«Flammes artistiques de Mogador»
Demeurant fidèle à son identité historique composée en matière de culture, d’art et d’échange, Essaouira Mogador, avec sa population diversifiée, ses milieux de Zaouïas, ses maitres artisans et ses résidents originaires de différentes cultures, conserve soigneusement ses acquis et développe ses capacités de création. Dès les années soixante, soixante-dix et quatre-vingt, brisant son silence de modestie, Mogador avait rappelé et réaffirmé le magique héritage de cette identité par l’apparition d’une floraison d’artistes peintres et sculpteurs Souiris, toutes tendances et styles confondus, dont les œuvres ont voyagé partout dans le monde.
C’est pour un tel rappel que l’Association Essaouira Mogador organise une singulière exposition à Dar Souiri en cette fin d’année, rendant hommage à ses créateurs qui personnifient les «flammes artistiques de Mogador». Cette exposition accueille du 25 décembre 2015 au 10 janvier 2016 les œuvres des artistes peintres symboles d’Essaouira, dont les traces de défunts et de ceux qui continuent à œuvrer parmi nous, ont fait marquer l’image de la cité de Mogador en tant que vaste atelier d’art.
Seront alors revisités lors de cet évènement singulier à Dar Souiri, les travaux de certains symboles d’entre eux tels que : Boujemaa Lakhdar, Saidya Bairou, Regraguia Benhila, Abderrahman Ziani, Fatima Talbi, Mohamed Tabal, Abdelkader Bentajer, Mohamed Sanoussi, Ali, Ruggero Giangiacomi, Mohamed Jraidi, Noureddine Hajjaj, Abderrahim Harabida, Abdallah Rbia, Mostapha Boumezzough et Rachid khaldoun. Et c’est avec la collaboration de la Galerie la Kasbah et la Galerie Othello, ainsi que la participation d’autres collectionneurs, que cette manifestation artistique a lieu pour le ferme témoignage de cette réalité.
A chacun son style. Ces artistes, archéologues des couleurs, des formes et des symboles, ont réellement incrusté dans leurs toiles, l’ambiance de la cité d’Essaouira, interprétant ses parfums et ses sons marins, tout en étant eux-mêmes inspirés par son héritage culturel et spirituel, son univers architectural et les traces des grands Maitres dans divers domaines de création picturale, musicale ou poétique. De là, ils font distinguer l’empreinte et l’authentique mouvement d’art de cette ville au niveau national et international.
Ainsi, tout en les voyant vivre le quotidien souiri, immunisés contre toute tendance de reproduction, loin de toute prétention intellectualiste, fidèles à la recherche, à la relecture et à la profonde interprétation de l’univers à travers l’espace-médina où ils avaient ouvert les yeux et l’esprit, Alhal, l’état d’âme cosmique de ces créatifs nous invite à transcender les temps, pour voir à travers leur musique silencieuse d’autres formes d’existences invisibles -que le cœur voit-, tout en ressentant et savourant une subtile baignade au fond de l’originale histoire culturelle de la cité Mogador.
Ahmed Harrouz