du ciel.
Le réchauffement climatique aura inexorablement des répercussions socio-économiques importantes, notamment sur la sécurité alimentaire, la migration interne, et les inégalités sociales. Les communautés rurales, les femmes, et les populations les plus vulnérables seront parmi les plus durement touchées par ces effets.
Face au changement climatique, le Maroc a pris des initiatives louables pour contribuer à l’atténuation des effets du changement climatique au plan mondial en s’engageant, entre autres, à produire 52 % de son énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2030, avec des projets majeurs comme la centrale solaire Noor à Ouarzazate, l’une des plus grandes au monde.
De même, qu’il œuvre à améliorer la gestion des ressources en eau, à renforcer la résilience de l’agriculture, mais il est aussi question de se préparer à pouvoir faire face à des pluies diluviennes comme celles que l’on connait actuellement.
Cependant, le plus urgent aujourd’hui pour les pouvoirs publics est de venir en aide aux populations affectées dans les communes rurales et les zones urbaines touchées.