Législatives iraniennes: Une très faible participation…

D’après un communiqué, en date de ce dimanche, émanant du ministère iranien de l’Intérieur, 42,57% des électeurs inscrits soit plus de 24,51 millions d’iraniens se seraient «rendus aux urnes», vendredi, pour participer aux élections législatives qui se sont déroulées dans le pays à l’effet d’élire 290 nouveaux députés. Parmi les votants, il y avait 48% de femmes et 52% d’hommes.

Même si la participation a enregistré son niveau le plus bas depuis la révolution islamique de 1979, il n’en reste pas moins, qu’aux dires du ministre iranien de l’Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, celle-ci resterait «tout à fait acceptable» eu égard à la situation politique du pays au cours de ces derniers mois. Le ministre iranien a fait allusion, par-là, aussi bien à l’avion de ligne ukrainien qui avait été abattu début janvier par l’armée iranienne, qu’aux manifestations que ce drame a provoquées peu de temps après la vague de contestation qu’avait connu le pays du fait de la hausse du prix de l’essence et, enfin, à l’épidémie de coronavirus qui, à la veille de cette élection, aurait contaminé 43 personnes dont 8 seraient mortes; ce qui constitue le nombre le plus élevé des décès enregistrés dans un pays hors Extrême-Orient.

Les résultats publiés, dimanche après-midi, par le ministère iranien de l’intérieur et concernant 95% des circonscriptions, attribuent aux conservateurs plus de 80% des sièges alors que les candidats «réformistes» ou «individuels» (sans étiquette politique) se partageraient les 20% restants. Cette victoire sans appel de ceux qui se font appeler «principalistes», éminemment « anti-américains», dénonçant la politique d’ouverture du président Rohani symbolisée par l’accord international sur le nucléaire iranien signé à Vienne en Juillet 2015 et regroupant toutes les tendances du camp conservateur – des modérés aux plus ultras – est une «nouvelle gifle à Trump  pouvait-on lire, ce dimanche matin, à la une du quotidien ultraconservateur «Keyhan» selon lequel «le peuple a disqualifié les réformateurs». Pour rappel, la décision de Donald Trump de dénoncer l’accord de Vienne et de réimposer des sanctions à l’Iran a eu pour conséquence la violente récession qui frappe le pays et dont il a peine à sortir.

De son côté, le Guide Suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei, a loué, sur son site internet, «la participation massive de la population» en dépit de l’intense campagne de «découragement» menée par la presse étrangère.

Or, si pour Emad Bahavar, un militant réformateur, «dans des élections où les réformateurs progressistes n’ont pas pu présenter de candidats en raison de disqualifications sans précédent, une telle participation semble normale», Mme Arghavan Aram, à la tête d’une ONG défendant les personnes transgenres, considère, quant à elle, qu’une «élection avec une seule tendance politique n’est pas une élection mais une sélection» alors que pour l’ancien chef de la télévision d’Etat, Ezzatollah Zarghami, il faudrait s’attaquer «aux causes profondes du faible taux de participation».

Enfin, si, selon les premiers chiffres non officiels publiés par l’agence «Fars», la coalition conservatrice aurait remporté 191 des 290 sièges que comporte ce nouveau Parlement, ce résultat est un véritable coup dur pour le président modéré Hassan Rohani qui, jusqu’à la fin de son mandat en 2021, verra sa marge de manœuvre limitée. De quoi donc demain sera-t-il fait dans cette République islamique iranienne qui occupe une place de premier choix dans le viseur d’une administration américaine toujours prête à dégainer ? Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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