l’Ahouach jusqu’à très tard. C’est un mode alternatif de résolution des différends entre les deux grands pôles tribaux: » ahougalt » et » agouzoult ».
Octroyer la dimension politico-diplomatique à Idernan constitue un hommage à l’image de l’homme amazigh, souvent classé dans la case de la barbarie et de l’ignorance et une reconnaissance de sa sagesse. De nos jours, les gens ne connaissent pas l’origine de la fête des idernan. Les anciens racontaient : il y avait un savant réputé «Sidi Mohammed Ajliy» qui a recommandé aux gens de faire une fête entre le début de janvier et la mi-mars. Les Oulémas de Sous se sont réunis à Igourdane pour établir une trêve. Deux représentants de chaque douar avaient signé ce pacte permettant aux gens de faire leur marché en paix. Appelée «la trêve d’idernan», les gens se reçoivent mutuellement ; quiconque peut se rendre au douar avec confiance, sans être muni d’armes.
Ce sont des fêtes saisonnières en commémoration de la trêve établie entre les tribus du Souss il y a des siècles. Idernan met fin à l’opposition territoriale entre le leff de Tahougalt (de Tazoult à Aferni) et celui de Tagouzoult (d’Aït Smayoun à Ida Ou Samlal) . Ces deux leff antagonistes ne connaissaient de trêve que durant les fêtes des idernan qui commencent annuellement le premier jeudi de janvier à Ammelen, puis vient le tour de Ait Souab, Ida Gwnidif, Ida Ousemlal et Ida Oubaaqil les semaines d’après.
Si l’émigration a dispersé les hommes: tailleurs à Tanger, buralistes à Casablanca, épiciers à Rabat, propriétaires de supermarché dans la banlieue parisienne. Les associations amazighes s’engagent fortement pour organiser, au profit de ceux qui n’ont pas le temps et les moyens, au Maroc et ailleurs, des spectacles qui se rapprochent symboliquement de ceux du bled.
Dans le but de garder cette tradition magnifique tout en s’efforçant pour inculquer aux très jeunes enfants la culture ancestrale, l’action associative amazighe a oublié d’autres éléments qui font partie de la gloire amazighe. C’est important de savoir que la vie des amazighs n’est pas réduite à la danse et à la poésie, au pâturage et à la cuisine. La politique comme un art de la gestion des affaires a toujours existé en assurant la continuité d’une communauté très ancienne.
Selon d’autres récits encore oratoires, en absence des écrits historiques sur la période, cette tradition peut remonter à l’époque de la colonisation portugaise d’Agadir et régions lorsque ce wali sidi Mohamed Ajliy a inventé cette idée d’Idernan permettant aux gens de se voir et de coordonner la résistance loin des yeux du colonisateur.