Mondial
Le Japon insensible au vertige: après avoir battu l’Allemagne (2-1) puis l’Espagne sur le même score pour sortir d’un groupe extrêmement relevé, les Japonais s’attaquent lundi (16h00) à une nouvelle montagne en huitièmes de finale du Mondial-2022, la Croatie, finaliste de la précédente édition.
Avant d’arriver à Doha, les Samurai Blue avaient annoncé la couleur, disant vouloir atteindre les quarts de finale de la Coupe du monde au Qatar.
Un objectif élevé pour une sélection qui, en six précédentes participations, n’a jusqu’à présent jamais atteint le top 8 de la compétition planétaire (huitièmes de finale en 2002, 2010 et 2018) et qui se trouvait dans le groupe le plus difficile avec deux nations championnes du monde, l’Espagne (2010) et l’Allemagne (1954, 1974, 1990, 2014).
Pour parvenir à ses fins, le Japon a renversé l’Allemagne et l’Espagne. Mené 1-0, il est à chaque fois sorti vainqueur 2-1 au final. Et a décroché sa qualification malgré une controverse sur le second but inscrit jeudi soir face à la Roja et un ballon qui a flirté avec la limite du terrain, un but synonyme d’élimination à distance de la Mannschaft.
« Je dois être honnête, je ne m’y attendais pas, personne ne s’y attendait », a fait remarquer le milieu de terrain croate Lovro Majer. « Mais félicitations au Japon. Le plus important dans le football aujourd’hui, c’est le courage et le coeur et, dans ce sens, ils l’ont mérité. »
Le sélectionneur du Japon, Hajime Moriyasu, dispose de joueurs qui évoluent dans les plus grands championnats européens, essentiellement en Allemagne (sept en Bundesliga plus un, Ao Tanaka, qui joue en deuxième division au Fortuna Düsseldorf et a marqué le but renvoyant les joueurs de Hansi Flick à la maison).
Et si une équipe de ce Mondial a particulièrement bénéficié du passage à cinq remplacements (contre trois par le passé), c’est bien le Japon puisque 75% de ses buts (trois sur quatre) sont venus du banc.
Le jeu, souligne le milieu de terrain Ritsu Doan, « c’est onze contre onze, mais entre nous, on dit que l’on est vingt-six contre onze ».
Doan illustre parfaitement la force des remplaçants nippons. Joueur de Fribourg dans le championnat allemand, il est entré en jeu à la 71e minute contre l’Allemagne et a égalisé pour son équipe seulement quatre minutes plus tard.
« Les règles ont changé pour autoriser cinq changements, et je pense que l’on peut être heureux de cela. On a des joueurs qui peuvent changer le cours du match », ajoute Doan. « J’ai déjà marqué de nombreux buts en étant remplaçant. Au PSV Eindhoven, j’ai joué plus souvent comme remplaçant, et je sais comment me préparer. »
Dans un pays où le baseball est le sport collectif le plus populaire devant le football, Moriyasu a demandé ses joueurs de s’inspirer de ce sport où tout le monde a un rôle à jouer.
Si elle est un tout petit peu moins réputée que l’Espagne ou l’Allemagne, la Croatie n’en sera pas moins un adversaire redoutable pour le Japon.
Elle est invaincue en trois rencontres, mais n’a toutefois pas réellement impressionné (deux matches nuls contre le Maroc et la Belgique 0-0 à chaque fois, et une victoire contre le Canada 4-1).
Il y a quatre ans et demi en Russie, les coéquipiers de Luka Modric avaient enchaîné trois victoires contre le Nigeria (2-0), l’Argentine (3-0) et l’Islande (2-1), pour se lancer vers la phase à élimination directe, ne tombant finalement que contre la France en finale.
« Si vous sous-estimez l’adversaire, vous allez au-devant d’une désillusion », se méfie Lovro Majer avant d’affronter le Japon, rappelant qu’il y a eu « beaucoup de surprises dans cette Coupe du monde » et que, « dans ce contexte, il est difficile de savoir ce que signifie être favori ».